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Rock en Seine

Paris, du 25 au 28 août 2022

Live-report rédigé par Fab le 26 août 2022

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Après deux éditions annulées en raison de l'épidémie du virus COVID-19 et des diverses restrictions en ayant découlé, le festival Rock en Seine effectuait ce jeudi 25 août son grand retour dans le parc de Saint-Cloud pour une édition s'étalant sur quatre journées consécutives suite à l'annulation de la date bonus du 30 août initialement dédiée à Rage Against The Machine. Avec une programmation très largement tournée vers le rock britannique pour son ouverture, c'est un démarrage en fanfare que nous promettait l'un des principaux événements musicaux de l'été en France.


Alors que le coup d'envoi des concerts est prévu à 16h sur la Grande Scène avec Gayle, le public semble avoir répondu présent en masse très tôt pour une journée affichant complet depuis plusieurs semaines, les différents bars se voyant pris d'assaut immédiatement alors que l'accès au site est pour le moment compliqué suite à l'afflux en masse des fans, un important contingent britannique semblant par ailleurs avoir fait le déplacement pour l'occasion. Sur la scène de la Cascade, Yard Act lancent ainsi les hostilités une petite demi-heure plus tard devant un parterre d'amateurs et curieux venus nombreux. Ambiance estivale oblige, James Smith est aujourd'hui débarrassé son traditionnel imperméable, mais pas de sa gouaille, ses mimiques ou son énergie ayant fait de son groupe l'une des révélations de l'année 2022 depuis la sortie de l'album The Overload. Si Ryan Needham se veut discret à la basse tout en assurant les choeurs, Sam Shjipstone ne manque pas de se faire remarquer de par son jeu de guitare nerveux. Si les textes acerbes des anglais ne sont pas nécessairement appréciés à leur juste valeur par les moins anglophones, l'efficacité de leurs meilleures compositions, à commencer par le très efficace Dark Days inaugural, leur permet de marquer des points. Entre post-punk et art-rock, Fixer Upper, Rich ou encore le final Land Of The Blind constituent les temps forts d'une prestation plus rythmée et énergique qu'au Trabendo à Paris il y a quelques mois.


Si la frange la plus jeune du public semble avoir choisi d'aller se masser face à la Grande Scène pour Yungblud, ce sont les nouvelles pousses de NewDad que nous retrouvons sur la scène Firestone, intégralement habillée à l'effigie de la marque de pneus. Accompagné par une nouvelle venue au poste de bassiste, le quatuor manque encore de charisme et de présence, qui plus est face à un public ne lui étant guère acquis, mais parvient au fil des minutes à se débrider quelque peu pour présenter durant une petite quarantaine de minutes un répertoire s'étoffant au fil des sorties. Si les looks des membres du groupes semblent inspirés par les années 80, leur univers musical est lui fortement ancré dans les années 90s. A mi-chemin entre pop britannique léchée et sonorités US que les Pixies n'auraient pas reniées, NewDad possèdent en Julie Dawson une chanteuse au timbre de voix clair et déjà maîtrisé, qui plus est parfaitement mis en valeur dans des titres de qualité à l'image de Banshee, Say It ou encore de l'inédit Angel porté lui aussi par une ligne de basse omniprésente, marque de fabrique de nombreux titres de leur répertoire. Encore un peu frais sur scène, NewDad n'en demeurent pas moins de sérieux espoirs d'une scène de Dublin en ébullition depuis quelques années maintenant.


Sensation outre-Manche depuis quelques années désormais, avec une exposition sur les réseaux sociaux dont est friand le plus jeune public, Beatrice Kristi Laus alias beabadoobee aura attendu ce mois d'août 2022 pour se produire pour la première fois en France. C'est ainsi sur la scène du Bosquet, désormais exilée à l'exact opposé de la Grande Scène, que la jeune musicienne fait son apparition sur le coup de 18h20. En quatuor ce soir, beabadoobee propose une setlist puisant dans ses deux albums et son EP Our Extended Play, délaissant le plus souvent la bedroom pop pour des sonorités plus électriques guitare en main. Copieusement applaudie après chaque titre par une fosse comptant un important contingent de jeunes femmes, la musicienne originaire des Philippines fait déjà preuve d'une certaine assurance face à la foule, ses chansons simples d'accès entre shoegaze, pop et slacker laissant indiquer des influences bien plus américaines que britanniques. Si l'on s'ennuie parfois sur des titres aux tempos plus ralentis ou acoustiques, et qu'un sentiment de répétitivité finit inévitablement par être ressenti, beabadoobee aura charmé la frange du public friande des réseaux sociaux et de la nouvelle génération numérique.


