On démarre cette seconde journée sur les chapeaux de roues avec
Cage The Elephant dès 16 heures.

Le public étant encore réduit à cette heure, nous parvenons à nous faufiler près des barrières pour être au plus près du groupe. Celui-ci ouvre les hostilités avec
Cry Baby, premier titre de leur dernier album
Tell Me I'm Pretty, sorti en 2015. Si lors de l'écoute de leurs albums, leurs morceaux rock alternatif avaient l'air plutôt calmes, c'était sans compter l'énergie phénoménale de Matt Schulz. Le chanteur, véritable bête de scène, libère toute sa force à travers ses paroles et son corps qui se contorsionne. L'intensité est palpable et plus encore dans les quelques moments de répit quand il regarde avec intensité son public.
Trouble est l'un des seuls titres où la tension retombe. Cette chanson se fait sublime avec les dernières notes jouées à la guitare électro-acoustique.

On continue sur notre lancée rock avec
The Strypes, à l'autre bout du campus. Pas de doute sur leur origine britannique avec leurs looks : costard à carreau écossais ainsi que lunettes noires pour le chanteur, ils abordent un style à la fois classe et décalé. Leur musique un peu plus crade que leur apparence, mais pas forcément plus sage, rappellent les sonorités 70 tout en y mêlant leur jeunesse. C'est probablement lorsque le chanteur prend son harmonica que la patte blues se ressent le plus, donnant à ce groupe tout son caractère. Malgré leur jeune âge, ce ne sont pas pour autant de nouveaux nés sur la scène musicale puisqu'ils ont déjà trois albums à leur actif.
Comme un rite d'initiation, chaque année se déroule la color party. Les habitués racontent aux nouveaux comment se passe le fameux lancer de pigments de couleur. Contrairement à l'année dernière, aucun groupe ne jouera sur les autres scènes durant ce temps. Plutôt dommage, si on ne porte aucun intérêt à la color party. Peu importe, puisque nous y sommes. Le compte à rebours est lancé. Un nuage coloré flotte dans l'air avant de retomber lentement. Les cris, la joie, les sourires et bien sûr la musique, les corps qui dansent dans le brouillard... Ça pue la fécule de pomme de terre, chaque parcelle de notre corps est recouvert de bleu, puis de rose, mais fiers on montre nos peaux colorées à ceux qui se sont tenus en retrait.
On prend un temps de pause avec
Octave Noire sous le chapiteau du Cesar Circus. Rencontre avec le troisième type, nous changeons d'univers voire de galaxie avec ce drôle de magicien qui utilise un thérémine. Les paroles sont simples (« Cent millions d'années / Une seconde / Une éternité / Pour faire un monde ») mais parviennent à elles seules à résumer la longue naissance de l'existence. Il prend le temps de poser chacun de ses mots de sa voix grave, alors que les chœurs et les sonorités se font aériens. La lenteur règne en maître, ce qui pourrait lasser ceux qui ne le connaissent pas.
Ibrahim Maalouf est revenu pour cette nouvelle saison des Solidays. Nous avions déjà eu l'occasion de le voir l'année dernière et c'est avec plaisir que nous le retrouvons encore aujourd'hui. Sa musique jazz aux influences orientales et aux accents électroniques est particulièrement plaisante à entendre dans ce cadre. Son set similaire à celui de la saison précédente ne crée pas vraiment la surprise. Il est moins proche de son public qui ne l'avait été, moins dynamique, mais peu importe puisque son talent, lui, ne faiblit pas.
La belle surprise de cette soirée, c'est
Isaac Delusion sur la scène Domino, un quatuor originaire de la capitale. Malgré le style mêlant pop et électronique qui peut faire grincer des dents, il y a quelque chose de très délicat dans leur musique, sans jamais parvenir à nous lasser pour autant. La voix haute du chanteur surprend et se mêle parfaitement aux instruments dynamiques. C'est à regret qu'on quitte la scène Domino avant la fin du set pour ne rien louper du concert suivant.
Le collectif britannique
Archive commence son show à 22 heures. Une sorte d'aura mystique entoure ce groupe. La musique très progressive monte lentement avant de nous saisir. Les deux membres fondateurs, Darius Keeler et Danny Griffiths, encadrent les autres membres en se plaçant l'un face à l'autre, en contraste. L'un discret qu'on ne remarque pas, l'autre qui se fait chef d'orchestre, mimant de ses mains chaque variation, chaque pulsation. Pourtant, ce ne sont pas eux qui captent pleinement notre attention. Pollard Berrier, l'un des chanteurs, en impose, caché sous son poncho et son chapeau. Bien qu'ils n'entretiennent aucun contact avec leur public, ils captivent. Plongé dans une lumière bleu nuit sur le titre
You Make Me Feel, le duo splendide conjugue la légèreté des voix et la lourdeur des basses. Ils terminent sur l'inévitable
Fuck You.

Difficile de passer après un tel groupe, mais
Mai Lan s'en sort très bien. Nous avions déjà eu l'occasion de la rencontrer l'année dernière, entourée du groupe M83 pour lequel elle a collaboré à l'album
Junk. Cette fois, elle est venue nous présenter son univers solo hétéroclite et très surprenant. Dans ses morceaux de multiples influences se ressentent, du hip-hop, à un phrasé presque reggae, en passant par le pop, la new wave. Elle nous fait danser et apprécier ses mélodies sensuelles. Si le public n'avait pas perçu son second degré avec ses musiciens encapuchonnés dans leur combinaison rouge, elle ne manque pas de le relever avec deux de ses titres, dont Les huîtres. Lorsqu'on entend l'instrumental de
Gentiment Je t'Immole, on s'attend à une chanson romantique. Les paroles violentes créent la stupéfaction et le rire. Une petite sœur de Giedré ? Avec la sensualité et le groove en plus, ça, c'est sûr !

Minuit et la fête n'est toujours pas finie puisque nous nous dirigeons vers le dôme pour découvrir
Foreign Beggars, deux rappeurs anglais de grime. Ils sont accompagnés du DJ nonames. Ils créent la confusion sur leur origine en commençant un premier titre en français, plutôt plaisant pour nous spectateur. Si la foule est en délire, nous ne parviendrons pas à accrocher à leur musique de par leur style. Nous ne tenons que deux morceaux avant d'aller voir ce qu'il se passe sur la scène à côté.
Malaa, DJ parisien masqué, parvient à nous faire terminer cette soirée en beauté au milieu des sonorités future house.