logo SOV

End Of The Road Festival

Salisbury, du 29 août au 1er septembre 2024

Live-report rédigé par Laetitia Mavrel le 4 septembre 2024

Bookmark and Share
Troisième journée au End Of The Road Festival, une journée qui commence très tôt avec un réveil précoce malgré une courte nuit, ce vendredi ayant proposé le line-up le plus gourmand du week-end. Tout comme nos fidèles lecteurs, biberonnés aux mancuniens, c’est le cœur vaillant que le réveil sonne trente minutes avant la mise en vente des billets pour les concerts célébrant la reformation d’Oasis, avec le petit espoir qu’étant en Angleterre, la magie de l’IP pourrait nous être favorable. En attendant, revenons à ce samedi qui a connu un orage aussi bref qu’extrêmement brutal en début d’après-midi, faisant chuter les températures de dix bons degrés. Cela n’entrave en rien le festivalier anglais, habitué aux caprices de la météo, qui se pare alors de son poncho de compétition pour poursuivre l’aventure.


Un départ aux sonorités Beach Boys-iennes avec la venue de The Lemon Twigs sur la scène Woods. Nous avons déjà tressé quelques lauriers justifiés aux frères D'Addario, lors de leur passage à la soirée ARTE Concert présente Ground Control il y a quelques mois. Les Américains, forts de la sortie de leur cinquième album A Dream Is All We Know, sont toujours aussi prolifiques tant sur disque qu’en live. Michael et Brian rencontrent pour la première fois la campagne du Dorset et délivrent le premier concert marquant de la grande scène. Ce show en étonnera plusieurs, étant alors constitué quasi uniquement de reprises : Run Away de Del Shannon, Hold Me Tight des Beatles, You’re So Good To Me des Beach Boys ou I’d Much Rather Be With The Boys des Rolling Stones, entre autres, c’est donc un concert hommage aux années 60 et 70 que nous offrent les new-yorkais, et cela leur sied à merveille tant leur érudition est impressionnante. Cependant, c’est plutôt en compositions propres que nous les préférons et leur retour en France dans quinze petits jours nous permettra de les retrouver en version originale.


Départ vers la très belle scène Garden pour le grand retour de Camera Obscura. Le groupe toujours mené par Tracyanne Campbell revient en force cette année avec son nouvel album Look To The East, Look To The West après le hiatus d’une dizaine d’années suite au décès de Carey Lander, membre fondatrice du groupe. C’est donc dans le décor romantique du Garden que Camera Obscura délivrent pendant une heure sa pop mélancolique, les regards concentrés et graves de Tracyanne, Gavin Dunber et Kenny McKeeve tranchant étrangement avec les sourires et le visage lumineux de Donna Maciocia, qui occupe dorénavant le clavier. Un set tout en douceur que les fans des premières heures goûtent avec plaisir mais qui reste peu accessible aux néophytes. Une seconde chance de mieux apprécier le répertoire exigeant des Écossais nous sera offerte le 30 septembre prochain à la Maroquinerie de Paris.

Un festival si fourni ne peut échapper aux annulations de dernières minutes. Ainsi, nous apprenons la défection de l’irlandaise Lisa O’Neill et des Anglais de Mozart Estate. Quelques moments de répit durant lesquels nous en profitons pour tester le Sommerset Cider Bus avec ses breuvages aux pommes délicieux (une belle mention au hot spicy cider, qui donne des impressions de Noel avant l’heure), le pavillon cinéma qui propose la diffusion exclusive du dernier documentaire sur Blur, To The End, et le Curry Shed qui fait le régal des fans de mets indiens épicés.


Une petite pause qui nous redonne du cœur au ventre, avec le froid qui commence sérieusement à piquer, et direction la scène Woods pour retrouver Georgia Ellery et Taylor Skye de Jockstrap. La violoniste originaire de Black Country, New Road continue sa carrière sans ses comparses et c’est en tenue noire aux épaules dénudées et casque de chantier orange que nous retrouvons l’anglaise. Mettant évidement en avant son début album I Love You Jennifer B, le duo semble cependant bien seul sur cette scène gigantesque, qui ne sied guère à son electro pop très pointue. Face à un public sur la réserve, Georgia démultiplie les sourires taquins et les poses lascives, et malgré son chant toujours aussi clair, peine à trouver son auditoire. Un groupe qu’il fait bon apprécier en petit comité, tel que cela a été le cas lors de leur passage à la Bellevilloise de Paris en novembre dernier.