Une traversée du Parc de Saint-Cloud plus tard, c'est face à la Grande Scène que le public s'est massé pour le retour d'IDLES dans la capitale près de six mois après deux concerts à guichets fermés à l'Elysée Montmartre. S'ils enchaînent depuis plusieurs années désormais disques et tournées, les anglais ne semblent toujours pas montrer le moindre signe de fatigue, à l'image de l'agitateur Joe Talbot menant à la baguette son groupe avec une énergie jamais démentie. Il ne faudra ainsi qu'une poignée de minutes avant que celui-ci ne scinde la foule en deux, faisant naître le chaos dans une fosse par ailleurs défigurée par l'imposant Golden Pit mis en place par les organisateurs pour les plus fortunés. Puisant dans l'intégralité des quatre albums que compte leur discographie à ce jour, IDLES livrent ce soir encore un set brut et débridé où les brûlots punk sont légion pour le plus grand plaisir d'un public se laissant aller aux pogos et au crowd surfing. Mr. Motivator, Danny Nedelko ou encore Mother aux textes scandés avec fougue sont autant de temps forts d'une prestation parfaitement rodée, alors que le plus calme The Beachland Ballroom se démarque par une tension sous-jacente du plus bel effet. Aussi à l'aise dans les salles de taille moyenne que sur les plus grandes scènes, IDLES poursuivent inlassablement leur ascension.


Après une prestation remarquée au printemps dernier dans la salle de l'Olympia, c'est sur la scène de la Cascade, sous une nuit tombante, que Fontaines D.C. leur emboitent le pas face à un public, une nouvelle fois, présent en masse. S'ils ne brillent guère par leur communication, les irlandais font preuve ce soir d'une assurance à toute épreuve, renforcée qui plus est par de superbes jeux de lumières. Déchaîné tant dans ses mouvements que lorsqu'il déclame ses textes, Grian Chatten impose ainsi un rythme relevé à ses quatre camarades, tous très discrets mais extrêmement appliqués derrière leurs instruments respectifs, notamment lors d'une entame de set brillante et concentrant rien de moins que Hurricane Laughter, Sha Sha Sha ou encore Chequeless Reckless. Après un très court coup de mou à mi-parcours, la fin de la prestation se veut toute aussi réussie que son début avec Jackie Down The Line, A Hero's Death ou encore Big, symboles des trois albums que compte l'impeccable discographie d'un groupe que l'on imaginerait volontiers mener d'une main de maître la Grande Scène dans un futur proche.


Alors que la quasi-totalité des festivaliers semble avoir fait le choix de s'entasser face à la Grande Scène pour l'énième venue des Arctic Monkeys à Rock en Seine, nous nous retrouvons quelques centaines de mètres plus loin face à la scène Firestone pour retrouver Dehd. Remerciant dès leur apparition les quelques courageux ayant choisi de passer les quarante-cinq prochaines minutes en leur compagnie plutôt qu'avec la formation de Sheffield, le trio va présenter une sélection des meilleurs titres extraits de ses deux derniers albums en date, Flower Of Devotion et Blue Skies, disponible depuis quelques mois désormais. Entre garage rock et surf music, avec des titres courts et immédiats d'une durée ne dépassant guère le cap des trois minutes, le trio livre malgré tout une prestation enthousiasmante et chaleureuse, les deux vocalistes Emily Kempf et Jason Balla n'hésitant pas à s'exprimer par ailleurs avec humour à plusieurs reprises, notamment sur les Arctic Monkeys ou un gigantesque écran publicitaire face à eux mettant en scène Johnny Depp et ses fameux coyotes. Dans des conditions pour le moins difficiles, Dehd auront ainsi gardé la tête haute face à une audience de quelques dizaines d'âmes toutes sous le charme à en voir les mouvements de têtes et de hanches lors de la fin d'un concert durant lequel les pépites Bad Love, Disappear, Empty in My Mind ou encore Window auront permis d'admirer l'énergie et l'engagement du guitariste et le charisme de la bassiste.

Une première journée de grande qualité, marquée par quelques choix cornéliens dans les artistes à suivre mais aussi par quelques difficultés organisationnelles pour ce retour aux affaires.
artistes
    ARCTIC MONKEYS
    YUNGBLUD
    IDLES
    REQUIN CHAGRIN
    INHALER
    BEABADOOBEE
    FONTAINES D.C.
    PRIYA RAGU
    RAVAGE CLUB
    YARD ACT
    UTO
    GAYLE
    NEWDAD
    DEHD
    BABY QUEEN
photos du festival