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Paris, Maroquinerie - 28 novembre 2013

Live-report par Marc

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A la Maroquinerie en cette fraîche soirée de novembre se préparait un groupe très rare et assez confidentiel. Derrière BEAK> se cache une éminence grise de la scène anglaise, Geoff Barrow. Découvert et reconnu au sein de Portishead dont un nouvel album est toujours en préparation, il décrit ce projet comme un exutoire. Éloigné de la production, il retourne aux bases de la composition avec deux acolytes à la guitare et au clavier. Les deux albums du groupe sont d’ailleurs enregistrés quasiment d’une traite dans les conditions live et dans des délais très courts pouvant être réduits à douze jours. Un véritable concept conçu pour prendre son ampleur en concert.

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Pour ouvrir le bal devant une foule compacte et déjà bien réceptive, le quatuor d'Absolutely Free propose un math-rock protéiforme, chiadé et travaillé. Au-delà de leurs constructions complexes, les morceaux arrivent rapidement à convaincre grâce à un dosage harmonieux entre électro et rock. La formation est elle aussi intéressante par sa polyvalence : entre chaque morceau, les membres du groupe s’échange les instruments et passent ainsi du clavier à la batterie et vice-versa. Quant au chanteur, il pose sa voix à contre-temps, s’autorise des prises de risques dissonantes comme sur UFO qui terminera le set dans une explosion de percussions dont la batterie a failli ne pas sortir indemne. Au cas où vous souhaitez faire connaissance avec ces canadiens de Toronto, nous vous conseillons de vous pencher sur On The Beach. Un choix très cohérent pour une première partie et dont on surveillera avec attention les prochaines sorties après un show qui aura donné envie d'en voir beaucoup plus.

Les trois caméras d'Arte Live Web peuvent se reposer quelque peu pendant l’entracte avant que BEAK> ne prennent place. Assis à la place du batteur et au chant, Geoff Barrow s’impose logiquement comme le leader et s’adressera à la foule toute la soirée. Sous ses airs bourrus, l’homme est content d’être là mais concentré. Gêné par la présence des objectifs, il tient à signaler son mécontentement sur le fait qu’il n'ait signé aucun contrat pour un tel dispositif et surtout préciser qu’il est là pour jouer pour le public. Une entrée en matière peu commune à l’image du show auquel nous allons assister : sans concessions.

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Les trois anglais ne sont pas avares de blagues et profitent des apartés entre les morceaux pour se vanner entre eux mais aussi le public ! Malheur à celui qui souhaite applaudir en rythme avec la musique, Matt Williams le sommera d’arrêter le sourire aux lèvres tout en continuant à jouer. Une attitude qui peut paraître antipathique aux yeux de certains mais qui s’avère en réalité assez jouissive par son authenticité, d'autant plus que la musique est au rendez-vous : les morceaux brutaux prennent vie et le public se laisse porter.
Rarement en dessous des cinq minutes, ces titres sont élaborées comme de véritables transes avec leurs répétitions et les nappes de claviers en toile de fond. Le résultat est efficace. Les travées sont ravies d’avoir un vrai show rock avec un light show très coloré et épileptique à la hauteur du trip auditif. Les pépites des deux albums sont acclamées avec les riffs agressifs de la psychédélique Wulfstan II en tête des suffrages. Spinning Top, Eggdog ou encore Yatton démontrent ainsi ce soir l’efficacité de l’album >> sorti l’année dernière.

Quand le moment du rappel est arrivé, la bande décide de nous jouer un morceau inédit en live. Une expérience qu’ils nous présentent comme « quelque chose à oublier au cas où leur performance n’est pas concluante ». Une blague à l’humour pince-sans-rire de plus avant le tombé de rideau final sur Battery Point. Une conclusion qui aura du mal à venir puisque le sieur Barrow a décidé de ne pas laisser le morceau se finir, quitte à perdre quelques spectateurs au passage. Un finish encore une fois emblématique de ce live et de la musique de BEAK>.
Prêts à laisser des personnes sur le carreau, ils assument leurs parti-pris, jouent la musique qui leur plait en espérant que cela convienne au public. Mission accomplie au regard de ce concert définitivement pas comme les autres dont on se souviendra pour son authenticité et sa qualité.