Changement d’ambiance et retour à la Folly sous le petit chapiteau pour commencer à danser au son des londoniens de Flamingods. Le disco electro de cette formation très hétéroclite est toujours un régal, que l’on soit connaisseur ou non de leur répertoire. Avec maintenant quatorze années d’existence, toujours mené par Kamal Rasool, c’est avec déjà six albums que le groupe nous plonge à chaque sortie dans son univers coloré et délicieusement psychédélique. Restant relativement inconnu en France, le groupe semble mené son petit bonhomme de chemin à domicile, et Kamal en profitera pour nous annoncer fièrement qu’il vient tout juste d’obtenir sa nationalité anglaise malgré ses longues années de bons et loyaux services, et de lancer un message puissant en soutien aux réfugiés et à la Palestine. Un moment fort et hyper dansant très apprécié pour faire monter un peu la température.


C’est ce soir que nous nous retrouvons face au clash le plus douloureux du week-end. C’est simultanément que Richard Hawley et Slowdive se produisent, nous obligeant à trancher cruellement une situation qui nous semble kafkaïenne. C’est l’agenda parisien et le concert annoncé du musicien de Sheffield le 16 septembre prochain au Trianon qui nous font nous concentrer sur le set de Slowdive, qui se produisent sur la scène Woods. Avec la nuit tombée, le concert des Anglais n’en est que plus majestueux, avec leur lightshow vif et leurs projections chimériques. Toujours fidèles au rendez-vous, Rachel Goswell, Neil Halstead, Nick Chaplin, Christian Savill et Simon Scott (ce dernier arborant un magnifique tee-shirt des Smiths), délivrent pendant une heure et trente minute un set d’une rare élégance. Construite tel un Best Of, la setlist nous fait naviguer entre tous les albums dont le dernier everything is alive, avec les perles shanty, kisses, Souvlaki Space Station, slomo et Alison, brassant large et offrant une réelle communion entre toutes les générations qui ont connu le groupe à différents stades de sa carrière. Rachel Goswell, telle une prêtresse toute de noir vêtue, inonde le public de ses sourires tout en douceur, et irradie littéralement. Un très beau moment qu’il ne fallait pas rater et qui restera probablement la plus grande performance du week-end.


Afin de terminer la soirée, dernier passage à la Folly pour retrouver un groupe « sponsorisé » par Sound Of Violence, les anglais de BIG SPECIAL. Le duo de Birmingham nous avait fait forte impression lors de son passage à la Block Party du Supersonic en mai dernier. Nous avions à cette occasion rencontré Joe Hicklin et Callum Maloney lors d’une interview fleuve, lesquels avaient alors appuyé leur bonheur de se produire en France. Avec un accueil plus que chaleureux et une belle réception critique de leur debut album POSTINDUSTRIAL HOMETOWN BLUES, les Anglais continuent de travailler à convaincre le plus de foules possibles, multipliant les concertsn notamment en festivals. Le chapiteau ne désemplit pas malgré l’heure tardive, et le flow dynamité de Joe ainsi que les sorties hilarantes de Callum entre deux titres permettent aux spectateurs de laisser définitivement tomber les doudounes dans l’étuve qu’est devenue la Folly.

Un concert explosif et un retour au gîte où notre place dans la queue de la billetterie n’a gère évoluée depuis 16 heures maintenant, nous forçant à abandonner l’espoir de revoir les frères Gallagher l’été prochain, fantasmant sur un Rock en Seine 2026 qui serait très symbolique et nous permettant d’économiser quelques deniers que nous dépenserons allégrement le lendemain sur le festival pour cette dernière journée du End Of The Road.
artistes
    SLOWDIVE
    JOCKSTRAP
    THE LEMON TWIGS
    CURTIS HARDING
    GENTLY TENDER
    BROWN HORSE
    RICHARD HAWLEY
    PHOSPHORESCENT
    CAMERA OBSCURA
    MERMAID CHUNKY
    SANAM
    CAT CLYDE
    CASSISDEAD
    BILL WOODS
    SAM MORTON
    MASTER PEACE
    LIP CRITIC
    POWERPLANT
    THE NONE
    ROB AUTON
    BIG SPECIAL
    FLAMINGODS
    WARRINGTON-RUNCORN NEW TOWN DEVELOPPEMENT PLAN
    MODERN WOMAN
    ODIE LEIGH
    PALEHOUND
    FREAK SLUG
    JELLY SKIN
    CERYS HAFANA
    SAM AMIDON
    JEFFREY MARTIN
    ANASTASIA COOPE
    TOM RAVENSCROFT
    STILL HOUSE PLANTS
    NOURISHED BY TIME
    MARK WILLIAM LEWIS
    DEBBIE FRIDAY
    ELSY WAMEYO
    NICKY
photos du festival