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End Of The Road Festival

Salisbury, du 29 août au 1er septembre 2024

Live-report rédigé par Laetitia Mavrel le 31 août 2024

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Qui a dit que Rock en Seine sonnait la fin des festivals d'été ? Après quatre jours de marathon rock et autres gavages aux mirabelles de Lorraine, votre chroniqueuse a ressorti son baluchon pour se rendre sur les terres anglaises avec comme mission, tout en tentant de décrocher comme tout le monde sa place pour le retour d'Oasis, de tenter l'aventure du festival anglais, celui qui se déroule dans la campagne, isolé de tout (aucun réseau sur place, nous voilà débarrassés des nuées de mains en l'air avec les portables), qui fait honneur tant à la musique qu'aux arts sous toutes leurs formes et surtout, empli de ces joyeux festivaliers chatoyants, qui viennent aussi bien entre amis qu'en famille, de tous âges et de tous bords.

Direction le End Of The Road Festival, situé près de Salisbury dans le Dorset. En place depuis une vingtaine d'années, cet évènement nous fait renouer avec les festivals de tailles conséquentes mais encore tenus par des passionnés, loin des cadres imposés par les grands noms de l'industrie musical qui rachètent à tout va certains évènements estivaux pour en faire la vitrine de leurs artistes. Une bouffée d'air frais (pas plus de 13 degrés la nuit tombée !), un retour aux sources et une programmation tellement large et hétéroclite qu’elle impose des choix douloureux, nécessitant des compromis à faire pour mener à bien l'aventure.

Se déroulant du jeudi 29 août au dimanche 1er septembre, muni de quatre scènes dont deux dédiées aux découvertes et deux autres alternatives, avec entre quarante et cinquante concerts par jour, tout un assortiment de parcours thématiques nichés dans les sous-bois, le festival allie musique, cinéma, espaces de discussion, expositions et performances artistiques, avec son lot de boutiques bariolées et toutes locales. De l'espace plus qu'il n'en faut, déambuler dans un site où personne ne s'entrechoque pour pouvoir circuler est un réel bonheur. Quelle que soit votre humeur, vous trouverez une activité à votre goût, que vous ayez des envies d'animation ou de calme, tout est fait pour permettre aux joyeux festivaliers dont 90% campent sur place de passer toute la journée et une partie de la nuit sans s'ennuyer une seule seconde. Place aux familles avec leur petit trolley pour promener les enfants, aux baroudeurs munis de leur chaises et de tout leur nécessaire à camping, aux candides qui ne viennent qu'avec un petit gilet et aux spécialistes équipés pour braver tant la chaleur que le froid glacial. Avec un choix de restauration qui vous fait voyager dans le monde entier (tout fait sur place, le muffin industriel du village Olympique n'y trouverait pas sa place) et tout autant de boissons, le festivalier du End Of The Road est choyé, comme dans une bulle, le tout dans un état d'esprit bienveillant. Un monde où les gens se parlent car ils sont eux même coupés des réseaux, une humanité qu'il fait bon de retrouver le temps d'un week-end.

Pour cette première journée dite de « warm-up », seulement deux scènes proposeront une quinzaine de sets pour permettre aux festivaliers de se familiariser avec le site doucement mais sûrement. Qui dit festival dans la nature dit forcément aucune signalétique en amont, des champs gigantesques comme parkings, et toute une troupe de campeurs qui ne cessent de déambuler entre les voitures, le tout dans un joyeux bordel rafraichissant. L'inclusion et la simplicité prévalent, ainsi pas d'entrée VIP ni de golden pit, toute la communauté se presse aux mêmes guichets et cela fait du bien. Une fois traversée la marée de tentes de toutes tailles, le site aux allures de fête foraine avec sa multitude de lumières et de couleurs vos accueille et le parcours du gentil combattant commence pour se rendre à tous les concerts que vous avez absolument besoin de sélectionner en amont.


Premier rendez-vous sur la scène principale Woods avec le chanteur folk Richard Dawson, de Newcastle Upon Tyne, auteur de sept albums aux influences bluesy et qui ce soir se présentera seulement armé de sa seule guitare électrique. Débutant le set par un chant à capela, porté par le public qui nous explique que ce dernier demeure très populaire en Angleterre, la petite heure permettra à l'artiste de ponctuer son show par de très nombreuses discussions avec les spectateurs, sur fond de discours très humaniste.


La seconde scène est ce jour la Folly, mini chapiteau qui dévoile une scène toute aussi étriquée, parfaite pour les jeunes pousses en devenir, surtout celles qui font du grabuge. Ainsi, nous découvrons les Américains MSPAINT, groupe de post-hardcore venu du Mississippi qui, avec leur imposant frontman DeeDee et sa voix d'outre-tombe, nous proposent une musique brute de décoffrage cependant rehaussée de claviers glacés qui apportent un contraste très convaincant. Avec un premier album, Post-American, sorti l'an passé, le groupe délivre quarante-cinq minutes de fureur, excellent exercice pour réellement rentrer dans le jeu et se chauffer les articulations avant le vrai marathon du lendemain.


Retour sur la scène ouverte Woods qui, excentrée en bout de site, nous offre une vue plongeante sur les vallées et bocages environnants. Place à un autre grand nom du folk en la personne de Bonnie Prince Billy, que nombre d'entre nous ont connu sous son véritable patronyme Will Oldham au sein des excellents Silver Jews. Avec son style americana et country alternative, la voix douce de Bonnie Prince Billy, ce soir accompagné d'un autre guitariste, berce les présents. On compte plus de vingt-cinq œuvres signées par ce dernier, le choix de la setlist est ainsi très varié. Sous la fraîcheur de la nuit à peine tombée, le concert apaisant et plein de chaleur humaine offre durant une heure et demie un premier moment de communion entre les festivaliers.


Pour terminer notre petit échauffement, direction la scène Folly pour retrouver un des nombreux espoirs de la rédaction, les Irlandais de NewDad. Du chemin a été parcouru depuis notre première rencontre live à Rock en Seine en 2022, où le groupe nous paraîssait bien timoré. La sortie en janvier dernier de MADRA et l'excellent accueil critique de ce dernier ont propulsé NewDad dans une autre cour, celle des grands en devenir. Julie Dawson nous apparait ce soir plus sûre d'elle, tant dans son chant que dans son jeu de scène. Les regards sont francs, la cadence très soutenue, et c'est avec un grand plaisir que nous redécouvrons en live les excellents Angel, MADRA et Let Go, ce dernier concluant le set et décrochant la palme du meilleur concert de cette première journée de chauffe.

En parlant de chauffe, il ne faut pas s'étonner de voir disséminés sur le site de gigantesques braséros et feux de camps qui offrent de la chaleur aux festivaliers en plus d'un réel sentiment de bien-être et de communion que l'on n'envisagerait nullement dans les très gros raouts estivaux qui se polissent d'année en année. Cette entrée en matière permet de ne pas rentrer chez soi trop tard (après quatre jours de Rock en Seine et ces quatre autres qui se profilent, chaque minute de repos engrangée est des plus précieuses), et c'est avec le sourire aux lèvres que nous préparons notre sac dès le retour au gîte, votre chroniqueuse ayant toujours réussi à assouvir sa passion du festival sans partager sa douche dans un camping, pour la seconde journée qui s'avèrera le plat de résistance de notre menu anglais.
artistes
    Laetitia Sadier
    Richard Dawson
    Bonnie Prince Billy
    Somoh
    Plantoid
    Gustaf
    MSPAINT
    NewDad
    Loud And Quiet Time Hop Silent Disco
    Popperz DJs
photos du festival