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Rock en Seine

Paris, du 22 au 25 août 2024

Live-report rédigé par Fab le 28 août 2024

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dimanche 25
Après déjà plusieurs jours à arpenter de long en large les allées du domaine national de Saint-Cloud, les jambes de beaucoup sont lourdes en ce dimanche 25 août. Un copieux programme attend malgré tout les festivaliers attendus une fois encore en nombre, avec rien de moins que LCD Soundsystem, PJ Harvey, Ghinzu ou encore Zaho de Sagazan à l'affiche de ces dernières heures d'une édition 2024 plus dense que jamais.

C'est en flânant en guise de découvertes que débute notre périple. Sur la scène de la Cascade tout d'abord, en compagnie de Sofie Royer, dont on se demande encore par quel miracle la musicienne a bien pu figurer à l'affiche du festival. Avec des mélodies aussi faibles que les textes de ses chansons, difficile de s'enthousiasmer face au triste spectacle proposé, la demoiselle semblant malgré tout prendre un plaisir certain à évoluer face à un public observant sa prestation incrédule sans grand engouement.
Sur la scène Firestone, les jeunes américains de Monobloc lui emboîtent le pas dans la foulée. Avec deux uniques singles publiés à ce jour, la découverte est totale mais guère renversante. Le chant grave et un rien monocorde du leader du groupe, un fond de guitares cristallines et de timides envolées post-punk ne leur permettent guère de se démarquer de la concurrence. Les minutes s'écoulent rapidement mais les titres se suivent et se ressemblent, le public attendant vainement un soupçon d'excitation qui ne se fera jamais ressentir.


Place aux choses sérieuses sur la scène de la Cascade avec la venue du très populaire Baxter Dury. Personnage à part entière, l'anglais souvent présenté comme un dandy l'anglaise va laisser entrevoir aujourd'hui la face la plus extravagante de sa personnalité, parfois à outrance en multipliant les danses, invectives ou mouvement frénétiques devant un public surpris dans un premier temps avant de se laisser emporter par la tornade évoluant une scène. Pleinement concentré sur son rôle de dynamiteur de la scène tout en déclamant ses textes avec une conviction certaine, Baxter Dury laisse ainsi à ses trois musiciens, incluant Fabienne Débarre (We Were Evergreen) brillante au chant et aux claviers, le rôle de capitaine d'un navire tanguant plus que de coutume. Un set malgré tout enlevé et dansant, mené à un rythme soutenu, et dont on retiendra notamment Miami ou Prince Of Tears. Parfois trop excessif ou exalté pour sa première apparition à Rock en Seine, Baxter Dury n'aura laissé personne indifférent.


Moins d'une heure plus tard, les lieux sont pris d'assaut par une foule massive, entre fans et très nombreux curieux, alors que se présente Zaho de Sagazan dont la popularité n'a cessé de croître depuis la sortie de son premier album et au fil de tournées remarquées. Après un titre introductif au piano, la jeune française prend rapidement son envol au son de compositions fortement teintées d'électroniques sur lesquelles se déroulent ses textes en français. Drôle et naturelle, très à l'aise dans son rôle de maîtresse de cérémonie, elle justifie une heure durant sa popularité actuelle face à un public le lui rendant bien.


En pause durant de longues années avant d'effectuer leur retour pour célébrer l'anniversaire du disque les ayant révélés au plus grand nombre, Blow, Ghinzu se produisent aujourd'hui à Paris pour la seconde fois en l'espace de quelques semaines après une date à guichets fermés à l'Olympia en juin dernier. Fers de lance de la scène rock belge en compagnie de dEUS ou Soulwax notamment, les cinq musiciens ne semblent aujourd'hui pas subir le poids des années, interprétant leurs titres phares avec la même fougue que durant leur jeunesse. Lançant la prestation de la meilleure des manières, Blow et Cold Love font forte impression, tout comme Jet Sex et l'inévitable Do You Read Me? un peu plus tard. Si une part non négligeable du public leur faisant face semble aujourd'hui les découvrir, la fosse ne boude quant à elle pas de son plaisir de retrouver un groupe toujours au sommet de son art. Un second souffle trouvé par le groupe à confirmer sur un nouvel album évoqué pour 2025.


