Cette troisième journée du festival débute par le set de
Beach Youth qui jouent à domicile.
Si cette saison le Stade Malherbe de Caen est descendu en Ligue 2 de Football, les locaux ont quant à eux le niveau L1. Leur pop sucrée et ensoleillée est absolument délicieuse et le groupe montre déjà sur une grande scène une aisance de vieux briscards. Le combo n'a pourtant que deux EPs à son actif, sortis en 2017 et cette année. Un premier album devrait sortir sous peu. Peu de dire qu'on attend l'objet avec une certaine impatience.

Le concert de
Clara Luciani qui suit est une pure merveille. Dès les premières notes de
On Ne Meurt Pas d'Amour, on est embarqué dans l'univers de la jeune femme. Sur scène, Clara Luciani déploie des trésors de charme, sa voix est superbe, ses musiciens sonnent bien plus rock qu'on ne pourrait le supposer et ses compositions s'avèrent tout autant intéressantes qu'audacieuses. Sur chaque morceau, l'émotion affleure. Les titres de son album
Sainte Victoire (
A Crever, Les Fleurs ou
Nue) délivrent des trésors de beauté qui laissent pantois. Il y a bien longtemps que l'on avait plus assisté à un concert délivrant un tel charme. L'adaptation faite par Clara de
The Bay de Metronomy, devenue
La Baie, est somptueuse et peut être le climax du concert. On tient assurément en elle la digne héritière de Françoise Hardy.

Après ce moment enchanté, le festival continue sur d'excellentes bases avec le concert d'
IDLES. Ces dernières années les anglais sont devenus l'un, si ce n'est le meilleur groupe au monde live. Malgré le soleil au zénith et la forte chaleur de l'après-midi, Joe Talbot et ses acolytes assurent le show. Les titres de
Brutalism et
Joy As An Act Of Resistance sont autant d'uppercuts balancés à la face de l'auditeur.
Le groupe a la bonne idée d'ouvrir son concert par le premier titre de
Brutalism :
Heel/Heal.
Mother, Faith In The City, 1049 Gotho et
Divide And Conquer sont ensuite joués quasiment dans l'ordre de ce premier album fondateur. La tension monte lorsque l'un des guitaristes du groupe saute dans la foule pour s'y installer durablement et y jouer. On frise alors une sorte d'orgasme collectif.
Love Song, Danny Nedelko ou
Samaritans sont exécutés avec maestria. IDLES tirent leur révérence sur l'excellent
Rottweiler, un concert fou et intense comme (presque) seul IDLES peuvent les donner et un show que l'on aurait aimé ne jamais voir se terminer.
Le concert de
Flavien Berger dans un registre totalement différent ne manque pas de charme. La musique du parisien oscille entre pop et électro sans pour autant donner dans l'électro pop ce qui pourrait sembler un paradoxe mais en fait ne l'est pas. Ses morceaux se déploient sur de longues minutes, sorte d'odyssées spatio-temporelles qui pourraient être les bande originales de films de SF imaginaires. C'est beau, prenant et souvent passionnant. En plus de cela, le musicien manie un humour pince sans rire non dénué de charme.

Si la journée a débuté de la meilleure des manières, elle voit malheureusement le niveau baisser. D'abord avec
Columbine, groupe de rap sans grand intérêt et ensuite avec le show de
Roméo Elvis qui, s'il met en émoi le jeune public, me laisse pour ma part indifférent.
Ben Harper, la grosse tête d'affiche de la journée, délivre un set qui montre un musicien au sommet de son art. Avec les années, il est devenu un bluesman hors pair à l'égal des plus grands noms du genre comme le montre sa reprise du
Them Changes de Buddy Miles. Le musicien achève son concert par d'autres covers splendides : celle du
Machine Gun de Jimi Hendrix et du
Superstition de Stevie Wonder.
Le concert de
Mac DeMarco est un autre excellent moment de cette journée qui décidément n'en manque pas. Si le Canadien a toujours été admiré pour la qualité de ces compos, on l'a souvent critiqué pour son attitude de slacker qui fait pourtant tout son charme. Mais ce soir, il semble particulièrement concerné et nous délivre un set à la fois décontracté et de grande qualité.
On avait laissé
The Hives que l'on aime pourtant beaucoup il y a longtemps de cela. Il faut dire que le groupe n'a plus rien sorti depuis
Lex Hives en 2012. On se demande alors comment sonne aujourd'hui le groupe en concert. Dès l'ouverture de leur show avec
Come On!, la réponse est limpide : furieusement rock'n'roll. Le classique
Main Offender crée la furie sur et hors scène. Une vraie tension rock flotte dans l'air et Dieu que c'est bon. Pelle Almqvist est un showman hors-pair et sa manière de haranguer la foule fait monter la sauce de bien belle manière. Le public est au niveau, hystérique à souhait. Lorsque les Suédois entament le grandiose
Hate To Say I Told You So, c'est l'extase.
I'm Alive sorti il y a quelques mois montre que The Hives ne font pas que vivre sur leur passé et
Tick Tick Boom parachève un show remarquable et excitant de bout en bout.
Pour terminer cette splendide journée, cerise sur le gâteau : les Ecossais de
Mogwai. L'heure tardive, minuit quarante-cinq, est celle idéale pour écouter du post-rock. Mogwai délivrent comme à leur habitude un show splendide tant visuellement que musicalement. On flotte dans une atmosphère langoureuse, cotonneuse, faite de sublimes montées de guitares. Le groupe puise dans toute sa discographie puisqu'on a même droit à un titre du premier album : le sublime
Mogwai Fear Satan. Les Ecossais nous laissent sur
We're No Here tiré de l'excellent
Mr Beast, leur album de retour aux racines post-rock.
Ainsi s'achève cette mémorable troisième journée.