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Viva Brother

Interview publiée par Claire le 18 novembre 2011

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Prétentieux légitimes, héritiers de la longue tradition du rock britannique ou jeunes fêlons d'une banlieue middle-class, convaincus que la relève du rock passera par eux, Viva Brother étaient surtout, à quelques heures de leur passage sur la scène de la Boule Noire, quatre jeunes types plutôt contents d'être à Paris pour la soirée. Le groupe mené par le très en forme Lee Newell affichait un air détendu et c'est autour d'une bière belge, entre impertinence Gallagherienne et joie perceptible pour cette célébrité durement acquise, que nous avons rencontré les nouveaux lads de Slough.

Vous donnez votre premier concert à Paris ce soir. Comment vous-sentez-vous?

Joshua : Totalement excités !
Lee : Ça fait un peu partie du rêve de tout groupe de rock de faire la tête d'affiche d'un festival ici. Il faut faire Londres, New York, Milan, Paris... Attention, les types de Viva Brother sont lancés sur la scène internationale !

Revenons un peu sur le changement de nom du groupe. En juin, nous avons reçu un mail nous informant du passage de Brother à Viva Brother pour des raisons légales...

Samuel On savait qu'on allait devoir changer de nom à un moment donné. Brother, c'était peut-être un peu trop connu déjà.
Lee : C'est notre public qui a choisi d'accoler Viva à Brother. Viva, ça veut dire « longue vie à ». D'une façon assez générale, on a pu garder notre nom et Viva ajoute une touche positive à cet événement un peu négatif. Et la musique reste la même.

Votre album a reçu beaucoup de critiques positives. Comment expliquez-vous ce soudain regain d'intérêt pour des groupes à guitares ?

Lee : C'est surtout qu'il manque ce type de groupes depuis presque dix ans. Les radios ont filtré tous ces groupes et nous ont balancé de l'électro en oubliant le public qui, lui, voulait toujours du rock.

Comment expliquez-vous que certains animateurs de radio, populaires en Grande-Bretagne, et que les gens se soient tournés surtout vers vous depuis quelques mois ?

Frank : On n'a pas peur de faire du rock, voilà pourquoi.
Lee : Et on n'a pas peur d'écrire des gros tubes, qu'on peut chanter à tue-tête dans les pubs ou les stades.
Josh : En Angleterre, surtout, les groupes ont préféré mettre l'accent sur leurs tenues et leur attitude en oubliant totalement qu'ils étaient là avant tout pour faire de la musique.
Samuel : Il y a pourtant pas mal de groupes qui ont du potentiel mais qui se contentent de faire quelque chose ressemblant vaguement à du shoegaze sans grande ambition.

Chez vous, qui écrit les chansons ?

Frank : On écrit ensemble, c'est vraiment un truc de groupe.
Josh : On laisse nos égos à la porte du studio quant on bosse.

Vraiment ?

Lee : Non, pas vraiment en fait (rires) !

Qui a le mot de la fin alors ?

Lee : Moi. Toujours moi bien sûr.

Est-ce que vous avez le temps d'écrire de nouveaux morceaux en tournée ou est-ce que vous vous concentrez exclusivement sur les concerts ?

Lee : Non, on n'écrit jamais en tournée. Les seuls moments que l'on a pour être vraiment créatifs, c'est la balance. Mais on a déjà pas mal de titres sur lesquels on avait travaillé avant la tournée. Et on écrit vite aussi, donc ça aide. Le prochain album est quasiment bouclé en fait. On devrait avoir fini de l'enregistrer vers le milieu du mois de janvier.
Josh : C'est un peu en fonction de la maison de disques surtout. On n'est pas de grands fans des groupes qui sortent un album et après attendent quatre ou cinq ans pour en balancer un nouveau. Sérieusement, c'est se foutre de la gueule du public !
Frank : Non pas qu'il faille sortir n'importe quoi tous les ans mais bon, si on continue d'écrire comme on le fait maintenant, on est largement capable de sortir un album tous les dix-huit mois.

C'est votre premier album, votre première tournée. Que retirez-vous de cette expérience et qu'avez-vous appris jusqu'ici, sur la façon d'écrire, de réagir face à différents publics ?

Frank : Moi, ça me donne surtout l'impression que le monde est vraiment petit.
Samuel : Les cultures sont différentes mais les publics réagissent tous bien. Au Japon, les gens sont très réfléchis, posés et accueillants alors qu'à Londres, ils sont...
Lee : Totalement cinglés !
Samuel : Je dirais plutôt qu'ils vivent le concert de façon intense.
Lee : Pour nous, c'est surtout une façon de voir à quel point les gens partout dans le monde adorent nos titres en fait. On peut jouer à Boston, devant cent personnes, comme au Japon devant des milliers. La réaction est toujours la même.

