19h30, deuxième jour !
Billy Nomates débarque sur scène, seule, en lançant, amusée, « Bonsoir ! C'est juste moi ! » et débute son set avec des titres de son dernier album
CACTI, et le minimaliste
Black Curtains In The Bag, une boucle de synthétiseur et une sympathique basse, tout en bougeant dans tous les sens, débordante d'énergie comme à son habitude. Son deuxième album est bien mis à l'honneur, mais l'on vit également des morceaux plus mordants du premier disque, comme le poignant
No, durant lequel la chanteuse se contorsionne. Le public, bien réceptif, la fait sourire entre les morceaux, en contraste avec la rage de sa prestation durant les titres. Petit détour également par son EP
Emergency Telephone avec le dansant et nonchalant
Heels.
Le public semble très satisfait par la présence de Billy Nomates sur scène (plusieurs festivaliers et festivalières au cœur d'artichaut se déclarent amoureux d'elle après son set), mais malgré son énergie et sa générosité, l'artiste seule sur une si grande scène en extérieur ne nous convainc pas... un espace plus restreint et intimiste comme une salle de concert semble convenir davantage à sa musique.

Avant 22h, après avoir bien mangé et descendu une pinte de bière de la Rade et profité des électrisants
Meatbodies, qui ont fait soulever beaucoup de terre et de poussière dans la foule, le missourien
Kevin Morby et ses six musiciens, dont une violoniste et un saxophoniste, arrivent tranquillement sur scène, et passent un bon moment à faire des réglages. Finalement, les mots « THIS IS A PHOTOGRAPH » s'affichent en grand et blanc sur fond noir et toute la joyeuse bande débute par le morceau éponyme du dernier album. Le groupe fait la part belle à cet album et à chacun des trois autres disques de l'artiste américain, en les jouant simplement dans l'ordre inverse de leur parution, comme un aperçu de sa discographie, en remontant dans le temps. Et cela fonctionne parfaitement : le show est équilibré et l'énergie et l'alchimie entre les musiciens est communicative. Le batteur et le guitariste Cyrus Gengras semblent se charrier, tous sourires, et Kevin Morby, vêtu d'une veste dorée à franges du plus bel effet, finit en grande forme son show en se jetant dans le public afin de célébrer la fin de sa tournée de la plus belle des manières, sur cette île aux airs de vacances.

Comme tout bon festival qui se respecte, l'heure du choix est là : expérimenter le show des indescriptibles britanniques de Benefits et manquer une partie de celui des suédois allumés Viagra Boys, ou profiter en intégralité de ces derniers.
Benefits font trembler la pinède avec les hurlements de son charismatique chanteur Kingsley Hall et le matraquage de batterie de
Malboro Hundreds, issue du tout juste paru premier album
NAILS, que le groupe présente quasiment en intégralité ce soir (sept titres sur dix). Foutraques sur scène, le public devient fou au milieu des lumières épileptiques, pour un concert riche en pogos. Aussi sombre que jouissive, la musique bruyante des anglais du nord aura ravi les amateurs de slams, avec des titres aussi puissants en live que
Flag, Divide And Be Conquered ou encore
Shit Britain. Si vous êtes curieux et ouverts d'esprit, accrochez-vous et filez écouter le mélange punk, indus et plein de percussions de Benefits pour comprendre le Royaume-Uni et ses sombres facettes actuelles...

Retournons à la grande scène « La Plage » pour témoigner des six dingos de
Viagra Boys : baignés d'une lumière bleue, le chanteur Sebastian Murphy, lunettes noires, torse nu, corps entièrement tatoué et pantalon de survêt' Adidas ; le claviériste Martin Ehrencrona, mini short en jean et chapeau de cowboy ; et le fantastique saxophoniste Oskar Carls en slip simili cuir, font presque oublier les trois autres musiciens pourtant indispensables, par leur présence scénique incomparable. Au cours d'un set à l'ambiance autant explosive qu'atypique, faisant principalement honneur à leurs deux derniers albums, dont le formidable
Cave World paru l'an dernier, Oskar se déhanche en jouant du saxophone, pendant que Sebastian s'asperge de bière et se l'étale sur le ventre et le torse telle une lotion pour la peau.
A chacun sa routine skincare !