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Remember Remember
Mogwai

Paris, Folies Bergère - 4 juillet 2011

Live-report par Julien Soullière

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C’est le souffle court que nous arrivons devant les Folies Bergères, qui restent à n’en pas douter l’un des lieux de spectacle les plus emblématiques de la capitale. A notre grand étonnement, la foule qui s’amasse sur le trottoir est assez éparse, ne méritant pour ainsi dire cette appellation, et c’est donc sans mal aucun que nous nous glissons jusqu’aux vigiles pour la coutumière vérification des sacs. La veste immaculée de poussière, l’homme qui se charge de nous effectue un contrôle rapide avant de nous diriger, le visage fermé, vers les personnes qui nous délivreront le précieux sésame nommé « invitation », et sans lequel notre chemin s’arrêterait ici.

L’imposante porte menant au balcon ne nous est maintenant plus invisible. Alertes, nous gravissons d’un pas décidé les marches qui nous séparent d’elle et de ce qui se joue de l’autre côté. Car, nous l’entendons, Graeme J.D. Ronald (aka Remember Remember), petit protégé de la tête d’affiche du soir, est déjà sur scène, et nous sommes assez curieux de voir ce que le bonhomme à dans le ventre.

 

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Enfin, nous y sommes. Une fois nos yeux habitués à la pénombre, nous nous mettons en quête d’une banquette inoccupée. Rien de moins simple : la salle est déjà copieusement remplie, et il s’avère en conséquence compliqué de différencier un fauteuil vide d’une assise momentanément désertée par un propriétaire attentionné, alors en quête de boissons fraiches pour lui et ses comparses. Pourtant, tout vient à point à qui sait attendre : le Saint Graal s’offre enfin à nous, et c’est confortablement installé (enfin, n’exagérons rien), que nous faisons fi du superflu pour nous concentrer sur ce qui se passe par delà la rambarde.
Seul, Graeme J.D. Ronald apparait comme minuscule sur cette large scène, acculé entre une salle parsemée d’individus au devant, et, juste derrière lui, une horde belliqueuse d’instruments, de caisses et d’amplis, que l’on croirait presque s’être entendus sur quelque plan visant à faire chuter l’artiste de son perchoir. Pas lâche pour un sou, bien que visiblement intimidé par la marée humaine à laquelle il fait face, Graeme livre sa musique, purement instrumentale, le plus tranquillement du monde ; une musique faite de tout et de rien, d’élans de poésie comme de relents macabres. Nerveuse parfois, paisible souvent, elle semble faire son petit effet : si certains lui préfèreront la douceur perverse d’une cigarette, les applaudissements nourris qui sanctionnent chaque fin de titre tendent à prouver que l’écossais a, in fine, trouvé son public. Il faut dire qu’à défaut de dynamiser la salle (les fans de Mogwai en avaient-ils seulement besoin ?) et de laisser en nous ce qui façonnent au gré du temps d’impérissables souvenirs, Graeme a parfaitement su incarner, armé de sa seule guitare et d’une boite à rythme, le calme excitant qui précède la tempête.

Les roadies s’activent, fendant de leurs mouvements brusques les amas de poussière qui lévitent dans les airs. Tandis que d’aucuns sortent s’en griller une, d’autres préfèrent rester sagement assis dans leur fauteuils, à se raconter leur « dure journée de travail », ou bien encore à imaginer la setlist du soir, Mogwai aimant à varier les plaisirs de salle en salle.
Les écossais ne tardent d’ailleurs pas à dévoiler le bout de leur instrument; leur montée sur scène était prévue à 21h, tout juste s’il y a un retard à déplorer. Accompagnés dans leur élan par le violoniste Luke Sutherland, les cinq compères s’exposent aux lumières et aux cris d’un air assuré, celui-là même qu’arborent les vieux briscards qu’ils sont, et à qui on ne la fait plus depuis longtemps déjà.

 

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Mogwai se mettent rapidement en place, désireux de ne pas perdre plus de temps encore, et ce sont les notes de White Noise qui bientôt retentissent entre les murs des Folies Bergères ; un choix peu surprenant, les écossais ayant pris pour habitude, du moins depuis la sortie de leur dernier opus, de démarrer leurs sets par le biais de ce morceau. Suspendu au fond de la salle, l’écran installé pour l’occasion nous fait l’honneur d’animations qui ne sont pas sans nous évoquer Space Invaders, et qui, en l’état, ne présentent donc pas grand intérêt ; l’on peut donc se concentrer sur la musique, même s’il faut bien reconnaitre qu’à d’autres occasions, les images projetées apporteront un plus indéniable (les images du clip de How To Be A Werewolf, par exemple, se mariant à la perfection avec le dit-morceau).
Côté setlist, nous avons le droit ce soir à un très joli panachage d’époques et d’albums, et ce même si le groupe a choisi de faire la part belle, mais c’était une évidence, à Hardcore Will Never Die, But You Will. Ainsi, si l’on entend résonner des Rano Pano, You’re Lionel Richie et autres Mexican Grand Prix, Mogwai se plonge également dans des méandres plus anciens, d’où nous parviennent un méchamment burné I'm Jim Morrison, I'm Dead, mais également les immenses Mogwai Fear Satan et Batcat (ce dernier ayant été réclamé corps et âme, et toute la soirée durant, par une poignée de fans irréductibles, dont la tête n’a cessé de bouger de bas en haut et de haut en bas), deux pépites que celles et ceux présents au Trianon en mars dernier n’avaient pas eu le ravissement de se voir proposer.
Gorgée de moments épiques et parfaitement maîtrisés, la soirée connaitra cependant l’un ou l’autre coup de mou : si c’est le silence qui règne en maître dans la salle à ce moment là, difficile d’imaginer que le mièvre Cody (contraction de « Come On Die Young »), et son chant pour le moins bancal, aient pu convaincre l’assistance. De manière générale, il est également à déplorer que le groupe, exception faite de l’inénarrable Stuart Braithwaite, n’ait pas brillé plus intensément par son jeu scénique.

Une broutille, dirons-nous, au regard de la puissance de feu délivrée par nos post-rockeurs d'écossais (aidé en ça par une sono aux petits oignons). Il paraîtrait même que les murs en saignent encore.
setlist
    REMEMBER REMEMBER
    Non disponible

    MOGWAI
    White Noise
    Friend Of The Night
    Cody
    I'm Jim Morrison, I'm Dead
    Rano Pano
    Letters To The Metro
    How To Be A Werewolf
    San Pedro
    Killing All The Flies
    You're Lionel Richie
    Hunted By A Freak
    Mogwai Fear Satan
    Mexican Grand Prix
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    Batcat
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