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Duels

Interview publiée par Jean-Christophe Gé le 10 février 2008

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Moins de deux années après The Bright Lights and What I Should Have Learned, Duels s'apprêtent à publier leur second album d'abord en téléchargement payant avant une sortie officielle au mois d'avril prochain. Désormais complètement indépendants, les quatre musiciens de Leeds, via la voix de Jon Foulger, expliquent leur choix et leur parcours pour le moins chaotique...

Vous vous êtes faits très discrets depuis la sortie de votre premier album durant l'été 2006, quelles sont été vos occupations depuis ?

On a principalement écrit puis enregistré notre deuxième album, mais certains d'entre nous ont aussi produit d'autres groupes... et plus simplement vécu leurs vies. On a commencé à travailler sur The Barbarians Move In dès la sortie de The Bright Lights and What I Should Have Learned, on avait vraiment envie de le produire nous-mêmes alors on a fait construire un studio près de Flamborough Head. On a écrit la plupart des démos lorsqu'on a pris possession des lieux, le disque s'est en quelque sorte construit en même temps que l'on découvrait cette nouvelle atmosphère. Le climat local est brumeux, froid et très venteux, et je pense que tout cela a influencé ce disque.

Vous étiez un groupe très prisé en début d'année 2006 mais vous ne semble pas vraiment être parvenus à répondre aux attente de la presse et du public, le ressens-tu de la même manière ?

On a sans doute déçu un certain nombre de personnes car la situation était complètement hors de contrôle pour nous à ce moment là... tout était une question d'argent, un paramètre qui n'était pas entre nos mains.

C'est une des raisons pour lesquelles vous avez quitté Nude Records ?

A cette époque notre maison de disque rencontrait de nombreux problèmes financiers, et quelques mois seulement après la sortie de notre album celle-ci a arrêté toutes ses activités. La structure telle qu'on la connaissait a donc disparu. Je regrette beaucoup que personne ne nous ait donné la chance de correctement promouvoir ce disque via les tournées notamment car les articles dans la presse étaient vraiment très bons... mais sans argent il n'y pas de concerts ni de promotion pour un artiste, c'est aussi simple que cela. Il était hors de question qu'on reste assis à nous lamenter sur notre sort alors on a décidé de prendre les choses en main et d'enregistrer notre second album sans l'aide de personne.

Ce disque sortira officiellement chez This Is Fake DIY Records au mois d'avril, pourquoi avoir décidé de travailler avec ce label ?

Ce sont eux qui nous ont choisi ! Grâce à Internet on ne pensait même pas sortir le disque au format traditionnel, juste le proposer en téléchargement via les réseaux habituels. C'est un des bons points de l'industrie musicale de nos jours, chaque artiste a la possibilité de vendre sa musique à sa manière, tout cela avec des coûts très réduits. This Is Fake DIY Records ont entendu dire que notre album était terminé et ils nous ont donc proposé de mettre en place une sortie en CD, ne serait-ce que par respect envers nos fans et les personnes qui aiment notre musique. On connait les personnes qui s'occupent de ce label depuis quelques années, on n'a donc pris aucun risque quant au sérieux et la sincérité de leur proposition.

Le disque sera disponible en téléchargement dans un premier temps, pourquoi avoir fait ce choix alors que vous avez désormais une nouvelle maison de disques ?

On a décidé dès le départ de sortie le disque dès que possible sans perdre de temps à démarcher les labels. On voulait juste le sortir et on n'a même pas envisagé d'autre alternative que de le proposer en téléchargement payant. La sortie en CD sera principalement destinée aux personnes qui aiment posséder les disques, et d'un point de vue purement personnel je les comprends parfaitement. Il faudra uniquement attendre jusqu'au mois d'avril.

Pourquoi avoir choisi la date de la Saint-Valentin pour sa sortie initiale ?

C'est une simple coïncidence, sûrement pas un choix particulier. Le seul impératif était de sortir le disque avant le printemps car on ne peut pas dire que ce soit un album débordant de chansons d'amour, même si une ou deux compositions le sont malgré tout.

Il n'y a donc aucune crainte que le téléchargement puisse nuire à la sortie physique ?

On n'a pas réfléchi à cette hypothèse et de toute manière cela ne nous intéresse pas. Pour être franc, si ce disque avait pu être enregistré sans nous coûter le moindre centime, on l'aurait mis à disposition librement sur Internet. On a fait tout cela pour nous, pas pour gagner de l'argent.

Internet était donc le choix le plus simple, d'autant plus que vous utilisez cet outil énormément via facebook et Myspace afin de dévoiler vos chansons. Le 21ème siècle semble bien vous convenir ?

On ne fait pourtant rien que des centaines d'autres groupes n'ont pas déjà fait ! C'est la magie du monde actuel, si une personne est curieuse de découvrir chaque jour de nouveaux groupes elle peut le faire gratuitement et sans contrainte alors que cela était techniquement impossible il n'y a même pas dix ans. Il suffit d'investir un peu d'argent pour aller en studio puis d'uploader les chansons sur Internet. Pour répondre à ta question, j'adore être un musicien au 21ème siècle.

