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Metronomy

Interview publiée par Kris le 16 septembre 2008

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Fers de lance de la nouvelle génération électro-pop-rock de la scène anglaise, les trois gaillards de Metronomy sont en France pour la promotion de leur second album, Nights Out. Joseph Mount, Oscar Cash et Gabriel Stebbing nous parlent de fêtes, filles, voitures, de la conception de Nights Out forcément, de la scène musicale anglaise, et répondent à la question que leur avaient posé leurs compères de Late Of The Pier lors de leur interview sur SoV...

Comment a commencé l’aventure Metronomy ?

Oscar : Ça a commencé il y a très longtemps…
Joe : On avait quelque chose comme 16 ans lorsqu’on a commencé à faire de la musique ensemble. On a continué jusqu’à l’âge de 21 ans. La structure réelle du groupe composé de nous trois qui jouions en live est apparue il y a à peu près deux ans et demi, bien que cela faisait déjà un petit moment que nous jouions tous ensemble.
Gabriel : C’était naturel.

Votre musique est très inspirée par la disco électronique et la new wave. Ces genres font-ils parti intégrante majoritaire de vos influences personnelles ou bien est-ce juste ce qui vous inspire le plus musicalement ?

Gabriel : Je pense que la période des années 70 et 80 était très influente, mais pour moi elle était surtout très novatrice et ambitieuse. Mais Joe pourrait mieux vous en parler, il en écoute depuis plus longtemps, ses parents possédant de nombreux disques, alors que moi je ne m’y suis mis que plus récemment. Il y a cependant des groupes dont il est difficile de s’éloigner comme Blondie ou les Talking Heads, car c’étaient de gros groupes pop.
Joe : Il y a également les Strokes, dont le son est un peu étincelant, très tranchant.
Gabriel : Ils ont un tempo musical qui a plus à voir avec de la dance que du rock, plus dans un style traditionnel de musique à guitares. Je pense que la manière dont ils utilisent leurs guitares fût très distinguée à leurs débuts, les maniant comme des outils un peu groovy, qui font bouger.

Comment s’est déroulée la composition de votre dernier album Nights Out ?

Joe : J’écris les chansons au fur et à mesure, et jour après jour, l’album est devenu comme un complexe. Ensuite j’ai voulu avoir différentes opinions sur ce travail déjà effectué. Mais c’est comme si les choses s’emboîtaient après cela, en remaniant, en changeant la tracklist etc. Ca a pris plus longtemps que je ne le pensais néanmoins, ce qui n’a pas forcément plu au label. On ne pensait pas que ce serait aussi long, parce qu’on était en tournée également, en essayant des nouvelles chansons sur scène, et on avançait tout de même. Mais c’était plus long que prévu…

Quels sont les thèmes principaux de cet album ?

Gabriel : Faire la fête. Les filles. Les voitures.
Oscar : On est les Beach Boys en fait. (rires)
Joe : C’est marrant, parce qu’avant même que cet album ne soit conçu - et même si c'est un peu cliché - c’était plus simple d’écrire sur le thème des filles notamment. C’est plus facile de se plonger là-dedans et s’amuser à le faire. Toutes les meilleures chansons parlent de filles. Ou de voitures. (rires)

Quel genre de son avez-vous tenté de produire en terme d’instrumentation et de production ?

Joe : Notre premier album était plus du genre "fait en studio", il n’y avait pas encore réellement de réflexion en tant que groupe. Tandis que sur ce second album, on a voulu donner une orientation d’enregistrer comme si nous étions dans des conditions de live. Ainsi, on a utilisé de vrais instruments, comme la basse, le saxophone, la guitare pour moi. J’ai voulu obtenir un son un peu new wave, qui soit un peu nerveux...
Oscar : Je pense que cette volonté de sonner live t’a beaucoup influencé. Tu as commencé à écrire de manière un peu plus libéré.
Joe : C’est sympa également d’avoir pu sur cet album évoluer en tant que véritable groupe.

D’où vient le titre de l’album ? Encore une référence à la fête ?

Joe : En fait, j’ai eu l’idée de ce titre quand j’étais en vacances. Ca m’est venu quand je me suis demandé si quelqu’un avait déjà sorti un album sous le nom de Nights Out. Et apparemment, non. Le titre du dernier album était plutôt long… Nights Out laisse un peu une vague idée d’album concept autour du thème de la fête, alors ça nous fait un peu moins de promotion à faire.

