Après huit années d'existence, l'édition française du Pitchfork Music Festival fait peau neuve en cette fin 2019. Toujours installé dans la Grande Halle de la Villette, le festival comprend à présent non plus deux scènes mais quatre. Les deux anciennes restent de part et d'autre de la Grande Halle, enchaînant les concerts l'une après l'autre, tandis que les deux nouvelles prennent quant à elles place dans la Petite Halle et l'auditorium Boris Vian, une salle plus intimiste située sous la Grande Halle, à l'abri du brouhaha et des différents stands, intérieurs comme extérieurs (Balades Sonores, Klin d'œil, bars et stands de restauration divers et variés).
© Vincent Arbelet
La première journée met en avant les musiques urbaines, à commencer par
Ezra Collective, quintet britannique de jazz mariant hip-hop et afrobeat. Autant l'on peut ne pas accrocher entièrement sur disque, autant la musique d'Ezra Collective prend tout son sens sur scène. Entraînantes, captivantes, les compositions s'enchaînent sans que l'on ne voit le temps passer. Même si elles semblent répétitives et brouillonnes pour les non-aguerris, il demeure toutefois difficile de ne pas se déhancher sur des
Space Is The Place et autre
You Can't Steal My Joy !
© Matt Lief Anderson
Aussitôt après, c'est au tour de
slowthai de fouler la scène de la Nef. Le rappeur anglais joue une bonne partie de son premier album paru en milieu d'année, dont un
Nothing Great About Britain déjà culte, quelque part entre The Streets et Dizzee Rascal. N'hésitant pas à s'emparer de la scène et interagir avec le public, le jeune artiste parvient à mettre l'ambiance en tout juste une demi-heure. Et ce ne sera pas le seul moment...
C'est ensuite à
Mura Masa, AKA Alex Crossan, de fouler la grande scène. Le producteur et DJ y propose un set carré, jouant de nombreux morceaux de son album éponyme, en compagnie de la chanteuse irlandaise Bonzai sur
Nuggets ou encore slowthai qui revient pour interpréter
Doorman, issu de son disque et produit par Crossan. Après une reprise étonnante du
Night Swimmers de Foals, Mura Masa conclut notamment sur
Love$ick, certainement son titre le plus connu, acclamé par la foule du festival.
© Alban Gedrot
Après que le flow frénétique de
Flohio a enflammé la Grande Halle de la Villette pendant une courte demi-heure,
Hamza rassemble la foule sur la grande scène. Même si l'on adhère peu à ce style de hip-hop, on ne peut qu'être respectueux face à l'énergie dégagée par le show du rappeur belge. On terminera plus tard la soirée sur la prestation de
Skepta, rappeur londonien au commentaire social tout aussi sombre que slowthai, qui revient justement une dernière fois sur scène pour interpréter en duo leur titre
Inglorious.
Les programmateurs ont osé là un pari risqué de débuter le Pitchfork Music Ffestival en proposant des groupes autour de genres musicaux que la plupart des habitués ne sont a priori pas la cible principale. Bien que tout ne soit forcément du goût de Sound of Violence – où sont les guitares ? – cette première soirée de la 9ème édition du festival aura au moins eu le mérite de faire découvrir quelques artistes prometteurs.