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NewDad

Interview publiée par Emmanuel Stranadica le 9 février 2024

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Forts de leur très bon premier album, les Ecossais de NewDad sont un peu la sensation de ce début d'année 2024. MADRA est enfin dans les bacs et même si nous ne savons pas encore quand le groupe viendra donner quelques concerts en France, nous avons pu discuter avec la chanteuse du groupe, Julie Dawson. Au court de cet échange à distance, nous avons parlé de shoegaze, de Nirvana mais aussi de Katy Perry. Retour sur ce moment.

Peut-on en savoir un peu plus sur l’histoire du groupe. Comment et quand s'est formé NewDad?

Nous étions tous à l'école ensemble, et nous nous sommes formés parce que nous jouions d’un instrument de musique. Comme je déteste jouer toute seule, je me suis dit que ce serait bien si on pouvait former un petit groupe et essayer ensemble. En fait, nous n'avons fait qu'une seule répétition et tout est parti de là.

Pourquoi avez-vous choisi Newdad, en un seul mot ?

Je ne sais pas. Je ne pense pas que ce fut vraiment intentionnel. C'est arrivé comme ça. Je trouve que c'est juste plus beau mais il n'y a pas vraiment d'autre raison.

Vous avez sorti deux EPS et sur les pochettes, il y a quelque chose de similaire dans le fond. Pourquoi avez-vous choisi de suivre cela sur les deux disques ?

C’est un Irlandais avec qui nous avons travaillé qui s'appelle Jeremy. Il nous a envoyé un message et nous a dit qu’il adorait notre musique et qu’il aimerait s’occuper des illustrations. Nous avons regardé des choses ensemble et avons trouvé son travail très cool. De ce fait, nous avons collaboré. Pour ces formes dans le fond de la pochette, nous nous sommes dit que ce serait un petit clin d'œil sympa au premier EP de retrouver cela sur Banshee.

Sur MADRA il n’y a aucun morceau de ces EP, pas même une version réenregistrée. Vous vouliez uniquement des choses nouvelles dessus ?

Oui. En fait, nous avions déjà du mal à décider quelles chansons nous voulions mettre sur l'album parmi toutes les nouvelles que nous avions écrites. Donc, oui, je pense que nous voulions donner aux gens quelque chose d'entièrement nouveau.

Il y a eu un décalage assez important entre ces deux EP et la sortie de l'album. Pourquoi cela a-t-il pris autant de temps au final ?

Je pense que nous avions besoin de temps. Nous pensions avoir enregistré un disque il y a deux ans, mais quand nous l'avons réécouté, nous n'avions pas l'impression de donner le meilleur de nous-mêmes et nous voulions que notre premier album soit vraiment bon, alors nous avons pris notre temps. Nous avons déménagé pendant que nous écrivions l'album, la moitié a été écrite à Galway et l'autre moitié à Londres. Je pense que nous avions besoin de ce changement de décor pour insuffler un peu plus de vie à notre musique et, oui, il nous a fallu du temps pour composer ces chansons. Nous avons essayé plusieurs studios différents, et nous n'arrivions pas à faire ce qu'il fallait, cela a donc nécessité pas mal de réenregistrements, quand nous nous sommes finalement décidés pour le studio de Rockfield. Donc, oui, ce fut un long processus, et puis évidemment, il a fallu aussi attendre que ça sorte, et ça traîne toujours en longueur, mais ça y est dans une semaine MADRA sortira enfin.

Vous avez changé de label. Vous êtes maintenant sur Atlantic Records. Cela fait quoi comme effet d'être sur une si grande maison de disques ? Cela ne vous dérange pas d'être dans la même maison de disques qu'Ed Sheeran ? (Rires)

Oui, nous en parlions depuis un moment, et nous étions arrivés à un point où nous avions commencé à avoir de plus grandes ambitions. Nous voulions vraiment que notre musique soit diffusée partout et nous avions besoin d'aide pour le faire. C'était une décision que nous devions prendre, mais ça a été tellement plus facile pour nous d'avoir toutes ces personnes pour nous aider. Sans elles, nous n'aurions pas pu mettre en avant cet album autant que nous le voulions.

