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Festival Beauregard

Hérouville Saint-Clair, du 6 au 10 juillet 2022

Live-report rédigé par Pierre-Arnaud Jonard le 18 juillet 2022

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samedi 9
Ce samedi à Beauregard commence de la meilleure des manières possibles avec le set des Français de Cannibale.

Il fallait oser mélanger rock garage et cumbia mais ce mélange, aussi étonnant qu'il puisse paraître, fonctionne à merveille. La hype autour de ce groupe ne cesse de monter et à l'écoute de leur concert on comprend aisément pourquoi. Fun, fraîche et jouissive, la musique de Cannibale a bien des atouts.


Le concert des anglaises de Goat Girl qui suit est lui aussi excellent. Depuis leurs débuts, Goat Girl ne nous ont offert que du bon. Leur musique est de plus en plus ouvertement pop lo-fi. C'est très bien fait et simplement beau. On tombe sous le charme de ces morceaux aux arrangements subtils. Le public qui ne connait pas forcément le groupe apprécie de plus en plus, et au fur et à mesure que le show avance les applaudissements se font ainsi de plus en plus nourris. Année après année, Goat Girl prennent de la bouteille (elles ont récemment assuré plusieurs dates en Angleterre en première partie de Metronomy) et semblent être en route pour un succès plus large encore, ce qui serait amplement mérité. On aura passé un très joli moment en leur compagnie.


Changement de registre et d'univers avec Fishbach, mais sans perdre en qualité. La musicienne possède un univers bien à elle, entre chanson et new wave. Un univers dans lequel on aime à se lover. Fishbach possède en outre un charisme certain et sa reprise de Nightbird de Bernard Lavilliers est tout simplement sublime, mystérieuse et moite à souhait. Un concert qui a des airs de nuit en plein jour mais cela fonctionne.

Sleaford Mods font ensuite ce qu'ils savent faire de mieux : du Sleaford Mods. Jason Williamson est incontestablement (avec Joe Talbot de IDLES) l'un des meilleurs showmen actuels. Son accent prolo britannique qui a fait beaucoup pour le succès du groupe est irrésistible. Scéniquement parlant, Sleaford Mods en imposent toujours autant avec leurs morceaux percutants. Quant à leur reprise du Don't Go de Yazoo, elle est tout simplement irrésistible.


Josman est devenu depuis quelques temps l'un des rappeurs français les plus en vue. Le garçon a sorti un très bon troisième album cette année, M.A.N (Black Roses & Lost Feelings), dans lequel le rappeur originaire de Vierzon continue de raconter son quotidien. Un disque à l'univers sombre et mélancolique que Josman restitue de très belle manière sur scène. En résulte quelque chose d'assez fort et poignant.


Le concert de Juliette Armanet qui suit est tout simplement une merveille. En tant que fan de Véronique Sanson je ne peux qu'aimer Juliette Armanet, même si cette dernière est loin de n'être qu'une simple copie de son ainée. Mais, comme celle-ci, elle possède ce truc en plus, ce magnétisme, ce fait de porter tant ses musiciens que le public plus haut. Il se dégage de ce concert quelque chose de majestueux, presque d'irréel, qui fait la force des plus grands shows. Le public le sent, l'artiste, aussi. Il se crée ainsi au fur et à mesure que le set avance une osmose entre les deux absolument merveilleuse. Les versions de Le Dernier Jour du Disco, A La Folie ou Brûler Le Feu sont à couper le souffle. La musicienne quitte la scène visiblement émue mais c'est nous qui le sommes d'avoir assisté à un tel moment.


Skunk Anansie donnent dans la foulée un très bon show, très puissant et très rock'n'roll. Il y a des reformations qui ne s'avèrent pas nécessaires mais celle de ce groupe a clairement été une réussite. Skin n'a rien perdu de son charisme qui étincelait au milieu des années 90. Le groupe a toujours été très bon live, il l'est toujours autant en 2022. Les années passent mais Skunk Anansie restent une valeur sûre. Un très bon concert et une Skin en grande forme.

Celui de Metronomy n'est pas mal non plus mais, pour une raison qui m'échappe, n'arrive pas à décoller complètement. Le tout est très agréable, très bien fait, on est heureux d'entendre The Bay mais cela reste un peu trop distant, un peu trop froid. La fin du set est pourtant superbe avec ce tube splendide qu'est The Look (l'un des plus beaux morceaux pop de ces dix dernières années et un chef d'œuvre absolu) et Love Letters. Un très bon concert mais dont on aurait aimé qu'il aille encore plus loin.


Orelsan est le clou de la soirée. Déjà parce que l'artiste joue à domicile, ce qui est toujours un avantage. On se souvient d'ailleurs d'un concert donné ici même il y a quelques années avec un Orelsan exhibant fièrement le maillot du Stade Malherbe de Caen. Si l'équipe est descendue en Ligue 2 depuis, Orelsan a quant à lui suivi la courbe inverse, accédant à la Ligue des Champions. Son dernier album a été, comme on le sait, un carton. Sur scène le natif d'Alençon délivre un show d'une grande efficacité. Les tubes du dernier album et du précédent font mouche à tous les coups : Du Propre, L'odeur De l'essence, Basique ou La Quête (l'un des plus beaux morceaux de tous les temps sur cette angoisse du temps qui passe qui nous étreint tous). Orelsan semble visiblement ému de jouer à la maison mais arrive à se dégager de cette pression en offrant un show mémorable.

Une bien belle journée au final que ce samedi de juillet normand.

Crédit photographies : Didrik Launay-Derain / Hugo Jehanne / Theron Desnos
artistes
    CANNIBALE
    FISHBACH
    GOAT GIRL
    GUSGUS
    JOSMAN
    JULIETTE ARMANET
    METRONOMY
    ORELSAN
    SKUNK ANANSIE
    SLEAFORD MODS
    VITALIC