logo SOV

Lollapalooza

Paris, du 21 au 22 juillet 2018

Live-report rédigé par Johan le 28 juillet 2018

Bookmark and Share
dimanche 22
Lollapalooza Paris, jour 2.

La pop R'n'B de Dua Lipa accueille les spectateurs sous un soleil tout aussi pesant que la veille. Le public se déhanche devant la jeune anglaise à la robe bleue qui interprète en cette mi-journée la quasi totalité de son premier album ainsi que quelques-uns de ses featuring, dont One Kiss de Calvin Harris et sa reprise de Scared To Be Lonely avec Martin Garrix. Une performance simple et convenue qui ne permet toujours pas de comprendre tout l'engouement qui entoure cette artiste depuis plus d'un an.

On préfèrera ainsi se poser devant un bon vieux Stereophonics qui jouent aussitôt après sur la Main Stage 1. Le groupe gallois débute sur l'entraînant C'est La Vie, extrait d'un de ses derniers albums. Le show sera surtout parsemé d'anciens tubes, dont A Thousand Trees et The Bartender And The Thief tirés de ses deux premiers opus et, bien évidemment, les mythiques Have A Nice Day aux chœurs repris par la foule et Maybe Tomorrow que tout le monde chante sur le festival, aussi bien dans les premiers rangs qu'aux stands de bières du fond !
Outre les deux premiers disques, Language. Sex. Violence. Other? est aussi bien représenté à travers deux des meilleures plages, Superman sur laquelle Kelly Jones s'avance sur le devant de la scène pour les solos dévastateurs, puis l'épique Dakota qui vient conclure une setlist aux allures de madeleine de Proust. Le public a su montrer tout l'amour qu'il ressent pour Stereophonics mais aussi inversement, le chanteur s'amusant avec les spectateurs en fin de concert avant de quitter la scène.


Pas le temps de faire une pause, Noel Gallagher et ses High Flying Birds débarquent aussitôt sur la Main Stage 2. L'artiste mancunien parsème son set de morceaux avec son groupe actuel en première moitié, puis essentiellement d'anciens tubes d'Oasis dans un second temps. Et ce seront bien évidemment ces derniers qui remporteront les clameurs du public, entre les classiques Whatever et Don't Look Back In Anger et forcément l'inévitable Wonderwall devant lequel tout le monde se sera rué et aura sorti son portable pour filmer l'événement. Noel Gallagher's High Flying Birds concluent enfin le show par une reprise de All You Need Is Love des Beatles - peut-être un indice sur ce qu'il se passera en toute fin de soirée ?

A peine a-t-on le temps de se rendre devant la scène alternative que le concert des londoniens de Years & Years commence. L'electro pop du groupe a été créée pour la scène, à travers des compositions aussi dansantes que Hallelujah, Sanctify et son refrain épique ou encore If You're Over Me sur lesquelles musiciens, choristes et danseurs font le show. Olly Alexander n'y est pas pour rien non plus dans la satisfaction ressentie face à une prestation de Years & Years tant le jeune homme de 28 ans vit l'instant présent, s'accaparant la scène et donnant de la voix pendant une heure d'un show bien huilé - notamment sur la somptueuse balade au piano Eyes Shut.
Olly Alexander et sa bande concluent sur un All For You habité par l'artiste, Desire et sa chorégraphie sensuelle, puis l'intense King dont le refrain est joyeusement repris par l'audience. Au-delà de la musique irrésistible que propose Years & Years, c'est surtout un show visuel de tous les instants que nous a offert la formation anglaise et une joie absolument contagieuse partagée par le toujours souriant et dansant Olly Alexander.


Alors que l'on attend ensuite entre les Main Stage 1 et 2, survient à 20h38 un des moments les plus incroyables observés lors d'un festival : la confrontation entre deux artistes, en l'occurence The Killers et Nekfeu et son crew. Alors que ses derniers débordent sur le timing qui leur est attribué sur la Main Stage 1, des huées se font entendre de part et d'autre du côté de la Main Stage 2 et l'on sent les techniciens commencer à s'impatienter.
Les américains étant plus à cheval sur les horaires, Brendon Flowers décide alors de modifier leur setlist et d'entrer sur scène non plus sur The Man comme c'était prévu - et comme c'est le cas sur toutes les autres dates de The Killers - mais nul autre que sur un Mr Brightside censé être uniquement joué en toute fin.
Une décision tout bonnement géniale, s'attirant bien évidemment les clameurs de la foule massée devant la Main Stage 2. On a ainsi droit à cinq six minutes de battle, Brendon Flowers poussant les spectateurs à donner de la voix et à chanter avec lui, s'accaparant la scène et affichant un large sourire sur le visage durant les quatre minutes du titre. Une battle donc au final assez inégale il faut l'avouer, tant il est difficile pour le rappeur français de rivaliser avec les guitares du groupe de Las Vegas, même en essayant de pousser les enceintes au plus haut. Nekfeu a joué, il a perdu.

