Tom McRae

Ah, The World! Oh, The World!, ton précédent album, est sorti il y a sept ans maintenant. Pourquoi a-t-il fallu attendre aussi longtemps pour avoir ce nouveau disque ?

J'ai sorti un album avec une amie galloise, Lowri Evans, en 2021 mais il est vrai que ce n'était pas Tom McRae. Ce projet de faire un disque de duos avec des artistes français aurait dû prendre dix-huit mois et cela a pris, au final, quatre ans.

Comment as-tu choisi les artistes qui sont sur l'album ?

Keren Ann je la connais depuis vingt ans. Il y en a beaucoup que j'ai choisi parce que j'aimais leur musique, tout simplement.

On trouve des gens connus sur cet album comme Keren Ann, Alex Beaupain ou Helena Noguerra, et d'autres qui le sont beaucoup moins...

J'ai découvert plusieurs de ces artistes via Spotify. Je me moquais complètement du fait qu'ils aient 100 000 followers ou juste 1000. Lorsque je les ai contactés j'ai été étonné qu'ils me disent qu'ils connaissaient ma musique. Cela m'a parfois mis un coup de vieux lorsqu'ils me disaient que leur père était fan de ce que je faisais.

C'est un disque de duos avec des artistes très différents les uns des autres mais cela reste au final un album de Tom McRae...

C'est vrai. J'aime évoluer musicalement. J'admire un artiste comme David Bowie qui a changé tout au long de sa carrière. J'essaie de faire cela aussi même si au final un disque de Tom McRae restera toujours un disque de Tom McRae, avec un certain style.

Le morceau avec Alex Beaupain est très fort émotionnellement parlant. C'est le titre le plus important du disque ?

Le plus important je ne sais pas, mais il est important, oui. Alex m'a envoyé les paroles. Nous avons parlé de l'émotion de l'hiver. Tout d'un coup cela a fait sens. Alex écrit magnifiquement, je trouve que ce titre sonne comme un classique pop français.

Tu as toujours eu une relation forte avec la France. Est-ce que cet album est ta déclaration d'amour à notre pays ?

D'une certaine manière, oui. J'ai été disque d'or en France pour mon premier album. J'ai joué à l'Elysée-Montmartre, à la Cigale, à l'Olympia, à Rock en Seine... Et puis la France ce n'est pas uniquement Paris et j'ai eu la chance de jouer à Marseille, à Montpellier...

Tu chantes plusieurs titres en français. C'est ta première fois dans notre langue ?

Non, j'avais déjà sorti une reprise de La Nuit Je Mens d'Alain Bashung pour le magazine Magic.

Cela a été difficile d'oser le français ?

Oui et non. Je voulais le faire bien. Les Français chantent d'une certaine façon, très différente de celle des anglo-saxons. J'ai dû apprendre cela. J'ai cherché à être le plus précis possible. Les différents artistes présents sur l'album m'ont beaucoup aidé.

Ta musique a toujours eu un côté littéraire. Le français possède ce côté. Tu voulais aller vers cela ?

Oui. Les paroles de U2 ou Coldplay marchent partout dans le monde et pourtant ce n'est pas très élaboré. L'écriture française est très intéressante, notamment dans le hip-hop.

Tu as enregistré le disque en France ?

Entre la France et l'Angleterre.

Est-ce que ton ambition est de faire pleurer l'auditeur ?

Absolument. Je suis content que tu ressentes cela. La plupart des artistes créent pour se faire applaudir. Moi je crée pour faire pleurer les gens. Le monde part en vrille et j'ai toujours voulu faire une musique qui célèbre la vie. Une musique émotionnelle.

Tu es fils de pasteur. Il y a quelque chose de spirituel dans ce que tu produis...

Je pense, oui. Pour autant je n'ai jamais été croyant. Chanter à l'église amène quelque chose d'émotionnel. C'est vrai qu'il y a une part spirituelle dans ma musique.

Il y aura de nombreuses dates en France au moment de la sortie du disque...

Oui et ce n'est pas encore assez. Je reviendrai l'an prochain pour d'autres concerts. J'adore jouer live, partager des émotions avec le public. Quand je vais voir Nick Cave ou Bruce Springsteen je ressens quelque chose de particulier. J'essaie de donner ce genre de choses aux gens.

Le milieu de la musique est devenu très difficile. Tu as eu la chance d'avoir deux de tes morceaux qui ont été utilisé pour des spots publicitaires de Kenzo. Cela t'a aidé ?

Cela a changé ma vie. Je ne suis pas une star mais beaucoup de gens apprécient ma musique. Le réalisateur des pubs Kenzo aimait ma musique. C'est comme cela que ça s'est fait.