Sur la plage d’ouverture, Angel, il y a ce son de guitare qui évoque Come As You Are de Nirvana. Est-ce que c'est quelque chose que vous avez recherché ?

En fait, nous nous sommes beaucoup inspirés des sons de guitare de Nirvana. Nous voulions avoir ce son vraiment hargneux qui ressemble à un coup de poing dans les tripes. Ce fut une grande référence pour nous lorsque nous avons enregistré les guitares en studio.

Ce morceau est sombre mais en même temps on y trouve de la lumière. Vous cherchez à trouver un équilibre entre le côté tragique et l’espoir ?

C'est drôle, je n'aurais jamais imaginé que nous aurions des chansons délicates, comme White ribbons. Je n'ai jamais vraiment pensé qu'il y aurait des morceaux qui ne comporteraient que de la guitare et du chant. Mais je pense que c'est très important parce que sinon, l'album serait assez lourd à écouter. Il y a des moments pop comme Dream Of Me. Notre principale référence pour celle-ci c’était une chanson de Katy Perry (Rires). Oui, c'est vrai. Notre album a besoin de petits moments comme ça, où l'on peut prendre du recul et simplement absorber ce que l'on vient de vivre.

On vous a parfois catégorisé comme un groupe shoegaze. C’est quelque chose qui vous dérange ?

J'aime quand les gens le disent, mais en fait je ne pense pas que nous méritions ce titre.

Pourquoi ?

Je ne sais pas. Je pense que pour moi, le shoegaze, ce sont des groupes comme Just Mustard. Ils sonnent comme le shoegaze des années 90 avec la voix vraiment éthérée et un mur du son incroyable avec les guitares. C'est vraiment une grande source d'inspiration pour nous, mais je ne pense pas que nous soyons allés suffisamment loin dans cette direction en même temps. Mais j'aime bien la comparaison parce que j'adore le shoegaze.

À l'origine, le shoegaze ce sont des groupes noisy qui jouent de la guitare en regardant leurs pieds. Jouez-vous comme cela sur scène ?

Oui, c'est le cas. Je regarde souvent mes pieds en jouant (Rires).

Il y a une évolution de votre son entre les EPs et l'album. Ils étaient peut-être plus bruts, et maintenant le son est plus travaillé, il y a davantage de production. Était-ce une vraie évolution naturelle ou un changement voulu ?

Je pense que les premiers EPS sont très représentatifs de ce que nous étions à ce moment-là. Nous étions un peu pressés de sortir de la musique, et nous aimions que les choses vibrent. Mais je pense que pour l'album, nous avions besoin d’amplifier un peu notre son parce que nous ne voulons pas être étiquetés comme un simple groupe indie. Nous voulons être un groupe de rock, et je pense que nous voulions le montrer sur l'album.

L'album s'appelle MADRA et c'est aussi le titre de la dernière chanson de l'album. Elle est très belle...

Madra est la première chanson que nous avons écrite et qui s'est retrouvée sur l'album. Elle date d'il y a presque trois ans. En fait, nous l'avons écrite lorsque nous étions en studio pour enregistrer Banshee. Je pense que nous avons choisi ce titre parce qu'il nous semblait très important pour la suite de l'album et qu'il nous a ouvert la voie. Mais, oui, c'est une vieille chanson et je pense que c'était aussi une bonne fin parce qu'elle résume tout ce qui a été dit dans l'album. C’est-à-dire les hauts et les bas de la vie, et c'est en quelque sorte résumé dans cette chanson.

Pourrait-on aussi en savoir un peu plus sur la pochette ?

Elle a été réalisée par un photographe irlandais, Joshua Gordon. Quelqu’un nous l'avait envoyée et nous l’avons contacté pour lui demander si nous pouvions utiliser cette image. Et quand nous l'avons vue de près, elle était si frappante, si intense... Nous voulons que les gens la voient sur les étagères d'un magasin de disques et qu'ils se disent que c'est une image cool. Je pense qu'elle représente bien la fragilité des êtres humains et qu'elle est très jolie. Je l'aime beaucoup.

