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Metronomy

Lyon, Nuits de Fourvière - 5 juillet 2012

Live-report par Olivier Kalousdian

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La veille au soir, les éclairs de chaleur zébraient le ciel de la vallée du Rhône au loin. Ce soir, les chances d’échapper à la pluie sous le ciel lyonnais, sont maigres. Peu importe. Les organisateurs et la majeure partie du public gardent le sourire, d’autant que la date du jour est complète depuis quelques semaines déjà avec 4400 personnes attendues. La jauge maximale du théâtre de Fourvière est atteinte pour cette soirée électro-hype.

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Plus jeune et moins rock que la veille pour le groupe Kasabian, le public lyonnais accueille les Nantais de C2C avec un plaisir non dissimulé et des fourmis dans les pieds. Originellement nommé Coups 2 Crosse, le quatuor de DJs français doit beaucoup à Birdy Nam Nam. Formée en 1998, la formation qui deviendra ensuite C2C et qui compte en son sein Greem et 20Syl, les fondateurs d’Hocus Pocus, laisse la part-belle aux influences Jazz Rap ou Afro Beat dans leur samples et petites compositions exclusivement sur machines binaires, rappelant à cette occasion que toutes les voies du Disco Mix Club - dont ils furent champions du monde quatre fois de suite - ne mènent pas forcément à Rome ni à l’intérêt de tous.
Nous les laissons interpréter, note pour note, un Intergalatic de leurs ainés les Beastie Boys dont les portraits illuminent leurs podiums habillés de LED pour un hommage à Adam Yauch et pour laquelle nous aurions aimé une réinterprétation pour ne pas tomber dans la facilité des discothèques. Il est temps d’aller s’abriter de la pluie, le temps que les tempos réguliers de Metronomy envahissent le forum.

Les ponchos de plastique, vendus au stand merchandising (seule fausse note de l’organisation compte-tenu des prévisions météorologiques) fleurissent sur les gradins alors que les nuages noircissent encore et ne laissent aucun doute sur la suite de la soirée. Joseph Mount pénètre seul sur la scène de Fourvière, il semble lui aussi dépité par le temps mais remercie le public de son abnégation. Personne n’a encore déserté les lieux et rien, ou presque, ne viendra perturber la ferveur lyonnaise.

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La setlist du groupe ne diffère guère de celle des concerts donnés à Solidays ou au Main Square Festival quelques jours plus tôt. L’introduction solo assurée par Some Written laisse planer des airs de concert jazzy électro tendance Supertramp et permet aux trois autres membres de rentrer sur scène, l’un après l’autre, à la suite de leur leader. The Bay, qui suit, rassure le peu d’auditeurs venus ici par curiosité et les titres suivant s’enchainent avec précision. En cela se trouve la qualité et le défaut de Metronomy sur scène : à l’instar du concert proposé à l'Hippodrome de Longchamp deux semaines plus tôt, la prestation démarre avec application et plante ensuite sa cadence dans un sol lourd et humide d’où elle aura du mal à se dépêtrer. Quelques titres moins connus du public prennent place en milieu de set avec des solos à contre temps et des dissonances volontaires jouées par des claviers criards laissant la plupart des fans du groupe un peu pantois. Difficile de comprendre la direction empruntée par celui dont le leadership ne fait aucun doute sur scène et qui a vu Gabriel Stebbing choisir un autre destin que celui de Metronomy avant l’enregistrement de The French Riviera qui allait, pourtant, rencontrer un succès international retentissant.

Joseph semble plus absorbé par ses visions, souvent avant-gardistes, du son de son groupe que par le spectacle et la capacité à subjuguer son audience. Lyon n’est pas le Sonar ou Primavera et la musique pop expérimentale de ces quelques titres très électroniques et non identifiables que l’on retrouvait sur leur premier album trouvent ici leurs limites. La pluie redoublant, quelques spectateurs abandonnent le forum et se dirigent vers la sortie. Mais ce ne sont que quelques défections et la fin du set, avec des titres comme The Look ou A Thing For Me, bien plus ancien, sont même repris par une partie du public, souvent féminin. On regrettera que Radio Ladio, par exemple, ne soit pas interprété ce soir, ce titre ayant définitivement imposé Metronomy en tant que formation électro-pop très novatrice mais néanmoins mélodique.
Avec une météo plombant quelque peu ce très bel espace antique ce soir, le groupe n’avait pas la partie facile. Ils obtiennent tout de même la moyenne et un final en forme de bataille de coussins encore plus importante que la veille sur la conclusion des Kasabian. Ce soir, certains quittent l’arène avec un gout d’inachevé et le sentiment que certaines formations ne peuvent s’exprimer pleinement qu’en studio et en parachevant au millimètre près leurs arrangements et autres mixages. Le secret de la pop électro live de qualité demandera encore quelques moments de travail et de réflexion à Metronomy.

Avec autant de membres volontaires, aux qualités peut-être sous employées, nul doute qu’ils détiennent le potentiel pour y parvenir rapidement. Comme le disait un certain César en ces lieux, jadis : Ne te repose pas sur tes lauriers, mais sur un coussin lyonnais !