La Route du Rock

Après avoir récupéré une partie de ses capacités auditives depuis la veille, la Route du Rock nous propose de changer complètement d’ambiance en ce dimanche après-midi.

La foule s’amasse à l’entrée de la Chapelle Saint-Sauveur en plein cœur de Saint-Malo intra muros. Dans l’ambiance vieilles pierres et lustres en cristal, on arrive à se faufiler et à trouver une place pour le début du concert de Nils Frahm. L’allemand débarque un peu débraillé dans l’enceinte de la chapelle et explique qu’il jouait en Belgique la veille, qu’il n’avait pas réalisé qu’il jouait l’après-midi suivant à Saint-Malo et qu’il a du faire la route en partant tôt le matin après avoir bu quelques bières... On sourit dans l’assemblée en se demandant d'où vient cet énergumène.
On cesse lorsqu’il s’installe au piano et en laisse échapper des notes qu’on ne pensait pouvoir être l'œuvre d’une seule personne. Le concert est entièrement instrumental et ce génie virtuose du clavier ne cesse de faire glisser ses doigts avec une rapidité déconcertante. Les ambiances qu’il crée sont particulières et indéfinissables tant les couches se superposent. Certains s’endorment, d’autres imaginent qu’il y a une autre personne cachée derrière lui, mais Nils Frahm, plein d’humilité, exécute son art comme on l’a rarement vu. Quelques chansons seront également jouées au synthé, le public de la Chapelle en reste en tout cas impressionné.

 

 

Deuxième concert de cette fin d’après-midi ensoleillée avec les canadiens de Timber Timbre. Taylor Kirk s’installe au centre de la scène avec sa guitare électrique, accompagné d’une charmante violoniste et d’un joueur de guitare steel. La voix grave tranche avec le son du violon aiguë et lancinant. Le tout correspond parfaitement à l’ambiance : une fois encore la Route du Rock a trouvé le lieu parfait pour ce groupe particulier.
Entre un folk sombre et un blues abrasif, le violon redonne un espoir qui semble effacé dans une voix ténébreuse. La guitare électrique peut parfois fortement sonner et s’énerver comme si un lustre allait subitement lâcher sous son poids. Les morceaux se font sinueux et longs, Kirk les faisant lentement évoluer pour en laisser s’évaporer tout le poids de l’ambiance qu’il souhaite créer. Le violon se fait souvent criard et plaintif comme si l’angoisse qu’il dégage était primordiale dans chaque chanson. Mika Posen n’hésitera pas à enchainer quelques notes de claviers puis de violon à certains moments. Assister à un concert de Timber Timbre dans de telles conditions est un ravissement du genre que ces après-midi malouins de Route du Rock savent si bien nous en offrir.

 

 

Cette 6ème Collection Hiver fût encore une fois une réussite avec de nombreuses très bonnes prestations. On retiendra surtout Sunns qui aura retourné le cerveau du public, ainsi que Tu Fawning, Wye Oak, Timber Timbre ou Benni Hemm Hemm. La multiplication des lieux pendant ces cinq jours nous promet encore de belles surprises dans l’évolution d’un festival en perpétuelle mutation. On en redemande !