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Festival des Artefacts

Strasbourg, du 11 au 22 avril 2012

Live-report rédigé par François Freundlich le 26 avril 2012

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Faisant suite aux soirées très réussies de la Laiterie, le Festival des Artefacts s’installe au Zenith Europe de Strasbourg pendant tout le week-end. Si le public du concert de Killing Joke était plutôt d’âge mur, cette première soirée dans l’enceinte orange géante a plutôt les relents de Biactol d’un public adolescent. Plusieurs artistes à la mode dans cette tranche d’âge vont en effet se succéder au milieu de groupes français et de pointures de l’électro.

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Nous voici à l’heure du goûter et ce jeune public, qui ne s’éternisera pas trop tard, s’amasse pour accueillir les floridiens de We The Kings. Ce groupe teenage émo/punk à roulettes réunit tout les clichés du genre avec ses accords simples entrecoupés de pauses suivies de jumps, pour des chansons n’offrant pas une grande variété. On singe un peu Green Day et autres références du genre avec un chanteur à la voix éraillée et à la chevelure soyeuse. Il lancera d’ailleurs plusieurs fois une annonce pour trouver une fille avec qui coucher dans la soirée, tout en constatant que les seules qui nous entourent ont entre 15 et 17 ans. Il sait en tout cas parler à son public en lui expliquant ce qu’il doit faire sur chaque morceau. We The Kings jouent de manière assez carrée et ne se permettent aucun débordement. Une reprise de The Middle de Jimmy Eat World conclura leur set, peut-être pour apporter le tube qui leur manque cruellement.

Après une courte balance, les Stuck In The Sound enchaînent avec un set beaucoup plus calme qu’à l’accoutumée. Les parisiens qui avaient enflammé les Transmusicales de Rennes à 3h du matin la jouent plus calme à 17h devant un parterre qui découvre le groupe. Là ou nous les connaissions déchainés, jouant clairement la carte heavy shoegaze, Stuck In The Sound sont, pour les Artefacts, concentrés sur la mélodie avec une part acoustique beaucoup plus importante. L’homme à la capuche José Reis Fontao adoucit sa voix que l’on espérait plus criarde. On redécouvre les morceaux sous un autre aspect qui leur convient tout aussi bien. Malgré tout, ils ne pouvaient pas nous quitter sans s’agiter un peu et c’est l’entêtante Shoot Shoot qui est chargée de faire s’envoler la fosse. Cette dernière ne réagit pas et attend patiemment les têtes d’affiche qui viendront plus tard. A ce moment là, on a vraiment hâte que le public se renouvelle enfin pour en avoir un vrai. Le groupe sent clairement que l’audience est endormie et glisse à raison qu’il restera en mode berceuse. Transmusicales Vs Artefacts : Stuck In The Sound auront vu le jour et la nuit au sens propre comme au figuré.

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Un autre groupe français est chargé de lancer la soirée, les très 2009 Pony Pony Run Run. Malgré le fait que le public réclame leur unique tube entre chaque chanson, les nantais font tout pour le faire danser. Il semble en effet que la formation au double poney se soit dirigée vers l’électro dance, laissant de coté les sages mélodies pop de ses débuts. Les musiciens font durer le plaisir en ne cédant pas aux demandes répétées des festivaliers et en proposant leurs nouveaux morceaux, plus remuant les uns que les autres. La surprise est plutôt agréable puisque l’on se laisse entrainer par les claviers vintages. Le concert aurait même pu gagner en intensité s'il avait été programmé plus tard dans la soirée. Le groupe n’est néanmoins pas passé au DJing puisque sa configuration reste classique. Point de gros beats, mais une dance pop qui parvient à nous faire passer un bon moment sans trop nous bousculer. Sur la fin, Hey You, dans une version remixée, est finalement jouée et le public peut enfin s’en donner à cœur joie sur le karaoké.

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On sent la tension monter d’un cran puisque les places deviennent chères à l’avant de la fosse, les jeunes gens étant bien excités par l’attente des Simple Plan. C’est donc reparti pour l’émo punk dont on aura pris la dose de plusieurs années en une soirée. Pour essayer de rester positif, on peut dire que les québécois sont très sympathiques et drôles (normal, pour des québécois). Ils discutent avec un public plus que réceptif, avec leur accent chantant teinté de répliques comme « r’garde ct’une capote volante !». Évoluant à l’avant d’un mur d’amplis blancs, le quintet est canadien entre les morceaux et californien pendant. Dès l’introduction sur Shut Up, le chanteur Pierre Bouvier parcourt la scène de droite à gauche en sautant sur tout ce qu’il peut. Malgré tout, ce style musical est vraiment allé au bout de ce qu’il a à offrir et nos cousins sombrent dans le cliché sur chaque morceau. Les ballades plus acoustiques comme Astronaut sont au rendez-vous et le public y est invité à agiter son téléphone en l’air. Elles prouvent que toutes les chansons ne sont pas identiques.
Le public laisse aller son plaisir sur le tube Welcome To My Life, faisant partie du lot des chansons dont on ne sait jamais si elles sont jouées par Good Charlotte ou My Chemical Romance. Il s’agissait donc bien de Simple Plan pour une version plutôt morne d’un de leurs morceaux, au final, le plus faible. C’est lors du rappel, alors que l’on n’attendait plus rien, que la surprise vient avec le titre Perfect. Il s’agit ici de leur équivalent du Good Ridance (Time Of Your Life) de Green Day, un morceau calme et inspiré qui sauve un concert bien ennuyeux. Certains yeux ont été émerveillés de voir un de leurs groupes préférés, comme on peut l’être soi-même à d’autres occasions.

