Aussi belle une affiche puisse-t-elle être, il arrive parfois que le public ne réponde pas présent. Après une semaine très riche en concerts de toutes sortes dans la capitale, le Trabendo de Paris accueillait en ce vendredi 21 février l'une des soirées les plus riches de l'édition 2014 du FIREWORKS! FESTIVAL avec pas moins de quatre formations à l'affiche : THUMPERS, Speedy Ortiz, Childhood et enfin Yuck.

Il n'est que 19h50 lorsque
THUMPERS sont amenés à faire leur apparition sur scène. Comme craint à la vue de la maigre file d'attente observée devant les lieux une demi-heure plus tôt, l'audience leur faisant face est alors famélique. Une trentaine de personnes seulement occupent alors les lieux dont l'accès à la zone arrière est ce soir bloqué par une poignée de barrières. Affichant malgré tout des sourires rassurants sur leurs visages en dépit des conditions, Marcus Pepperell et John Hamson, Jr., accompagnés comme de coutume par trois musiciens supplémentaires, vont rapidement satisfaire celles et ceux ayant eu le bon goût de ne pas être en retard. S'il faudra attendre jusqu'au mois de mai avant de découvrir leur premier album
Galore, ce dernier se voit ce soir présenté dans les grandes largeurs avec une réussite certaine. A l'image de leurs précédents singles, à commencer par
Sound Of Screams ou
Dancing's Done, la musique résolument positive et entrainante du duo anglais fait mouche sur scène. Enrichies par des harmonies à cinq voix, des clappements de mains assurés avec entrain par la frange féminine de la formation et une batterie omniprésente rythmant la majorité de leur répertoire, THUMPERS nous servent le temps de huit titres un cocktail énergisant de pop teintée d'électronique. Un set conclu de belle manière par
Unkinder (A Tougher Love) alors que quelques dizaines de personnes supplémentaires sont désormais venues enrichir le public et applaudir avec satisfaction la sortie du quintet.

Un court quart d'heure d'attente est alors suivi par l'arrivée sur scène de la seule formation américaine de la soirée,
Speedy Ortiz. Avec deux albums et de nombreux EPs et singles au compteur depuis leur naissance en 2011 à l'initiative de Sadie Dupuis, le quatuor ne cesse de faire parler de lui ces dernières semaines, notamment via l'EP
Real Hair à paraître le mois prochain. Entre rock noisy et punk, leur répertoire ne brille pas par son originalité, mais leur application et une envie évidente de se faire apprécier du public pour leur première prestation à Paris fait progressivement grimper leur capital sympathie. La section rythmique prouve progressivement sa complémentarité tandis que la voix parfois irritante et limitée de Sadie Dupuis se voit le plus souvent noyée sous les guitares. Courtes et directes, leurs compositions ne font pas la dentelle et s'enchaînent avec de rares temps morts, laissant la salle sur une impression quelque peu mitigée après seulement vingt-cinq minutes passées sur scène.

Aperçus l'an dernier sur la scène du Point Éphémère en première partie de Fidlar pour l'édition 2013 du festival,
Childhood se voyaient une seconde fois invités cette année pour présenter leurs nouvelles chansons tirées d'un album attendu dans les prochains mois. Menés par un Leo Dobson peu loquace mais à la chevelure toujours abondante, les cinq anglais rencontrent quelques difficultés à se montrer convaincants durant les premières minutes. Visiblement crispés par l'enjeu, les cinq musiciens ne parviennent guère à insuffler une âme aux premiers titres joués, et il faut ainsi attendre près de quinze minutes pour que la donne ne change avec la pépite progressive qu'est leur dernier single en date,
Pinballs. Les applaudissements leur étant adressés à son issue s'accompagnent d'une accélération du rythme, le très psychédélique
Right Beneath Me et un dynamique
Sweeter Preacher déclenchant dans la foulée les premiers remous dans une fosse jusque là extrêmement sage. En guise de conclusion, c'est avec le single
Solemn Skies que le groupe va marquer les esprits : facile d'accès et doté d'un refrain fédérateur, le titre fait dodeliner les têtes et offre au quintet une sortie à la hauteur du concert du soir.

Quelques deux-cent cinquante personnes peuplent désormais les lieux sur le coup de 22h30, heure choisie par
Yuck pour faire leur apparition après d'ultimes réglages de leurs instruments. Auteurs en 2013 de leur second album
Glow & Behold, le premier depuis le départ inattendu de leur vocaliste originel Daniel Blumberg et le recrutement du guitariste Ed Hayes, Yuck sont vraisemblablement les plus attendus de la soirée à en observer les réactions de fosse, parfois plus animée que de raison durant certains titres. Désormais aux commandes, Max Bloom se voit étrangement placé à l'extrême droite de la scène, laissant à la bassiste Mariko Doi une place plus centrale. Si la restitution de leurs compositions les plus récentes se veut fidèle aux enregistrements en studio et que le chant reste secondaire, les interprétations trop scolaires du groupe peinent à faire décoller une prestation décevante. Il faudra ainsi attendre de plus anciens titres, notamment
Get Away ou
Operation, ainsi qu'une reprise de New Order (
Age Of Consent) pour ressentir plus d'intensité et accorder plus de considération au quatuor dont les concerts revêtaient un tout autre intérêt il y a maintenant deux ans.
Bien qu'achevée sur une semi-déception, la soirée n'aura ce soir jamais manqué d'intérêt, rythmée comme il se doit par quatre formations désireuses de faire leurs preuves.