Jake Bugg

Le Studio 104 de la Plaine Saint-Denis accueillait le jeune Jake Bugg en ce début d’année pour enregistrer son « Album de la semaine. » Une joyeuse foule à majorité adolescente a répondu présent pour ce mini-concert du surdoué de Notthingham. Même la presse hexagonale s’est récemment emparée du phénomène, le présentant comme le It-boy de 2013, une sorte de Justin Bieber folk-rock dont les mélodies adolescentes ont atteint immédiatement la première place des charts britanniques cet automne.



Le garçon arrive accompagné comme à son habitude de sa rythmique, que l’on évalue aussi jeune que lui. Les trois garçons s'installent sans un sourire, avec leurs looks de lads consanguins qui viennent de s’acheter des chemises sans vraiment savoir comment les porter et l’air aussi emballés d’être là que Monseigneur André XXIII à un concert de Mylène Farmer. Mais, après un bref mot d’amabilité balancé à la foule par un Jake Bugg toujours aussi peu expansif, le groupe entame la bien connue des téléspectateurs de Canal+, Two Fingers (récemment utilisée pour le Grand Journal) et le charme opère tout de suite. Alors, oui, nous n’assistons pas au plus funky des concerts ; mais l’agréable tube adolescent (« I drink to remember, I smoke to forget... ») est parfait pour commencer un set en douceur. Son batteur au toucher jazzy et son bassiste sont toujours impeccables et permettent à Jake de réciter sa leçon sans problème.

Il annonce alors une chanson à propos de sa ville d’origine, Trouble Town, avant d’enchaîner avec Seen It All. Les deux chansons sont d’une efficacité déconcertante, en particulier la seconde, très classe ce soir, tandis que le jeune chanteur profite de l’acoustique impeccable pour donner de la voix. La sombre Ballad Of Mr Jones, dans la plus pure tradition des conteurs folk américains, fait retomber le peu d’ambiance qui s’était créée avec le magnifique enchaînement du début.



Mais une reprise parfaitement choisie, Folsom Prison Blues de Johnny Cash, va relancer ce concert de la meilleure des manières pour apprécier en douceur la mélancolique Country Song avant un final plus rock'n'roll grâce à Taste It puis Lightning Bolt. Durant le premier, Jake nous gratifie d’un génial solo de guitare digne des plus grands. Mais tout ceci est un poil trop carré, trop préparé, trop policé. Tout au long du titre final, le public tape des mains en rythme avec la batterie histoire de dire « Ici c’est Paris, la ville où on tape dans nos mains pour mettre l’ambiance à un concert ! ».

Après huit chansons, c’est déjà fini. On remballe. Jake et son groupe partent comme ils sont venus : sans jeter un regard au public, l’air de s’être ennuyé ferme mais satisfaits de leur travail accompli. « Une journée de promo en moins » doivent-ils se dire... S’il ne fallait leur donner qu’un conseil, ce serait qu'ils se lâchent ! » Il y a du talent dans ce groupe mais déjà trop de professionnalisme. Si l’on n’est pas jeune à 18 ans...