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This Is Not A Love Song

Nîmes, du 3 au 5 juin 2016

Live-report rédigé par Pierre-Arnaud Jonard le 11 juin 2016

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vendredi 3
Le festival This Is Not A Love Song n'a que quelques années au compteur mais s'est imposé très vite comme l'un des tout meilleurs en France. Tout y est parfait : la programmation, la beauté du lieu, les salles de concerts, le son (de très grande qualité et bien meilleur que celui que l'on entend dans certaines salles parisiennes), la décoration, la gentillesse des équipes, l'ambiance festive et conviviale, le public sympa et passionné. Le seul petit reproche que l'on pourrait faire à ce festival serait que sa programmation est tellement alléchante que l'on se trouve face à des choix cornéliens en permanence, sûr de rater un excellent groupe car un autre passe en même temps.

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En ce vendredi 3 juin, la première bonne surprise est le temps. Alors qu'il a fait un temps aussi pourri dans le sud de la France qu'à Paris, le soleil décide enfin de montrer le bout de son nez. The Mystery Lights donne sur la nouvelle scène du festival, la Mosquito, un set fabuleux. Ce groupe originaire de Californie s'est installé depuis peu à New-York et entame ces jours-ci une tournée européenne qui les verra passer par l'Angleterre, les Pays-Bas et la France. Mené par un chanteur-guitariste charismatique, Mike Brandon, le groupe verse dans le psychédélisme-garage du meilleur aloi. Leur musique est excellente et leur prestation scénique dévastatrice. Le second guitariste du groupe offre des solos ravageurs avec sa Hutchins, magnifique guitare sur laquelle jouait Brian Jones et que l'on peut considérer comme la meilleure guitare rock de tous les temps avec la Rickenbacker. Le groupe n'a pas encore sorti d'album mais vient de signer sur le prestigieux label Daptone. Les Mystery Lights risquent de devenir rapidement cultes s'ils continuent de livrer des shows de ce niveau. Premier groupe vu et premier coup de cœur.

L'ambiance redescend d'un cran avec le concert de Explosions In The Sky sur la grande scène en plein air. Ce groupe œuvre lui aussi dans le psychédélisme mais autant celui de Mystery Lights est jouissif autant le leur est ennuyeux. Les morceaux se ressemblent tous et on a l'impression d'entendre du sous Pink Floyd sous Rohypnol. Je sais qu'il y a des fans de ce groupe, qui trouvent que la musique de Explosions In The Sky est novatrice, planante et intéressante. Je trouve quant à moi que ce groupe donne dans la facilité et que leur psychédélisme lymphatique n'a guère d'intérêt.

Heureusement, le concert de YAK est programmé juste après le leur. Ce groupe joue déjà d'ordinaire avec un son énorme mais les voir dans la grande salle Paloma, où le son frise la perfection, est un must. Certains trouvent que YAK ont un peu perdu de l'énergie sauvage de leurs débuts. Certes, le groupe a évolué ces derniers mois. La folie furieuse des concerts de novembre dernier est un peu moindre. Cela ne veut cependant pas dire que YAK est moins intéressant. Pour moi, il l'est même encore davantage. Désormais, le trio accentue son côté blues sauvage, laissant un peu de côté son aspect post-punk. Surtout, le groupe s'ouvre à de nouveaux horizons, en atteste un bout de reprise du 20th Century Man de King Crimson. On n'aurait guère imaginé YAK allant un jour vers le prog-rock mais en fait cela leur va à merveille. Le groupe entame de la meilleure des manières leur set avec Harbour The Feeling, morceau gorgé de fuzz incandescente. Derrière, les désormais classiques Alas Salvation ou Smile sont toujours aussi impressionnants. Depuis la sortie récente de son premier album, le groupe offre des sets plus longs. Les concerts de YAK ne dépassaient jamais les quarante minutes. Ce soir, leur set s'étire sur une bonne heure. Ils terminent leur set par l'un de leurs tout premiers morceaux, Plastic People, qu'ils ne jouent que très rarement sur scène. Du psychédélisme déjanté qui conclue de la meilleure des manières un set en tous points convaincants.

Je n'arrive malheureusement que pour les derniers titres de Declan McKenna, programmé à la même heure que YAK. Le jeune prodige anglais joue au club, une salle un peu plus petite que la grande salle. McKenna n'a que dix-sept ans et le groupe qui l'accompagne ne semble guère plus âgé. La bassiste et la guitariste doivent encore être en high-school. L'ambiance est joyeuse et festive dans la salle et McKenna délivre en fin de set son meilleur morceau à ce jour : Brazil, parfaite pop-song mélodieuse et enchanteresse. Il conclue son concert par un morceau dansant et festif qui le voit se jeter dans le public. Declan McKenna est un garçon incroyable, car si dans la vie il se montre plutôt timide, sur scène, du haut de ses dix-sept ans, il possède déjà un certain charisme, se montrant particulièrement à l'aise sur les planches. McKenna est un petit surdoué capable à son âge d'écrire de vraies classiques. Il a la classe et l'élégance d'un jeune Bob Dylan et sera très certainement un futur grand.

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Foals est l'une des têtes d'affiches du festival. Sur la grande scène, leur light show impressionne mais il n'y a guère que cela qui impressionne. Je considère Foals comme le groupe le plus surestimé de la pop musique actuelle. La presse spécialisée les adore. Ici même, ils ont été classés troisième dans les albums de l'année 2015. Le groupe possède certes quelques jolies pop songs mais l'ensemble fait vraiment trop boursouflé. Il n'est pas étonnant de les voir en tête d'affiche d'un festival avec ce son calibré pour les stades. En effet, l'ensemble fait furieusement penser à Muse avec ce côté grandiloquent qui, personnellement, me fatigue très vite. Eux aussi semblent avoir été envahis par l'influence prog-rock mais pour Foals ce n'est pas celle des excellents King Crimson qui prévaut mais plutôt celle des albums les plus pénibles de Genesis. Leur côté pop passe beaucoup mieux avec des morceaux comme My Number. Ce sont les titres du dernier album qui convainquent le moins, comme Snake Oil ou What Went Down, avec ce son bien trop calibré pour les stades. Heureusement, le groupe ne renie pas ses premiers albums qui étaient autrement plus intéressants, concluant leur set par Two Steps, Twice.

Ainsi se termine une agréable première journée qui aura vu les outsiders (The Mystery Lights, Yak, Declan McKenna) l'emporter sur les mastodontes (Explosions In The Sky, Foals).
artistes
    Daddy Long Legs
    Dilly Dally
    Ty Segall & the Muggers
    Car Seat Headrest
    Destroyer
    The Mystery Lights
    Kamasi Washington
    Explosions In The sky
    YAK
    Chocolat
    Declan Mckenna
    oals
    Protomartyr
    Protomartyr
    Battles