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Festival Beauregard

Hérouville Saint-Clair, du 6 au 10 juillet 2022

Live-report rédigé par Pierre-Arnaud Jonard le 18 juillet 2022

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vendredi 8
On arrive en ce vendredi 8 juillet au festival Beauregard juste à temps pour assister au set d'un voisin du 9.3, Dinos.


Avec Stamina sorti en 2020, le rappeur avait réussi à obtenir à la fois un succès critique et public. Il n'a pas chômé depuis, sortant des disques à tour de bras avec notamment pas moins de trois EPs depuis le début de l'année. Sur scène, le natif de Douala montre pourquoi il est devenu en très peu de temps l'un des poids lourds du rap français. Son flow est incisif, ses paroles à la fois percutantes et touchantes. Une performance de haut niveau. On attend donc avec encore plus d'impatience son nouvel album Hiver à Paris dont on ne connaît pas encore la date de sortie.


Changement de registre total avec Frank Carter And The Rattlesnakes (et c'est pour cela que l'on aime Beauregard, pour cet éclectisme musical qui fait passer du rap au punk en un claquement de doigts). Frank Carter est le genre d'artiste idéal pour un festival. Le musicien se démène comme un beau diable et harangue la foule entre, pendant et après chaque morceau. On avait bien aimé sa performance au Hellfest, on aime aussi celle du jour à Beauregard. Comme le mois dernier, le chanteur invite les filles à un mosh-pit interdit aux garçons. Un geste militant et féministe que l'on ne peut qu'encourager. Le set tout en énergie est qui plus est fort agréable à l'écoute.


Rival Sons qui suivent donnent un excellent concert qui voit Jay Buchanan en grande forme vocale. On pense bien sûr à Led Zeppelin en les écoutant mais Rival Sons n'est pas qu'une simple copie du célèbre dirigeable. Les Américains ont bien compris et assimilé le blues originel et en offre une version moderne très intéressante. Contrairement à nombre de groupes qui puisent le plus souvent pour leur setlist dans leurs derniers albums, Rival Sons offrent un set composé pour moitié de titres de Great Western Valkyrie (2014). Un concert tout en maîtrise.

Je dois avouer ne pas être un grand fan de Vianney mais il faut bien reconnaitre que son concert est assez plaisant. Déjà le français semble des plus sympathiques (et l'on verra un peu plus tard pourquoi être sympa dans le monde de la musique est une grosse qualité) mais, en plus, il se donne vraiment pour son public. Et pour un fan de Michel Berger comme moi je ne peux que m'incliner devant un garçon qui reprend La Groupie du Pianiste, dans une version très réussie par ailleurs.

Grosse star du rap français, Ninho offre un show qui envoie du lourd. Magnifiques éclairages, superbes vidéos et des sons qui font mouche à tous les coups. Le public est en liesse. Un beau spectacle pour une star incontesté du genre qui montre qu'il mérite son statut.

Liam Gallagher arrive ensuite sur scène après des vidéos bien mégalomaniaques situant d'emblée son égo. Au bout de quelques secondes de concert, il se plaint déjà des microphones, va pester en dehors de la scène avant de faire (et bien faire) ce pour quoi il est payé : chanter. Le concert démarre pourtant très bien avec notamment une excellente version de Morning Glory, jusqu'à ce que Liam Gallagher entame Stand By Me avant de partir de scène... pour ne plus y revenir. On ignore le problème mais il semblerait que le mancunien se soit plaint du son (pourtant parfait en fosse).
Que Liam Gallagher se soit comporté de cette manière quand il avait vingt ans était déjà quelque peu ridicule, mais on pouvait (éventuellement) passer cela sur le compte de l'âge. A cinquante ans, faire sa crise d'adolescent devient pitoyable et mépriser à ce point son public est tout simplement honteux.


Heureusement, Jungle font vite oublier ces enfantillages avec un show absolument parfait, encore meilleur que celui proposé lors de leur récent Zénith parisien. Il faut dire qu'avec un set écourté pour avoir le format festival, le côté usine à tubes ressort encore davantage. Tout Beauregard danse avec cette machine à hits qu'est devenu Jungle. Depuis Chic ou Daft Punk, on en a d'ailleurs rarement connu d'aussi efficace et jouissive. Le groupe ironise sur Gallagher en promettant au public qu'eux iront jusqu'au bout de leur show. Un superbe concert pour un groupe qui mérite plus qu'amplement son succès.

Et une soirée qui se termine de la meilleure des manières possibles.

Crédit photographies : Didrik Launay-Derain
artistes
    AIME SIMONE
    ANNABELLA HAWK
    DINOS
    FRANK CARTER & THE RATTLESNAKES
    JUNGLE
    KAS:ST LIVE
    LIAM GALLAGHER
    NINHO
    RIVAL SONS
    VIANNEY