Le festival Les Inrocks Black XS, c'est un peu le G20 de la musique à Paris. Pendant six soirées, c'est la crème du rock, du folk, de la pop et de l'électro qui va se succéder sur différentes scènes parisiennes. Et vendredi soir, c'était donc la Boule Noire qui se voyait accueillir les britanniques de
Fixers, les über-Américains
Mona et
Viva Brother qui signaient avec cette date leur première apparition dans la capitale, le concert du mois de juin ayant été annulé. En effet, le groupe s'était vu proposer la première partie de leur héros de toujours Morrissey. Excuses bien évidemment acceptées.

C'est donc vers 20 heures, dans la maintenant très habituelle cohue de revendeurs, plus du tout à la sauvette, et des allers-retours des musiciens et roadies, que nous nous frayons un passage dans la petite mais néanmoins chaleureuse annexe de la Cigale. Organisation rodée et timing impeccable, c'est à 20h15 que
Fixers, les petits prodiges d'Oxford, font leur entrée sur scène. Entre psychedelia, rythmes folk et voix éthérée, le groupe offre au public encore épars une prestation rafraichissante.
Fans des Beach Boys comme de MGMT, les cinq membres démontrent indéniablement leurs capacités, si ce n'est de showmen, en tout cas de troubadours, capables d'insuffler une bonne dose de bonne humeur. Quarante-cinq minutes plus tard, c'est donc une foule passablement ravie qui laisse le groupe partir tranquillement, laissant l'impression que ces gars-là atteindront, espérons-le, la popularité des aussi enjoués
Friendly Fires.

Changement de plateau. Juste le temps d'aller se chercher une bière et de croiser aux toilettes quelques anglaises en tenue de guerrières - talons aiguilles et mini-robes - venues pour soutenir
Mona, que le groupe en provenance du Tennessee balance ses premiers accords.
S'il ne fait certes pas la tête d'affiche, c'est pourtant bien Mona que la majorité du public est venu voir. Côté anglais, on fait inéluctablement, à un moment de sa carrière, allusion aux sixties. Le groupe Américain, lui, n'hésite pas à piquer les codes vestimentaires de la période Elvis (Jeans 501, coupe courte, allure de blouson noir) quitte à mixer le tout avec un rock aux accents très nineties,
Semisonic en tête.
Batterie tenace et refrains assassins, la cohorte de fans et de groupies reçoit ce qu'elle attend. Quand à nous, nous en sortons groggy, en partie à cause de la balance qmettant trop la basse en avant, et aussi parce que nous avons peut-être passé les trois quarts d'heure du concert à trouver les influences évidentes du groupe. Groggy certes, mais on ne peut décemment pas nier que le groupe est taillé pour les radios campus et autres FM américaines. Du gros son et une bonne dose de bonne humeur, on leur souhaite tout le meilleur.

Vers 22 heures, alors que le le chanteur de Mona discute avec quelques fans et amis, son « birthday hat » sur la tête (anniversaire qu'il fête ce soir-là) et son t-shirt très souvenir beauf de Pigalle à l'effigie de parisiennes à seins nus, il est temps, de sortir s'aérer, voire se chercher un bout à manger en attendant
Viva Brother qui, aussi ponctuels que leurs prédécesseurs, se présentent à 22h20 sur scène.
Le premier rang est exclusivement occupé par des fans ayant attendu l'arrivée des quatre gars de Slough depuis le début de la soirée, une quinzaine de filles surtout composées d'ex-fans des nineties qui se demandent à l'aube de 2012 que sont devenues toutes leurs idoles. Car Viva Brother, c'est malgré un charme indéniable, LE groupe britpop par excellence, arrivé malencontreusement quinze ans trop tard. Du haut de leur jeune âge, ils ont pourtant assimilé tous les codes qui avaient fait de 1994-1997 une période musicalement faste.
Guitares en avant, look travaillé, ceux qui avaient commencé par jouer de l'emo (si, si!) revendiquent maintenant une filiation dans la noblesse rock n' roll. Ils jouent donc ce soir huit titres tirés de leur premier album
Famous First Words. Démarrant avec
High Street pour chauffer une salle qui s'est passablement éclaircie durant le break, le groupe tente de se mettre dans la poche un public parisien qui a l'air résigné. C'est avec
Fly By Nights et surtout
New Year's Day que la sauce semble prendre. Deux titres plus tard, les Viva Brother terminent leur set par le très Oasisien
Still Here,
Darling Buds Of May et leur dernier single en date,
Time Machine.
Austin Powers du rock, les Viva Brother ont convaincu tout en laissant un arrière-goût de tribute band. A eux de prouver que leur engagement musical dépassera les limites de leurs influences.