Bien que les thèmes soient assez attractifs (fêtes, filles, voitures), musicalement, vos chansons sont plus retenues et bien moins entraînantes que ces sujets fédérateurs, évoluant à des niveaux différents. Est-ce un point de vue distancié voulu ?

Joe : Le genre de musique que j’affectionne – que nous apprécions tous d’ailleurs – est celui qui vient de l’intérieur, qui véhicule des émotions. Même sur le thème de la fête. Pour notre album, ce n’était pas quelque chose de prévu, de prémédité. Sur une chanson un peu enjouée, il n’est pas nécessaire d’avoir des paroles elles aussi gaies. On peut enchaîner une chanson sur la fête, puis celle sur les filles, puis sur les voitures. Mais on aime essayer de mélanger un peu les ambiances. Les gens s’y habitueront.

Pourquoi avoir signé avec Because, un label français ?

Joe : Je pense que c’est très bien pour un groupe anglais de sortir de l’industrie musicale anglaise, parce que les majors sont désormais très directrices. Si tu signes sur une major, tu dois t’attendre à être très rapidement compromis. Si notre album avait dû sortir sur une major, il y aurait eu peu de chances que l’on ait pu faire ce que l’on aurait voulu ; ils auraient tenté de rendre la production beaucoup plus lisse.
Oscar : C’est également parce que nous, on est généralement content de notre travail tel quel, mais de nombreux labels voudraient intervenir « Vous devriez engager un batteur », ils voudraient changer beaucoup de choses.
Joe : Il y a encore des labels qui laissent ces libertés aux artistes, notamment dans le hip-hop, mais il n’y a pas vraiment de label équivalent au Royaume-Uni concernant le rock.
Gabriel : Peut-être Domino, qui est un peu plus indie, avec une politique tournée vers l’artiste.
Joe : C’est aussi rafraîchissant de pouvoir se détacher de l’Angleterre, et découvrir par soi-même petit à petit toutes autres sortes de musique venant de partout dans le monde.

Justement, que pensez-vous de la musique anglaise aujourd’hui ? Pensez-vous que les labels influents dictent le son d’aujourd’hui ?

Gabriel : Il y a beaucoup de copiage de part et d’autres. Il y a par exemple eu Amy Winehouse, puis toute une ribambelle de même genre de chanteuses, pas forcément aussi talentueuses.
Joe : Oui, les gros labels suivent le sens du vent. Ils ont eu Amy Winehouse, alors tout devait sonner comme ça désormais. Ensuite il y a des groupes comme les Kooks qui ont du succès, et ils sont là « On veut plus de Kooks. Plus ! Plus ! ». Ils prennent de moins en moins de risques, et ça devient forcément beaucoup moins excitant.
Oscar : Plus personne ne tente sa chance. On avait rencontré les gens de Polydor dont le directeur artistique nous disait « Oui, je veux plus de chansons comme ça » en parlant de Heartbreaker. On était là à se dire « Tente le coup au moins ! ». C’est juste contre-créatif. C’est déprimant.
Gabriel : Ce qu’il y a, c’est que tous les petits groupes anglais là-bas ne jouent pas du coup à armes égales avec des groupes un peu plus reconnus. C’est dommage.

Vous avez concocté de nombreux remixes. Est-ce une partie intégrante de votre processus créatif ?

Joe : Cela aide pour la composition de nos propres morceaux. Avant cet album, je m'étais mis dans certains remixes, qui m’ont permis de pas mal m’entraîner et de tester des choses. C’est également pas mal au niveau financier (rires)
Mais je pense que ça va devenir assez secondaire dès à présent, et on va plutôt se concentrer sur notre musique. Beaucoup de gens connaissent les remixes, mais ne connaissent pas le groupe. On voudrait bien inverser la donne désormais.

Quel est le futur de Metronomy ?

Gabriel : Un nouvel album.
Joe : On a quelques dates également, avec quelques festivals. Puis peut-être partir en vacances après ça. Mais ce sera déjà bien de voir l’album vraiment sorti dans les bacs, et de voir comment il est reçu. On a beaucoup tourné ces derniers temps, et beaucoup travaillé, et la sortie de l’album marquera vraiment le coup ; on ouvrira quelques bouteilles de champagnes, et on pourra se dire qu’on a fait du bon boulot.

La semaine passée, sur ce même canapé étaient présents les Late Of The Pier. Vous les connaissez il me semble. Ils m’ont demandé de vous passer un petit message « Pouvons-nous récupérer notre virginité ? »

Oscar : Hors de question !
Gabriel : Ils m’avaient pourtant dit qu’ils étaient expérimentés !
Joe : Ils sont cons. (rires)