Alors que Róisín Murphy s'apprête à faire danser les foules sur la scène de la Cascade, les amateurs de rock ont quant à eux pris rendez-vous sur la scène du Bosquet pour retrouver bar italia. Si ces derniers avaient proposé à la Cigale en juin dernier un concert jubilatoire face à un public les ayant transcendé, la prestation du jour est moins enthousiasmante. Avec un son approximatif et un public très passif, au grand dam des membres du groupe tentant vainement de provoquer un semblant de réaction, le set ne décollera jamais réellement durant la courte heure du set. Nina Cristante a beau ne pas ménager ses efforts à grand renfort de danses, la majorité des titres extraits des albums The Twits et Tracey Denim ne provoquent pas l'effet escompté. Sans doute sous-dimensionnées pour un festival comme Rock en Seine, les ambiances art rock de bar italia n'auront que partiellement convaincu aujourd'hui.


Toujours très attendue à chacune de ses apparitions dans le domaine national de Saint-Cloud, PJ Harvey va ce soir se montrer à la hauteur de sa réputation. Accompagnée par un groupe de quatre musiciens, incluant rien de moins que John Parish et James Johnston (Gallon Drunk), impériale et gracieuse tant au chant tant que dans son rôle de maîtresse de cérémonie avec une performance presque théâtrale, l'anglaise va malgré tout proposer un concert à deux vitesses. Plus contemplative, avec notamment une large place faite à son dernier disque, I Inside The Old Year Dying, la première moitié du set s'avère d'une grande beauté mais manque parfois de rythme. La seconde, lancée par un 50ft Queenie très électrique, voit la musicienne prendre son envol et contenter davantage un public plus friand de ses efforts discographiques passés, dont sont notamment extraits Dress, Down By The Water et To Bring You My Love durant les dernières minutes de la prestation. Parfois clivante, mais souvent magnétique, PJ Harvey est bien une artiste à part.


Récemment annoncés en renfort suite au désistement de The Smile, les Pixies se voient programmés ce soir sur la scène de la Cascade. Rarement enthousiasmants sur scène, Frank Black, Joey Santiago, David Lovering et la récente recrue Emma Richardson (ex-Band Of Skulls) vont proposer aujourd'hui une prestation mécanique pour ne pas dire en pilotage automatique. Réduisant la communication au strict minimum, enchaînant les titres le plus rapidement possible avec une acoustique moyenne, les américains se veulent rôdés et efficaces mais manquant cruellement d'âme. Après des débuts en fanfare voyant Gouge Away, Wave Of Mutilation, Monkey Gone To Heaven, Hey ou Debaser proposés durant la première demi-heure, l'intérêt de nombreuses personnes finit par retomber avant de connaître un soubresaut en fin de soirée avec notamment Here Comes Your Man et le tube Where Is My Mind?, noyé au milieu des choeurs du public et sous l'oeil des smartphones. Une fois encore, les Pixies auront assuré le miminum syndical vis à vis de leurs fans.


Ce dimanche, à l'image des précédentes journées du festival, a été des plus denses, mais la cerise sur le gâteau est encore en vue avec la venue de LCD Soundsystem sur la Grande Scène, sept années après le double concert du groupe à l'Olympia. Pendant 1h30, James Murphy et ses acolytes vont offrir un set dansant et jubilatoire entre rock et électronique, égrainant les meilleurs titres de leur discographie avec une acoustique parfaite. Un concert sensationnel et marquant de l'aveux du plus grand nombre destiné à rester dans les mémoires.

Avec 184 000 personnes réunies le temps de cinq soirées, le festival Rock en Seine aura réussi son pari et battu cette année son record de fréquentation avec une programmation ambitieuse portée tant par les poids lourds de l'industrie, que les artistes confirmés ou moult jeunes pousses et découvertes. De quoi provoquer des attentes toujours plus grandes pour la prochaine édition du festival alors que les mythiques Oasis viennent d'annoncer leur reformation !
artistes
    LCD SOUNDSYSTEM
    PIXIES
    PJ HARVEY
    BAXTER DURY
    GHINZU
    RÓISÍN MURPHY
    YVES TUMOR
    ZAHO DE SAGAZAN
    ALIAS
    BADA-BADA
    BAR ITALIA
    CANBLASTER
    DYNAMITE SHAKERS
    GIANT ROOKS
    JOY (ANONYMOUS)
    MADAM
    MARTHA DA'RO
    MERRYN JEANN
    MONOBLOC
    NINA VERSYP
    SOFIE ROYER
    SOYUUZ
    NEVER ENDING STAIRS
    THE MAZE
photos du festival