Sur votre site, vous vous définissez avant tout comme « un groupe anglais qui vient de Slough ». Est-ce que cela résume Viva Brother ?

Samuel : Ça le résume assez bien en fait.
Lee : Dire que l'on vient de Slough est très important pour nous.
Samuel : Le truc, à Slough, c'est qu'une fois que tu es assez âgé pour comprendre un peu où tu vis, tu n'as qu'une envie, c'est de te barrer de là !
Lee : Donc ça veut tout dire sur notre hargne de faire de la musique pour se barrer de ce trou en fait. Même si, malgré tout, une fois qu'on aura fini la tournée, la seule chose dont on aura envie, c'est d'y retourner. Bizarre, non ?

On incarne la musique en fait. La musique, c'est nous. Voilà ce dont les gens doivent se souvenir.

Dans quelques interviews, vous dites être le futur de la musique. Vous y croyez vraiment ou vous jouez les arrogants pour la presse ?

Lee : On incarne la musique en fait. La musique, c'est nous. Voilà ce dont les gens doivent se souvenir.

Que pensez-vous alors des déclarations de Liam Gallagher à votre encontre ? On rappelle qu'il avait raconté un peu partout que vous n'étiez qu'un groupes de petits bourgeois tatoués. Et surtout, est-ce qu'il a dit est vraiment important ou est-ce juste le fait qu'il ait remarqué que vous existiez qui est important ?

Josh : Personnellement, ça m'a fait plutôt plaisir en fait. C'est Liam Gallagher quand même !
Frank : Disons que, de notre point de vue, ça nous a fait de la pub gratuite. Liam Gallagher dit quelque chose et bam, tu as un tas de gens qui lisent l'article et entendent parler de nous. Donc, c'était plutôt excitant en fait.
Lee : En tout cas, moi, je m'en fiche de ce qu'il pense. Ce n'est pas comme si Noel Gallagher avait eu un avis négatif sur Viva Brother. Et c'est plutôt drôle vu qu'on l'a croisé au Japon lors d'un festival et qu'il nous a dit qu'il blaguait... Sans compter qu'il a même souhaité un bon anniversaire à Josh !

Alors, plutôt Beady Eye ou Noel Gallagher's High Flying Birds?

Frank : Sans aucun doute, l'album de Noel.
Lee : Certainement pas Beady Eye en tout cas. Je veux bien leur accorder une bonne production mais les chansons... Enfin, on ne va pas charger la mule !

Si notre musique ressemble à de la Britpop, quel est le problème ?

Certains vous reprochent de faire de la musique passéiste, de tenter de remettre au goût du jour la Britpop. Que leur répondriez-vous ?

Lee : Ils n'ont qu'à venir me voir. Je leur montrerais ce bon vieux « V-sign » !
Frank : Ils n'ont qu'à nous laisser faire ce qu'on aime. Si notre musique ressemble à de la Britpop, quel est le problème ? Certains journalistes en Angleterre sont juste trop paresseux et n'arrivent plus à écrire des articles sans comparer les groupes qui démarrent à d'autres. Ils sont juste bons à écrire des trucs négatifs. Personnellement, je me fiche de leur avis.

Autour de quelles influences vous-êtes vous retrouvés ?

Lee : Il faut bien admettre que c'était à cause de notre passion commune pour la Britpop au départ.

Vous citez très souvent Morrissey aussi...

Lee : Bien sûr, on adore Morrissey.
Frank : Et Nirvana aussi !
Samuel : Les Stones Roses...
Lee : En fait, on aime les groupes qui savent écrivent des vraies chansons populaires et pas des trucs pleurnichards ou pseudo-électro pour un petit groupe de connaisseurs.
Samuel : Pour revenir à la Britpop, c'était le moment où les groupes n'avaient pas peur de faire de bonnes chansons, pas peur de se mettre en avant et d'être fiers, à outrance certes, d'eux-mêmes donc il est évident, au moins dans l'attitude, que cette période nous tient tous assez à cœur.

Justement, Samuel parlait de Stone Roses, vous allez aux concerts du mois de juin pour le grand retour du groupe ?

