Demented Are Go

Une soirée dont l’un des groupes a créé un style musical est souvent une soirée qui restera dans les mémoires. Quoique, parfois, les groupes ressurgissent des abimes en trainant l’odeur âpre de l’avarice, ce qui se ressent souvent en live, car avarice rime souvent avec mauvaise prestation.

Demented Are Go est l’un des groupes instigateurs du psycho, dans un style plutôt Zombie contrairement aux autres groupes du même genre. Si nous avons eu l’occasion de croiser notamment le groupe allemand Madsinn, programmé depuis plusieurs années au festival de Dour en Belgique ou encore au Hellfest il y a quelques années, Demented Are Go jouent dans une autre cour, et c’est cela qui nous plait. D'autres groupes comme Banane Metallik, que l’on a pu voir au Tatoo Art Fest il y a deux ans, sont largement inspirés de ces derniers.
Ce soir, ce sont donc trois groupes coincés entre punk et rockabilly qui se sont succédé sur la petite scène de Mains d'Oeuvres à Saint-Ouen.



La France est à l’honneur avec les Manor Freaks, groupe originaire de Besançon. Comme il en convient pour toute première partie, le public laisse un espace de quelques mètres devant la scène. Pour quelles raisons ? Timidité ? Peur ? Odeur nauséabonde ? Il faut dire que le groupe n’a pas lésiné sur le maquillage, tous les musiciens étant grimés de la tête aux pieds. Le chanteur, Lord Greg, n’est pas venu pour plaisanter, il s’approprie Mains d’Oeuvres, grimpe même sur les poteaux qui soutiennent la scène, prend une douche de bière avec le public.... Il faudra quelques chansons pour que le public daigne s’avancer et comprendre que la chair putréfiée sur leurs visages n’est que maquillage et profiter de ce bon groupe de psycho.



A en entendre un fan très alcoolisé pour l’horaire, certaines personnes sont venues exclusivement pour The Peacoks. Formation suisse qui écume les salles depuis plus de vingt ans, dans un registre plus rockab' que punk ou zombie, ils sont les outsiders de la soirée.
Ils viennent jouer leur nouveau disque, Don't Ask sorti en septembre dernier. Ils conquièrent tout de suite le public qui s’en donne à cœur joie pour danser et se presser devant les retours de la scène. Une très bonne ambiance et une belle présence sur scène. Entre punk rock et rockabilly, leur son est plutôt bienvenu et apporte le petit quelque chose qui manquait à la soirée. Les riffs sont simples et efficaces. Le groupe a même le droit à plusieurs « one more » du public mais le couvre-feu de la salle a finalement raison de leur présence sur scène.

Arrivent alors les Demented Are Go, très attendus par tout le public venu se compresser sur la scène, les pintes de bières pleines à bouts de bras. Notre dernière rencontre avec eux remontait au Glaz'Art, en première partie du groupe de Punk GBH. Ce soir, ils viennent nous présenter leur album Welcome Back To Insanity Hall, sorti en mars.
On peut dire que Halloween est en avance, la qualité des maquillages étant assez surprenante : le chanteur a dû récupérer un manteau de fourrure sur une prostitué morte du nord de Londres, un pantalon en vinyle, les crippers léopard de rigueur, tout y est (ce costume a peut-être été créé pour illustrer leur nouveau titre Retard Whore ?).
Le look est très travaillé mais heureusement ce n’est pas ce qui les caractérise le plus. Selon Wikipédia, quelques détails sont importants à noter : à ses débuts, le groupe a commencé par jouer en acoustique, faute de moyens et surtout électricité. Vivant dans un squat pourri de la banlieue de Londres, il était en effet difficile de brancher des instruments. Autre petit détail spécial, leurs anciennes prestations incluaient « une scène de sexe avec des aspirateurs ». Ce qui, « malheureusement » pour nous, ne se déroulera pas ce soir sous nos yeux ébahis.



La voix du chanteur est rauque à souhait, un croisement entre Lemy Killmeister de Motörhead et Glenn Danzig des Misfits. Ceci donne un tout autre ton au concert, plus underground, plus intègre, plus glauque. On sent que Sparky n’est pas un enfant de coeur et qu’il donne plutôt dans les drogues dures que douces. Demented Are Go nous livrent leurs titres classiques ainsi que ceux du dernier album, notamment un Bodies In The Basement très rock & roll poussant nos vieux os à se trémousser et Lucky Charm, leur dernier single.
Le public est conquis et en redemande. Quand les premiers rifs de Heads On Pole retentissent, la vision d’un spectacle pyrotechnique en accompagnement ne nous aurait pas déplu, alors que quelques chansons nous font penser au film Une Nuit En Enfer de Tarantino, avec ce bar remplis de bikers et de filles de joie.

Les vêtements tachés de bière et de sueur, nous nous éclipsons en prenant soin de ne rien oublier dans cet amas de chair. Ce soir encore nous avons (sur)vécu (à) une expérience humaine... ou plutôt inhumaine. Un de ces concerts qui restent dans les mémoires. Chapeau bas les artistes !