Après une première journée passée sur un terrain souvent boueux suite aux fortes précipitations ayant précédé vingt-quatre heures durant l'ouverture des portes du festival, un soleil radieux et une température estivale accueillent aujourd'hui les festivaliers.

Alors que nombreux sont ceux à rechercher les zones d'ombre sous les arbres, c'est sous un soleil de plomb que
The Maccabees, très attendus aujourd'hui par le public alors que leur quatrième album
Marks To Prove It a atteint la tête des charts outre-Manche au début du mois, ouvrent les hostilités sur la Grande Scène. Toujours aussi volontaires et prompts à échanger avec leurs fans, les cinq anglais accompagnés par une sixième musicienne aux claviers vont faire l'étal quarante-cinq minutes durant de leur savoir-faire, aidés dans cette tâche par une imposante sélection de singles extraits de tous leurs albums.
Alors que la foule continue de s'amasser face à eux, la réaction découlant des interprétations toujours justes, tant instrumentalement que vocalement par un Orlando Weeks impeccable, semble plus marquée au fil des minutes. Une seconde moitié de concert irrésistible, de
Precious Time à
Pelican en passant par le détonnant
Marks To Prove It lancé par un hurlement de Felix White, ou même
Spit It Out et son piano omniprésent feront de la venue des Maccabees l'un des temps forts du week-end. Rendez-vous est pris avec la formation le 29 janvier sur la scène de la Cigale à Paris.

L'heure est désormais venue de s'installer confortablement sur la Scène de la Cascade en compagnie des belges de
Balthazar. Sous une température étouffante, parfois éblouis par un soleil les frappant de plein fouet, les cinq musiciens ne baissent pas les bras et jouent sur leurs qualités pour bercer un public un peu éteint. On pense évidemment à Arcade Fire pour l'usage parfois simultanés des cinq voix, ou la diversité de leurs chansons ensorceleuses, et leur pop inventive ne manque pas de trouver une oreille attentive. Si la mise en scène est ici très secondaire, la bonne humeur que la petite troupe dégage fait indéniablement grimper leur capitale sympathie, qui plus est lorsque le très apprécié et fédérateur
Blood Like Wine fait lever les verres dans la foule comme la tradition le veut. Un agréable moment pour toutes les parties, bande son d'un moment d'apaisement.

Sur la Grande Scène, quelques minutes plus tard, l'ambiance n'est guère différente. Installé au centre de la scène, lunettes de soleil occultant son visage et tantôt assis tantôt debout, Ben Howard délivre une petite heure durant de longs titres folk souvent prolongés par des instrumentaux plus expérimentaux pour lesquels la présence de nombreux musiciens s'est avérée nécessaire. Si son set manque de dynamiste et de variations, et que les capacités techniques de l'anglais impressionnent, un certain ennui se fait ressentir ponctuellement, les très nombreux festivaliers assis dans les zones ombragées semblent apprécier l'ambiance posée se dégageant d'une prestation centrée essentiellement sur son second album,
I Forget Where We Were. On n'attendait rien de la venue de Ben Howard, mais celui-ci aura su nous surprendre avec un set sans prétentions, posé et parfaitement maitrisé. Rien de mémorable, certes, mais de quoi patienter en attendant les échéances plus attendues du jour.

Faire face à une scène dont le thème visuel semble être un croisement entre les planètes du système solaire et les fruits, qui plus est teinté de couleurs toutes plus fluorescentes et éclatantes les unes que les autres, n'est jamais bon signe. La frontière entre excentricité et mauvais goût est fine, et
Marina And The Diamonds semble l'avoir franchie avant même sa montée sur scène, ce que sa tenue du jour, moulante et zébrée, agrémentée par des lunettes de soleil démesurées et un serre-tête à l'effigie de son récent album
Froot vient confirmer quelques minutes plus tard.
Excessivement attendue à en voir et entendre les réactions d'une foule bruyante massée devant la scène, Marina Diamandis va délivrer un show dont elle a le secret, et dont certains se seraient bien passés. Chaleureuse envers des fans le lui rendant bien, la chanteuse se veut décomplexée dans ses danses et excessive dans un chant maniéré et bien souvent irritant. Ajoutons au tableau quatre musiciens délivrant une bouillie électro-pop souvent brouillonne mais toujours prompte à faire danser les festivaliers à la recherche d'un peu de défoulement, et voilà le moment venu de fuir cette cacophonie pour retrouver la Grande Scène.

