On aime toujours se rendre à Beauregard car le festival allie plusieurs atouts : un parc et un château superbes, une programmation qui ose le grand écart entre le populaire et le pointu, un éclectisme musical certain et une ambiance bon enfant particulièrement plaisante.
En cette première journée, honneur, ce qui est la moindre des choses, à des locaux d'ouvrir le bal. Et pas les moindres locaux puisqu'il s'agit de
MNNQNS, le groupe rouennais. Ces derniers ont réussi le tour de force, ce qui est rare en France, d'être programmés depuis quelques années dans de grands festivals sans même avoir sorti d'album. Ce disque tant attendu ne va maintenant plus tarder puisqu'on l'attend pour la fin de l'été.
Sur scène, le groupe en délivre plusieurs titres. On est charmé par leur présence scénique, par la qualité de leurs compositions et par cette pop toute british qui pourraient faire d'eux des cousins français des Arctic Monkeys. Le single
Desperation Moon a tout du tube. On attend la suite avec impatience.
Thérapie Taxi avec leur électro pop aux paroles chocs ont su séduire en deux temps, trois mouvements toute une partie de la jeunesse française. Leur succès a été foudroyant voyant le groupe passer en quelques mois de la Boule Noire au Zénith à Paris. Il faut dire que leur formule est efficace et que musicalement ils s'avèrent plus intéressants que 90% de la pop urbaine actuelle. Et voir des groupes parler encore de drogues dans une époque aussi lisse et politiquement correcte fait du bien.
Angèle a elle aussi, et encore davantage que Thérapie Taxi, le vent en poupe. Je ne suis pas sûr d'être la personne la plus appropriée pour accrocher à ce style musical mais étant de nature curieuse, je me rends à son concert. Je ne peux rester plus de trois morceaux tant je n'adhère pas. Les paroles sont certes intéressantes et positives dans la dénonciation du machisme à l'ère post-Weinstein, mais musicalement l'ensemble est quand même assez pauvre. Je reconnais en même temps n'être certainement pas la cible visée par l'artiste.
Le concert de
Limp Bizkit n'est ni bon ni mauvais. Pas très bon parce que tout ça sent quand même un peu le réchauffé, mais pas mauvais non plus parce que le concert se laisse écouter sans déplaisir. Une grosse machine US efficace mais sans grandeur d'âme. On le voit à la reprise du
Smell like Teen Spirit de Nirvana, identique à l'original, qui fait toujours plaisir à entendre, mais n'apporte au final pas grand-chose.
On est curieux d'assister au set de
Gossip. Les retours sont souvent au mieux ratés, au pire pathétiques. C'est tout le contraire avec les Américains que l'on retrouve ans la même forme qu'il y a dix ans, à l'époque de
Music For Men. Beth Ditto n'a rien perdu de son charisme. Le groupe se fend d'une excellente reprise du
Psycho Killer de Talking Heads et le tube
Heavy Cross arrache des frissons à la foule. Un retour gagnant et le grand moment de la soirée.

Celle-ci s'achève par un mix de Fat Boy Slim. Une techno pas toujours subtile mais en revanche d'une grande efficacité. Ça bastonne bien et ça sent l'ambiance de pier british à la tombée de la nuit. Idéal pour bien finir ce premier jour.