Ce ne sont pas les explosions de confettis sur la chanson suivante The Man qui atténueront le bonheur ressenti en ce début de show, et encore moins la présence de l'autre classique issu du premier album de The Killlers, Somebody Told Me, interprété aussitôt après ! Il sera accompagné plus loin de deux autres tubes de Hot Fuss, Smile Like You Mean It et All These Things That I've Done sur lequel une nouvelle explosion de confettis, cette fois bleu-blanc-rouge, incite à faire d'autant plus la fête !
Sam's Town, le second opus de The Killers, n'est pas non plus en reste avec notamment la présence du saisissant When You Were Young et un For Reasons Unknown sur lequel le groupe invite un membre du public pour y jouer la batterie !
Même si l'on peut trouver, à raison, que les derniers albums de The Killers s'avèrent plutôt faibles, même si l'on n'apprécie pas le groupe ni le genre de musique qu'il propose, on ne peut nier le fait que les quatre musiciens, et plus précisément Brendon Flowers, savent faire le show à l'américaine. Charismatique et généreux, le chanteur nous l'a une fois encore prouvé ce dimanche soir. Une bien belle exclusivité internationale donc pour la seule date française de The Killers cet été.

A peine remis de ses émotions que l'autre tête d'affiche de cette journée démarre sur la scène d'à côté. « Hello, is anyone there? » : Dès les premières notes, tout amateur de Gorillaz est déjà à la merci de Damon Albarn. M1 A1, issu du premier album, pose d'entrée le ton ; entre ambiance menaçante, electro débridée et rock sauvage, le morceau d'ouverture est un court aperçu de l'heure trente à suivre.
Alors que leur concert au Zénith de Paris l'an passé avait été bien trop axé sur Humanz, de loin leur disque le moins réussi, on a droit ici à beaucoup moins de hip-hop - les compositions interprétées ce soir-là impliquant des rappeurs feront partie des meilleures parmi la discographie de Gorillaz, de Dirty Harry à Clint Eastwood en passant par Feel Good Inc. pour ne citer que les classiques - et davantage de pop et, surtout, une générosité de la part d'Albarn et sa bande qui proposent la plupart de leurs meilleures pépites passées, avec en bonus les clips animés qui passent sur l'écran géant pour une bonne partie des morceaux.
Sur la première moitié du show, Damon est seul avec son groupe et ses choristes, les invités feront leur apparition tout au long de la seconde moitié avec notamment une surprise de taille en toute fin ! Avant de passer aux featuring avec Peven Everett sur Strobelite, l'enchaînement On Melancholy Hill / El Mañana / Fire Flies est une transition parfaite tant chacun de ces titres tiré de disques différents est une étape forte dans la discographie de Gorillaz et chez l'auditeur qui suit fébrilement chaque sortie de la formation de Damon Albarn depuis le début des années 2000.

Une bonne partie de The Now Now y passe ce dimanche soir, dont Humility, la mélancolique Magic City ou encore Hollywood avec un Snoop Dogg affiché sur l'écran géant. Demon Days est également fortement mis en avant avec notamment le magnifique Last Living Souls en début de set - duquel Damon Albarn connaît très bien le potentiel du refrain, jouant sur sa voix afin d'appuyer les lyrics pour plus d'intensité -, ou encore un Every Planet We Reach Is Dead au final durant lequel Damon Albarn passe derrière les synthés, accompagné de ses choristes pour une variation gospel.
Entre-temps on aura pu entendre Rhinestone Eyes et sa mélodie entêtante ainsi que la sublime Tomorrow Comes Today portée par un Damon Albarn habité. Le concert se conclut sur Dirty Harry puis Feel Good Inc. à la ligne de basse addictive et au hip-hop irrésistible sur lequel on ne peut rester insensible, avant que Gorillaz ne quitte la scène sur la douce-amère Souk Eye et sa seconde moitié instrumentale hallucinée sur scène.
Le collectif revient pour un long rappel qui commence gentiment avec les entraînants Lake Zurich et Saturnz Barz avant d'enchaîner sur les inévitables Kids With Guns et Clint Eastwood : après qu'ont retenti des « kids with guns » à travers tout l'hippodrome, le joyau musical des années 2000 Clint Eastwood déballe son hip-hop magistral et ce refrain qui ne cesse encore de nous hanter plus de dix-sept ans après l'avoir entendu. Damon Albarn et son groupe concluent sur We Got The Power, qui nous aura encore une fois offert un très bel événement au Lollapalooza Paris : la présence de Noel Gallagher ! Noel Gallagher et Damon Albarn sur la même scène souriant et jouant sur « on a le pouvoir de s'aimer ». Un rare moment d'anthologie pour tout adepte de musique britannique et de cette pseudo rivalité brit-pop de l'époque entre Blur et Oasis.

Au final, plus d'une vingtaine de chansons sont interprétées par la formation anglaise ce dimanche - une journée durant laquelle le Royaume-Uni aura d'ailleurs été fortement représenté -, concluant de bien belle manière un festival qui pour sa seconde année n'aura de nouveau pas déçu. En espérant que les organisateurs du Lollapalooza Paris conservent pour l'année prochaine les deux scènes principales l'une à côté de l'autre, au cas où cela puisse nous redonner un autre instant aussi marquant que celui dont on fut témoin ce dimanche soir qui aura fait exploser la twittosphère et été sur toutes les lèvres pour les chanceux y ayant assisté !
artistes
    GORILLAZ
    THE KILLERS
    NEKFEU
    NOEL GALLAGHER’S HIGH FLYING BIRDS
    PAROV STELAR
    RAG’N’BONE MAN
    DUA LIPA
    EXCISION
    STEREOPHONICS
    DILLON FRANCIS
    VALD
    YEARS & YEARS
    FRENCH MONTANA
    JESS GLYNNE
    KREWELLA
    RL GRIME
    TROYBOI
    BB BRUNES
    SLANDER
    CATFISH AND THE BOTTLEMEN
    DROELOE
    TASKA BLACK
    TOM WALKER
    WAX MOTIF