Je crois que les premières démos de The Barbarians Move In ont été écrites au mois de décembre 2006, pourquoi vous a-t-il fallu si longtemps avant d'achever l'enregistrement du disque ?

On a effectivement enregistré les premiers titres à cette époque, mais puisqu'on n'avait pas la possibilité de partir en tournée pour tester ces nouvelles compositions face au public on a voulu prendre du temps pour laisser mûrir nos idées et apprendre à travailler en studio. Rien ni personne ne nous pressait à cette époque, on a donc attendu d'être prêts plutôt que d'aller trop vite comme je pense que cela a été le cas avec The Bright Lights and What I Should Have Learned. On avait aussi pris la décision de faire évoluer notre musique en fonction des qualités de chacun, il fallait donc travailler en ce sens pour que tous les éléments puissent se mettre en place. Le disque est terminé depuis plusieurs mois mais il nous arrivait encore ces dernières semaines de vouloir corriger des détails sur certains titres... alors on le faisait ! Sans date buttoir, tout était plus simple et agréable pour nous.

Les chansons de cet album ont ainsi été enregistrées sur une période très étalée ?

J'ai du mal à cerner le temps qu'on a passé sur ce disque. La plus vieille des chansons est sans doute Perimeter Fence qui avait été écrite pour l'EP Once In The Night mais qu'on avait décidé de conserver pour l'album. Tout a donc commencé en octobre 2006 alors que la version finale du titre The Barbarians Move In date du mois de février 2007. L'enregistrement a ensuite été plus long mais je suis incapable de le décrire avec certitude.

Que sont devenus certains titres comme Five Suns, If This Car Should Crash, Magpie ou The European qui ne figurent pas sur l'album ?

Certaines chansons ont tout simplement été abandonnées en chemin, c'est une chose inévitable qui s'était déjà produite lorsqu'on enregistrait notre premier album. Toutes les chansons utilisées comme une base de travail au départ n'ont pas été conservées car au fur et à mesure que le temps passait il nous semblait de plus en plus facile de distinguer le bon du mauvais. La cohésion du disque en dépendait bien entendu. If This Car Should Crash est l'une de nos plus belles chansons mais elle n'est toujours pas achevée et je ne suis pas certain de la manière dont nous l'utiliserons un jour... elle n'avait juste pas sa place sur The Barbarians Move In.

Quels sont les principaux thèmes du disque ? Certaines chansons comme Monsters Are Loose Again, The Furies, Sleeping Giants, The Barbarians Move In possèdent une connotation un peu effrayante...

Je pense qu'on a choisi ces titres car on aime explorer le côté sombre de la vie, comme la culpabilité ou la folie. The Furies n'est qu'une chanson parmi celles que la mythologie nous a inspirées, mais dans globalement je pense pouvoir dire que l'album est marqué par les éléments et la manière dont la nature des gens prend toujours le dessus au final. Le monde d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec celui de nos ancêtres, notamment vis à vis de la perception qu'ont les gens des mythes, des croyances ou de la magie. Je pense par exemple au fait qu'une personne coupable sera punie un jour ou l'autre, chassée d'une certaine manière par son karma... ce sont des thèmes récurrents du disque.

De quelle manière cet album se différencie-t-il de The Bright Lights and What I Should Have Learned ?

Je crois qu'on a vraiment changé de voie après la sortie de notre premier album. On a pris le temps de discuter de notre avenir et on a décidé de ce à quoi notre second disque devrait ressembler. Jusqu'alors le processus créatif au sein du groupe était vraiment basique, les chansons étaient écrites, jouées en concert puis enregistrées, sans qu'aucune recherche artistique ne soit effectuée. C'est sans doute à cause de cela que notre premier album était si varié mais parfois peu cohérent.

Cela ressemble à un vrai besoin pour vous ?

Il était vraiment important d'obtenir cette cohésion. Ce disque devait montrer en quoi consiste le groupe et pourquoi on travaillait si dur depuis des années. La production de The Bright Lights and What I Should Have Learned n'était pas adaptée, les chansons étaient trop synthétiques et lisses... alors que nos nouveaux titres sont plus nerveux et violents dans l'esprit. C'est donc un disque sombre une fois encore, mais avec une âme et beaucoup d'émotion dans l'esprit. C'était le plus important pour nous.

Vous n'avez fait qu'une date en France aux Transmusicales de Rennes en 2005, peut-on espérer vous voir traverser la Manche pour défendre ce disque dans un futur proche ?

On adorerait ! Je pense qu'on va essayer de programmer quelques dates en Europe dans le courant de l'année... inutile de dire qu'on reste ouverts à toute invitation ! On ne pourra malgré tout pas partir en tournée des semaines durant comme d'autres groupes le font, ce seront juste de courtes périodes durant lesquelles on donnera un maximum de concerts.