Ce sont pas moins de deux prestations scéniques à deux heures d’intervalle que Nick Talbot, âme pensante de Gravenhurst, a donné à Paris vendredi dernier.
Tout d’abord vers 19 heures dans la boutique éphémère de Rough Trade, située dans une des boutiques Agnès B. Rue du Jour, où l’anglais présenta seul en acoustique cinq titres incluant les deux nouvelles chansons
The Prize et
Ghost Of Saint Paul. Puis aux alentours de 21h15 au Café de la Danse où cette fois il s’exécuta en formation trio.
Une bassiste/clavier/choriste et une batteur/choriste ont en effet investi la scène de la salle parisienne en sa compagnie pour un concert qui démarre très calmement avec
Damage II, extrait de
Flashlight Seasons, son second opus. Nick Talbot, concentré sur sa guitare, ressemble à un étudiant en informatique et pourtant sa voix aérienne et claire traverse de toute beauté les sonorités légères et enivrantes émanant de sa guitare acoustique.
Visiblement peu satisfait de son premier morceau, le britannique demande à l’ingénieur du son un peu plus de reverbe sur sa guitare avant d’enchainer sur
Nicole, titre paru en 2005 sur son troisième album. L’ambiance est intimiste et l’atmosphère générée par les trois musiciens évoque à certains moments les américains de Low, notamment avec les chœurs de la bassiste connotés Mimi Parker.
Ghost Of Saint Paul est le premier des titres de l’album
The Ghost Of Daylight, dont la sortie est imminente, a être interprété par Nick Talbot, et tout comme chez Rough Trade le chanteur guitariste exécute cette balade folk en solo. Avant de retourner vers un autre titre de
Flashlight Seasons, le leader de Gravenhurst essaye d’amuser un peu le public avec une blague qu’il ne peut raconter car il n’a tout bonnement pas pris le temps de la préparer. On sent bien que derrière cet humour parfaitement décalé le bonhomme n’est pas un joyeux drille et qu’il est bien plus à l’aise avec ses compositions qu’avec une séance de bavardage. Il repart donc vers ce qu’il sait le mieux faire et exécute deux nouvelles chansons. Tout d’abord
In Miniature, et l’idée d’un nouveau virage musical choisi par Gravenhurst commence à gagner les esprits du public. Gravenhurst serait-il devenu complètement folk ? La réponse ne tarde pas à arriver. Hé bien non !
The Foundry, nouvelle composition de l’album à venir et son clavier glaçant, constitue une parfaite transition entre la première partie du concert et celle qui va suivre.

Nick Talbot délaisse alors sa guitare acoustique pour une électrique et se lance dans une magnifique version, aux accents du Velvet Underground, de
Hourglass, premier extrait de son précédent album datant de 2007, suivi de
Saints tiré du même disque.
Black Holes In The Sand constitue le final de ce set, où la guitare de l’anglais s’électrifie enfin et déploie un parfait tourbillon de décibels dans le Café de la Danse. On n’y croyait plus !
L’anglais revient en solo mais toujours avec sa guitare électrique pour un rappel de trois titres.
The Prize, sorti en 45 tours à l’occasion du Disquaire Day, dans une version bien plus passionnante que celle présentée quelques heures auparavant chez Rough Trade. Les deux derniers titres
Bluebird et
Tunnels, donnent raison au public de ne pas s’être trop impatienté et d’avoir attendu Nick Talbot sortir de sa coquille. Car celui-ci prend véritablement son envol au cours des quatre derniers titres de son concert. Avec ou sans formation, c’est bien avec sa guitare électrique que ce petit magicien de la musique nous a émerveillés. Pourtant il nous abandonnera avec un peu de frustration d’une part à cause de la trop courte durée de son concert (1H10) et d’autre part l’omission du pourtant très attendu
The Velvet Cell qui ne fera qu’accroitre un peu plus nos regrets.
Il ne reste plus qu’à espérer un retour prochain du Monsieur dans une salle parisienne pour corriger cela et pour que nos rêves puissent enfin devenir réalité.