Deux années suivent la sortie du précédent disque de Modern Nature, No Fixed Point In Space>, et la volonté du groupe de nous sortir du marasme cacophonique dans lequel nous tentons de survivre ne s’est en rien étiolée. Une nouveauté marque cependant l’apparition de ce nouvel album intitulé The Heat Warps> : la venue dans le groupe de la guitariste Tara Cunningham, qui apporte au trio une couche supplémentaire de grâce tant vocalement que musicalement. Modern Nature, c’est donc toujours le trio de base Jack Cooper, Jim Wallis et Jeff Tobias, maintenant quatuor, et c’est dans ce nouveau schéma que leur quatrième album studio prend vie.
La présence dorénavant de deux guitaristes offre une structure plus solide aux toujours magnifiques odes que sait composer le groupe. Sans jamais se détourner des sentiers d’une pop extrêmement lumineuse, il ressort de ce disque comme une force tranquille, le sentiment d’un art maitrisé à la perfection. Au son toujours très mélancolique des arpèges, se mêlent les voix en canons et les paroles toujours liées à notre connexion au vivant, et bien que toujours empreints de spleen, les titres (à ne toujours pas écouter en mode shuffle, un conseil vivement donné dès l’apparition du premier album !) nous permettent une échappatoire qui apparait doucement joyeux.
L’influence du folk tendance americana domine (Source, Radio, Alpenglow), liée probablement à ce voyage qu’à entrepris Jack Cooper au Etats-Unis en 2024, et notamment lors de son séjour au Nouveau Mexique pour admirer l’éclipse solaire que l’on pouvait y admirer de ce côté du globe. Il y a en effet une sensation de parcourir des kilomètres et des kilomètres à ses côtés comme dans un road trip, et la bande son idéale en est donc ce The Heat Warps> dont l’écoute nous fait nous évader dès les premiers accords.
La tendance est donc aux guitares douces amères au coin du feu, c’est un peu l’imagerie qui ressort de morceaux comme Zoology, Takeover ou l’excellent titre d’ouverture Pharaoh, peut-être le single le plus emblématique de la nouvelle direction musicale prise par Modern Nature. Un voyage définitivement éloigné de la campagne anglaise, qui prend plutôt des teintures rougeâtres de désert rocailleux et des odeurs d’asphalte qui fond sous un soleil brulant. Un adieu aux influences jazzy qui permet définitivement à la formation de se lancer vers de nouveaux sentiers, non balisés.
The Heat Warps propulse la pop éthérée de Modern Nature dans un environnement plus hostile, et l’arrivée d’une nouvelle guitariste au sein du groupe permet d’étoffer les capacités déjà très vastes de ce dernier. Sans jamais abandonner la subtilité et la grâce qui les définissent, les Anglais se permettent d’offrir un petit plus de caractère à leur musique, tout en ne trahissant pas leurs fans, amateurs de beauté et de finesse, éléments gravés dans l’ADN de Modern Nature depuis leurs tous débuts.