logo SOV

Rock en Seine

Paris, du 20 au 24 août 2025

Live-report rédigé par Jean-Christophe Gé le 26 août 2025

Bookmark and Share
mercredi 20
Luvcat commence cette édition du festival Rock en Seine à 17h pétantes sous une gentille bruine.


Pas de look champêtre pour l'après midi en festival estival, le groupe est aussi apprêté que pour leur Olympia en première partie de The Libertines : petite robe blanche pour la Liverpuldienne, costumes noirs pour les garçons, dont un guitariste en kilt. Côté public, le rose est le nouveau noir pour la journée pop et c'est parfait pour Luvcat qui minaude quand elle dit que Paris est sa ville préférée ou que son premier album sort le jour de Halloween. Elle en fait des tonnes, et culmine dans le cabotinage pour introduire son nouveau single Blushing en mimant de rougir. Sa pop est hyper sucrée, je pars acheter une Vittel®, mais cette année le festival a inventé quelque chose de plus pénible que la bouteille sans bouchon... la bouteille sans bouteille ! Elles sont en effet vidées dans des gobelets. On ne m'y reprendra plus, je resterai à l'IPA.


Les deux seules scènes ouvertes aujourd'hui sont la Grande Scène, et la scène Horizons, je traverse donc le site à contre-courant pour aller découvrir Sofia Isella. En fond de scène sont posées deux guitares, une basse, et un violon, mais c'est seule que la Californienne monte sur scène, juste accompagnée d'une bande son. Avec son maquillage, ses gestes saccadés et ses mains à la recherche de coeurs encore palpitants, elle ressemble à une zombie déterrée. Seule avec une boucle électro, elle est obligée d'en faire des caisses et ça marche. Il doit y avoir trois ou quatre-cent personnes devant la scène, beaucoup connaissent déjà les paroles. Elle prend un violon ou une guitare pour jouer trois notes mais elle utilise mieux ses mains et ses bras pour son jeu de scène. En plus d'avoir débuté le violon à trois ans, elle a aussi probablement été danseuse. A contre-courant de l'ambiance de la journée, elle demande au public d'être monstrueux et de l'effrayer. Pour Orchestrated, Wet, Verboten, elle met un chapeau de yankee, saisit une guitare acoustique dont elle joue dans les basses et avec un rien de disto, et réussit à faire peur au ciel qui se met à pleuvoir. Celle qui a fait la première partie de Taylor Swift à Londres est à l'étroit sur cette scène, des musiciens n'auraient pas apporté grand chose et l'auraient gênée. Un set étonnant, et je devrais pouvoir dire dans quelques années que j'étais à son premier concert parisien !


Retour sur la Grande Scène pour Suki Waterhouse, le contraste va être violent. Après un set solo en mode emo-gothique, retour aux paillettes et à la pop XXL sur une scène décorée de grosses bulles irisées. Suki en mini short et crop-top en fourrure rose est accompagnée de cinq musiciens, dont une batteuse charismatique. Plus disco pop que dans mes souvenirs, ça cabotine sec : encore une artiste dont ça a toujours été le rêve de jouer à ce festival. Dommage qu'elle n'ait pas la ref avant de lancer la reprise de Don't Look Back In Anger, l'organisation aura apprécié alors qu'elle essaie de booker Oasis pour 2026 en rattrapage de leur split en backstage.

Je ne m'attarderai pas sur la parenthèse, Sunday (1994). J'ai du mal à les situer, trop pop pour la Block Party du Supersonic, trop rock pour la journée pop de Rock en Seine. C'est (gentiment) rétro et un peu (trop) déjà entendu.


Retour sur la Grande Scène de plus en plus remplie pour London Grammar. Bien qu'assez statiques et à juste trois, ils font preuve d'un réel charisme avec juste une voix, une guitare, quelques notes d'orgue électronique et une boîte à rythmes trip-hop pour lancer leur set. La reprise de Nightcall, très puissante même en plein jour, finira de convaincre le public. Il faut des morceaux solides et une parfaite maîtrise du son pour tenir en haleine un public de festival pendant plus d'une heure de set, d'autant que les jolies vidéos sont assez discrètes. Le trio de Londonien y parvient parfaitement et dédie Wasting My Young Years à l'équipe parisienne de Because Music, les premiers à avoir cru en eux et les avoir baladés d'interview en interview comme celle-ci.

Seule artiste française de la soirée, Théa joue à fond dans le cliché. Des amis transalpins me demandent confirmation qu'elle est française, et en leur répondant par l'affirmative je repense à OSS117 qui se réjouit qu'on le trouve très français. Comme l'espion un peu nigaud, je ne sais pas si Théa est à prendre au premier ou au troisième degré. Quoiqu'il en soit, attention à la grosse déconnade dans l'auto-tune : elle n'aime pas la police, mais aime crier et se droguer. Le public, qui n'a pas eu peur de perdre sa place en face de la Grande Scène ou qui n'a pas été assez téméraire pour tenter un des stands de restauration, apprécie.

La blague a assez duré, place aux choses sérieuses. Chappell Roan a installé un château digne d'une production Disney sur la grande scène. Son public venu nombreux a fait preuve d'une belle curiosité pour le reste de la programmation et il va être bien récompensés. La diva américaine livre un show digne d'une comédie musicale. Malheureusement il n'y a qu'une chanteuse, pas de mise en scène et pas de chorégraphies. Je ne compte pas les gargouilles animées, la vidéo c'est de la triche. Mais on s'en moque, 30 000 personnes qui chantent et qui s'amusent, ça fait le show et la bonne humeur est communicative. Peu familier de ses chansons, et même si je garde un souvenir ému d'une soirée à The Abbey (ndlr : le club de Pink Pony Club) je sens que je passe à côté de quelque chose qui m'échappe comme lors du set de Aphex Twin sur la même scène en 2019, et comme pour ce dernier, j'aurais tenu cinq titres...
artistes
    Luvcat
    Sofia Isella
    Suki Waterhouse
    Sunday (1994)
    London Grammar
    Chappell Roan
photos du festival