Avec plus de deux décennies d'activité et pas moins de neuf albums studio au compteur, les
Stereophonics ont longtemps été, et restent encore aujourd'hui, une valeur sûre de la scène britannique. Si le line-up du groupe a évolué, Kelly Jones et son allure juvénile restent une constante chez la formation galloise, tandis que Richard Jones occupe quant à lui toujours le poste de bassiste. A l'aube de la sortie de
Keep The Village Alive, le concert du soir va réunir une sélection de classiques reconnus avec un enthousiaste certain par l'audience (
Mr Writer, Have A Nice Day, Maybe Tomorrow), mais aussi quelques nouveautés accueillies avec méfiance, exception faite du récent single
C'est La Vie dont certaines radios françaises se sont emparées depuis quelques semaines. Avec une voix toujours reconnaissable entre mille et une prestation parfaitement rodée, les Stereophonics vont ce soir assurer leur rôle avec un professionnalisme certain, mais aussi manquer de pleinement convaincre un public de Rock en Seine qui ne semblait aujourd'hui pas tout à fait le leur. Peut-être la faute à une setlist au sein de laquelle on aurait aimé retrouver une plus grande proportion de titres de leurs débuts.

Après un nouveau périple afin de rejoindre la scène Pression Live, la popularité grandissante de
Glass Animals ces derniers mois se confirme immédiatement à la vue d'un public venu très nombreux pour suivre le concert du quatuor. Quelques quarante minutes vont être nécessaires et suffisantes pour que le groupe renforce encore un peu plus son aura : il ne faut pourtant pas plus de quelques secondes de
Black Mambo en ouverture du set pour comprendre que Dave Bayley est bel et bien la tête à penser et le maître de cérémonie au sein du groupe. De par sa voix envoûtante et ses ondulations incessantes, ce dernier captive les regards et impose le rythme à ses camarades. Sans jamais chercher à trop en faire, le groupe déroule les titres de son répertoire avec application, retranscrivant à la perfection la diversité des ambiances découvertes sur leur premier album
ZABA. Sans surprise,
Gooey, Pools ou leur traditionnelle reprise du
Love Lockdown de Kanye West feront mouche ce soir, l'atmosphère sensuelle se dégageant de leurs interprétations emportant avec elle un public conquis.

La dernière prestation d'
Interpol au festival Rock en Seine en 2011 n'avait guère marqué les esprits. Pour leur retour dans le parc de Saint-Cloud, c'est une nouvelle fois sur la Grande Scène que les américains vont se produire, à un horaire plus avancé toutefois. Si leur popularité en France n'a jamais été démentie, ce sont bien les titres extraits de leurs deux premiers disques,
Turn On The Bright Lights et
Antics, que le public veut entendre ce soir, une évidence à la vue des réactions lorsque certaines compositions tirées de ces derniers seront jouées fidèlement, et sans doute trop sagement, par le quatuor.
Si le triptyque final constitué de
Slow Hands,
PDA et
Obstacle 1 marquera au final les esprits, on retiendra de la prestation du jour une classe toujours évidente, la capacité à créer des ambiances prenantes renforcées à grands coups de jeux de lumières, mais aussi un manque de folie dans les interprétations et une voix pas toujours à la hauteur. Avec une telle expérience de la scène et un catalogue désormais bien fourni, les américains auront semblé ce soir se reposer parfois un peu trop sur leurs lauriers alors que l'on attendait d'eux un retour plus conquérant.

Après une nouvelle traversée du festival, une foule impressionnante est amassée depuis plusieurs minutes déjà au pied de la scène Pression Live pour assister au concert de la révélation pop de l'année outre-Manche, à savoir
Years & Years. Le groupe timide et réservé découvert sur la scène de la Boule Noire à Paris il y a désormais près de deux ans a désormais laissé la place à une machine taillée pour les ondes FM : avec une installation scénique démesurée et le renfort d'un batteur et deux choristes, le trio semble avoir trouvé la recette pour conquérir les cœurs des nombreuses jeunes filles en fleur ayant envahi les premiers rangs. Intenable au centre la scène, le sex symbol Olly Alexander danse et se trémousse plus qu'il ne chante alors que ses deux camarades Mikey Goldsworthy et Emre Turkmen, placés de part et d'autre de la scène, passent pour de simples figurants.
A l'image de leur récent premier album, le concert du soir va ainsi reposer exclusivement ou presque sur une poignée de singles alors que la majorité des titres proposés n'auront qu'un intérêt très mineur. Comme supposé,
Desire ou
Shine seront les premiers à faire hurler la foule, avant une longue traversée du désert menant au final durant lequel seront concentrés trois de leurs titres les plus populaires :
Border et
Real tout d'abord, puis le tube que tous auront attendu plus ou moins patiemment pendant près de trois quarts d'heure :
King. Souvent insipide et dénué d'intérêt, sauvé par quelques singles diffusés plus que de raison par les radios, le concert de Years & Years m’encombrera assurément pas longtemps la mémoire collective.

Après une journée copieusement chargée, l'heure est venue pour
The Libertines de poursuivre leur reconquête sur la Grande Scène. Les frasques de Peter Doherty appartenant désormais (temporairement ?) au passé, l'impression de voir la majeure partie de la foule attendre un faux-pas qui ne viendra jamais ne rendra pas la performance du quatuor, désormais assagi, très excitante. Comme pressenti, l'intérêt de ce cru 2015 de Rock en Seine ne réside pas nécessairement en ses têtes d'affiche, ce que ce samedi nous aura confirmé.