Après un passage tonitruant il y a quelques mois à peine au Nouveau Casino,
Art Brut nous avaient laissés sur notre faim et nous trépignions d'impatience à l'idée de les retrouver en tête d'affiche.
C'est finalement la Maroquinerie qui accueille Eddie Argos et sa bande. Le décor est posé, et quel décor ! La petite fosse enclavée, la chaleur étouffante, la salle de la rue Boyer semble le lieu fait pour Art Brut. On s'attend donc à passer un concert inoubliable.

Dernièrement, comme il nous l'explique sur son blog, Eddie a eu un gros coup de cœur pour un duo anglais,
The Lovely Eggs , et a donc décidé d'inviter le couple à assurer leurs premières parties. Holly Ross (au chant et à la guitare) et son mari David Blackwell (au chant également et à la batterie) pourraient, sur le papier, nous faire penser à The White Stripes dans le concept... mais il n'en est rien ! Le duo, à la ville comme à la scène, partage avec Art Brut un goût prononcé pour les compositions décalées. La demoiselle donne de sa personne pour convaincre les spectateurs : roulade arrière (en mini-jupe, s'il vous plaît!), guitare maltraitée. The Lovely Eggs offrent une poignée de titres dépouillés, bruts, avec toute la rage que l'on peut attendre ; du rock où l'on se fout de chanter juste mais où l'on compense par le bruit et le plaisir de jouer. Une fin en apothéose sur
Have You ever Heard A Digital Accordian et nous sommes déjà comblés de ce début de soirée.
Le temps de sortir quelques instants prendre l'air, boire une bière et nous ne sommes même plus étonnés de voir traîner Jasper Future dans le coin, rigolant alors qu'il est sensé monter sur scène quelques minutes plus tard. On sait d'ores et déjà qu'
Art Brut vont réussir, comme à leur habitude, à mettre d'emblée le feu à la salle de la manière la plus simple et la plus naturelle qui soit. On redescend vite dans la fournaise qui, sans être comble, s'est bien remplie par rapport à il y a une heure.

Les lumières s'éteignent, les quatre musiciens, sans leur chanteur, font leur apparition sur scène et entonnent les premières notes de
Formed A Band. Ils osent le faire ! Jouer leur plus gros tube dès le début du set. Grillent-ils leurs cartouches sans attendre ? On en doute fortement, on sait qu'ils en ont sous le pied. Eddie Argos arrive finalement, aussi souriant que bedonnant et le groupe part alors dans ce qui sera une épopée complètement dingue de près d'une heure et quart.
Inutile de détailler et de disséquer chacun des morceaux joués : les fans, venus nombreux, seront comblés. Le groupe balaie sa discographie, un « Ready Art Brut ? » initiant chaque début de titre. On les sens fatigués d'une longue tournée qui les a promenés à travers l'Europe mais malgré tout, ils donnent sans compter.
On danse, on pogote, on sue sang et eau, on s'amuse, on chante à tue-tête. Les cinq membres du groupe semblent aux anges de voir un public si enthousiaste mais c'est tout bonnement parce que Art Brut nous mettent le sourire, nous fatiguent, nous donnent mal aux pieds, à la gorge à force de hurler.
Cette soirée aura été chaleureuse à souhait, éprouvante physiquement, mais les Anglais auront réussi à faire encore mieux que lors de leur dernier passage. Des monstres en live, qu'on se le dise !