Pourriez-vous m'en dire plus sur Nosebleed, qui est une chanson que j’aime beaucoup également...

C'est une chanson que j'ai écrite avec Justin Parker, et c'était la première session que nous avons faite. Elle était très pop, et nous n'étions pas sûrs qu'elle figurerait sur l'album. Mais Chris Ryan s'est dit « Oh, j'adore ça, je veux vraiment essayer ». Et nous étions tous d'accord. Nous ne pensions pas qu'elle avait sa place sur l'album, et puis nous l'avons ralentie et nous l'avons rendue plus grave, et finalement elle est devenue une grande source d'inspiration pour le son de l'album.

Comment procédez-vous pour l’écriture d’une chanson ? Est-ce que quelqu'un vient avec une idée et vous jouez ensemble ? Ou est-ce que vous écrivez tout ? Quel est le mode de fonctionnement de NewDad ?

Ça dépend. Mais la plupart du temps, nous jammons ensemble dans le local de répétition et une fois que nous avons une idée approximative d'un couplet et d'un refrain, nous faisons une démo et j'écris les voix par-dessus. J'ai tendance à les ajouter une fois que tous les instruments sont bien en place. Je n'ai pas l'habitude de m'asseoir avec une guitare et d'écrire une chanson entière ou quelque chose comme ça.

Il y a beaucoup de groupes qui viennent d'Irlande ces dernières semaines et ces dernières années, en particulier The Murder Capital, Fontaines D.C. ou Just Mustard que vous avez mentionnés. Est-ce que c'est quelque chose d’aidant de voir des artistes de ton pays émerger ou, au final, est ce que cela n'a pas vraiment d'importance ?

Lorsque je rentre chez moi, j'entends tout le temps parler de nouveaux groupes qui me sont inconnus. Quand j'étais à l'école, je pense que nous étions les seuls à faire de la musique, mais aujourd’hui, dans l'école où je suis allée, il y a, je dirais, six groupes différents incroyables qui en proviennent. Et je pense que le fait de voir des Irlandais percer au Royaume-Uni et en Amérique, inspire vraiment de l'espoir. Tu te dis « Et pourquoi pas nous ? ». Je pense que pendant longtemps, les gens pensaient qu'ils ne pourraient jamais quitter l'Irlande ou que s’ils réussissaient ce ne serait qu'au pays. Mais voir des groupes comme Fontaines D.C. réussir aussi bien est vraiment très inspirant. Ça a été important pour nous et j'espère que nous pourrons inspirer les plus jeunes également dans le futur.

J'ai lu que vous alliez bientôt jouer des concerts acoustiques. Est-ce un exercice qui vous plait ? Quand on connait votre musique c’est assez surprenant de vous imaginer jouer sous cette forme, même si bien sur l’acoustique n’est pas incompatible avec la musique de NewDad. Est-ce qu'il y a eu des versions antérieures, par exemple des démos qui étaient jouées en acoustique ?

Non, je n'avais jamais joué de guitare acoustique. Donc, oui, c'est quelque chose d’un nouveau genre pour nous. Nous avons décidé de faire ça pour quelques émissions de radio et pour les disquaires, parce que nous ne pouvions pas jouer de manière aussi forte et bruyante comme sur le disque. Mais en fait, c'est très amusant. C'est plutôt sympa de jouer des versions alternatives, d'une certaine manière. Cela nous plaît.

Quand aurons-nous la chance de vous revoir sur scène en France?

Je ne sais pas. J'espère que nous ferons quelque chose comme un festival en été. Je crois que nous avions envisagé quelques dates en Europe, mais rien n'a été finalisé. Nous avons adoré chaque fois que nous avons joué à Paris, c'était tellement amusant. Le public était vraiment enthousiaste et nous a vraiment très bien accueilli.

Pour terminer, je voulais savoir si vous aviez encore du matériel supplémentaire pour une autre sortie cette année ?

Oui, nous avons beaucoup de morceaux écrits. Nous allons juste essayer de trouver le temps de retourner en studio car avons beaucoup de musique que nous voulons enregistrer et sortir. MADRA est terminé environ depuis un an et nous voulons passer à autre chose.