Frank : Tu vois le type là-bas ? C'est notre manager. Il a réussi à avoir trois billets, ce qui signifie qu'il peut en donner à deux d'entre nous. La question est : à qui va-t-il les donner ?
Lee : On n'a qu'à dire qu'aucun d'entre nous n'y va.
Josh : Tu rigoles ? N'y va pas, mais moi, j'y vais !
Frank : En tout cas, il m'a déjà promis un billet, donc, les mecs, vous vous débrouillez !
Lee : Evidemment, si j'avais un billet, je ne cracherais pas dessus, mais je ne veux pas qu'ils se mettent à nous chanter des nouvelles chansons. J'y vais pour entendre I Wanna Be Adored et point barre.

Votre dernier single, Time Machine, est accompagné d'un clip très sixties. C'est quelque chose que vous vouliez dès le départ ?

Lee : C'est le clip qu'on a toujours voulu faire. Dès le départ, quand on s'est mis à faire de la musique, on s'était dit qu'un jour, on sortirait un clip comme celui-là.
Samuel : Et c'est un peu la porte de sortie de notre album. C'est la chanson et le clip qui pointent dans la direction de ce que l'on veut faire dans notre prochain album.
Lee : On veut aller vers des titres et une ambiance beaucoup plus psychédéliques et c'est vrai que ce clip ouvre bien la voie. On expérimente pas mal; on aimerait bien inclure plus d'électro, plus de psychedelia.
Frank : Je pense que les gens auront beaucoup plus de mal à retrouver nos influences premières sur ce nouvel album. On grandit tous en tant que musiciens en ce moment.
Lee : Quand les gens entendront ce second album, je peux t'assurer qu'ils se demanderont comment on a réussi à écrire des titres aussi bons.

Quand les gens entendront ce second album, je peux t'assurer qu'ils se demanderont comment on a réussi à écrire des titres aussi bons.

Question facile : et si, justement, vous aviez une machine à remonter le temps, où iriez-vous ?

Lee : Je reviendrais à il y a quinze minutes, pour refaire une autre interview. Revenir au début du dix-neuvième siècle à Londres pourrait être vraiment cool.
Frank : C'était la grande époque des pubs, ça pourrait être génial de voir tous ces bars enfumés, voir un peu comment ça se passait.
Lee : Retourner à la création des pubs. Un putain de rêve.
Josh : Et voir quel goût avait la bière à l'époque.

Votre album s'intitule Famous First Words. Parlons un peu de vos premières fois en tant que groupe. Première fois où vous vous êtes dits « Avec Viva Brother, on est sûr de réussir » ?

Lee : En juillet 2009 pour être précis.
Frank : On s'est surtout dit qu'il fallait qu'on réussisse.
Lee : En juillet 2009, on a écrit pas mal des titres phares de Famous First Words et on s' est dit qu'on tenait vraiment quelque chose avec ces chansons.

Première chose que vous avez faite en entendant votre chanson à la radio ?

Frank : Monter le son !
Samuel : Non, plutôt éteindre la radio ! C'était très bizarre en fait !
Lee : On était à Londres. C'était juste surréaliste. Et on est parti picoler.

Première chose que vous ayez faite après avoir signé un contrat avec votre maison de disque ?

Lee : C'était l'anniversaire de Samuel.
Josh : Et donc, on est parti picoler... C'est pas possible, on va vraiment passer pour des alcooliques !
Lee : Pas à ce point-là ! On s'est payé du bon champagne français. On voulait ouvrir la bouteille et en balancer partout, histoire de fêter ça, mais gâcher un tel champagne, ce n'était juste pas possible.
Josh : On a juste balancé les dernières gouttes, histoire de dire (rires) !

Revenons un peu à la musique. Avec quel groupe rêveriez-vous de jouer ?

Lee : Aucun. Jouer avec son groupe préféré, c'est juste bizarre. On a fait la première partie de Morrissey et, franchement, je n'étais pas très à l'aise. C'est tellement énorme que tu as du mal à vraiment être toi et à te donner à fond.
Frank : Et on a tourné dans beaucoup de festivals cet été, ce qui nous a permis d'expérimenter des publics, des groupes différents.
Lee : Disons que si je devais choisir un groupe que j'apprécie en ce moment, je dirais Yuck. Ils ont joué hier à la Boule Noire.

2011 a vraiment été votre année. Que peut-on vous souhaiter pour 2012 ?

Lee : On va se faire jeter par notre maison de disques. Plus personne ne nous aimera et on se suicidera. Non, sans rire, on a des tas de chansons en stock. C'est ça qui va nous passionner toute l'année prochaine.
Josh : Tout à fait. On est en train de devenir le groupe qu'on a toujours rêvé d'être et on va continuer à en profiter et à sortir des chansons que les gens aiment.
Lee : On va sortir nos meilleurs titres l'année prochaine et vous avez intérêt à être là quand cet album sortira parce que ce sera le meilleur de 2012.