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Simple Plan ont eu le mérite d’enflammer complètement une soirée prête pour son virage électronique. Les Birdy Nam Nam sont de retour aux Artefacts pour la French Touch de la soirée. Les 4 DJs ont cette fois, laissé quelque peu de coté leurs anciens morceaux aux influences rétro pour un set calibré hip-hop, du moins dans la rythmique. Le synthé y prend une place plus importante qu’auparavant, penchant clairement du coté du mainstream. On y voit peut-être l’influence de Justice, qu’ils avaient rencontré dans cette même salle en 2008. Les deux justiciers avaient par la suite produit la robotique The Parachute Ending, titre faisant forte impression ce soir avec son gimmick acéré et son synthé du troisième type. Après des débuts tonitruant tout en infrabasse, le quatuor connait un coup de mou pour un milieu de set qui donnerait presque envie d’aller s’asseoir. Heureusement le rappel est l’occasion de réentendre quelques pépites comme Abbesses, toujours présente pour diriger la cadence de nos têtes. Le public quand à lui, est en phase de chauffe : preuve en est que Birdy Nam Nam ne l’ont pas encore complètement rassasié.

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Skrillex, tête d’affiche de la soirée, est sur le point de s’installer sur son promontoire au milieu de la scène géante du plus grand Zénith de France. Auréolé de ses trois Grammy Awards, le californien passé de l’émo au dubstep est venu avec du matériel. Après un compte à rebours interminable, le DJ composé intégralement de lunettes et de cheveux, envoie un son lourd et puissant. Le lightshow est étourdissant et les lasers envahissent la salle pour nous en mettre plein la vue. On pourrait être impressionné si l'on n’avait pas déjà vu celui de Aphex Twin, qui reste inégalé.
Au milieu de la fosse c’est l’émeute et il est difficile de tenir parmi des fans hystériques. A la moitié du set, on décide donc d’aller admirer le rendu depuis les gradins. L’écran géant diffuse des vidéos parfois cheap à une vitesse folle, à rendre épileptique le plus téméraire des « teufeurs ». A l’avant d’animations 3D mal finies et de figures géométriques en feu, ses mixes ont parfois un rendu ultra-commercial et ne dénoteraient pas dans une compilation techno tuning. D’autres titres sont néanmoins plus originaux, apportant un son novateur sur les passages les plus dubstep. Des cheminées de fumées explosent à l’avant scène tandis que le stroboscope lumineux ne cesse que rarement son oeuvre. Du reggae au R'n'B en passant par le Nyan Cat, Skrillex enchaine en criant dans son micro pour haranguer une foule en plein effort. Sa grosse machine bien huilée a frappé Strasbourg, tout cela reste spectaculaire même si son show est trop millimétré pour être honnête.

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Après en avoir pris plein les oreilles, ces dernières sont en surplus de basses cinglantes. Beaucoup n’ont pas résisté en laissant le Zénith se vider sans attendre les Foreign Beggars. Les londoniens reviennent dans la capitale alsacienne après un concert dans une salle surchauffée du Molodoï. Les Foreign Beggars passent avec succès au niveau supérieur, tant leur son impose une puissance pouvant recouvrir n’importe quelle salle. DJ Nonames déploie des mixes teintés de 2-Step aux tempos rapides, faisant trembler les organes internes à 140 beats par minute. Les 2 MCs rappent à une vitesse vertigineuse à l’avant de la scène tout en incitant la foule à s’agiter, ce qu’elle s’empresse de faire. L’électro rap des anglais évolue dans une autre dimension, on a peine à croire que Simple Plan ou We The Kings étaient sur cette scène il y’a quelques heures. Les anglais sont les seuls avec une véritable attitude rock dans cette soirée. Ils combinent une musique sombre et futuriste à un flow démentiel, transformant le Zénith en un garage des bas fonds londoniens. Demandant au public s'il préfère des morceaux hip-hop, ou grime, et voyant qu’ils n’obtiennent pas l’adhésion souhaitée, les voilà qui passent au dubstep. C’est l’euphorie lorsqu’ils sont rejoints sur scène par Skrillex pour un déchainement suraiguë sur les titres pour lesquels ils ont collaboré. Un Wall of Death est organisé en fin de set, prolongé par un morceau de leur nouvel album. De quoi décrasser les oreilles en profondeur après le surplus de mièvrerie de cette journée.

Cette soirée hétéroclite passée du coq à l’âne se termine sur un défouloir rock après bien des groupes n’ayant réussi qu’à nous captiver que brièvement. On retiendra la bonne performance des Stuck In The Sound, le fun de Simple Plan, ou le bulldozer Skrillex, même si le meilleur était pour la fin avec Foreign Beggars.
artistes
    Skrillex
    Simple Plan
    Foreign Beggars
    Birdy Nam Nam
    Pony Pony Run Run
    Stuck In The Sound
    We The Kings