C’est la saison de la grippe. Si vous voulez vous faire porter pâles, dans le doute tout le monde vous sera reconnaissant de rester chez vous. Et si pour plus de crédibilité vous voulez vous rappeler l’effet que cela fait d’être épuisé par la fièvre,
BEAK> sort de manière tout à fait opportune son premier album ces jours ci.
Ce trio a réussi à transformer chacun de ses instruments (basse, batterie et synthés) en un puissant migraineux. La batterie fait un usage immodéré des cymbales et les synthés des effets tournoyants. Parfois une basse bien lourde avec de la distorsion sort le groupe de sa torpeur, les gémissements se transforment alors en appels à la lune d'une meute de loup. Quant aux orgues mal réglés, ils rappellent le krautrock des années 70 et le post-punk des années 80 (
Blagdon Lake pourrait être de
Section 25). A la réflexion, il semblerait que les années 90 nous aient épargné cela. En revanche, elles ont révélé le génie de Geoff Barrow au sein de Portishead.
A ses côtés, on retrouve
Billy Fuller et
Matt Williams, aux carrières plus discrètes puisqu’ils sont présentés comme faisant partie de...
Fuzz Against Junk et
Team Brick, deux formations du label
Invada créé par
Geoff. Même s’ils se connaissent déjà, on comprend que les trois comparses n’aient pas voulu passer plus de douze jours enfermés pour produire ce disque où se succèdent morceaux foncièrement désagréables (
Ham Green) et titres sombres. A côté des plus durs, ceux-ci apparaissent libérateurs (
I Know,
Battery Point).
On retrouve dans ce disque une parenté avec les passages les plus expérimentaux du
Third de
Portishead, mais sans musicalité ni les émotions. Ce disque expérimental d’une heure est à réserver à un public légèrement masochiste plus qu’aux fans de
Portishead. Vous voilà prévenus.