Déjà venu une première fois à la Flèche d'Or en 2010, le duo
Smoke Fairies y revient pour une soirée [PIAS] Nites en ce début du mois d'avril, cette fois accompagné des américains de Lucius et des canadiens de Timber Timbre.

Alors que Katherine Blamire et Jessica Davies n'avaient à l'époque à leur actif que
Through Low Light And Trees, premier album de folk habité, c'est à une dizaine de jours de la sortie de leur troisième album éponyme qu'elles vont jouer une partie de celui-ci, et uniquement celui-ci, pour mettre l'eau à la bouche à un public déjà bien nombreux pour cette première partie.
Accompagnées de trois musiciens (bassiste, batteur et claviériste) en retrait sur scène, elles reprennent dans l'ordre la première moitié de l'album, dévoilant un large panel de leur son. De la pop-rock entraînante de
We've Seen Birds et
Hope Is Religion à la pop synthétique aérienne de
Eclipse Them All et
Waiting For Something To Begin, en passant par le rock tendu et dissonant de
Shadow Inversions, Smoke Fairies ont délaissé la folk au profit d'une pop teintée d'electronica et de blues.
Les deux dernières compositions interprétées ce soir par le duo font partie des dernières de
Smoke Fairies, terminant en beauté un show qui, sans faire des étincelles, aura su convaincre. Le seul reproche que l'on pourrait leur faire est l'immobilité des deux chanteuses/guitaristes tout au long du show, de même que le reste du groupe, même sur un
Want It Forever au refrain pourtant décomplexé et dansant.

De danse, il en est en revanche clairement question sur la deuxième partie de la soirée,
Lucius. Le groupe, venu tout droit de Brooklyn, est également composé de deux chanteuses, Jess Wolfe et Holly Laessig, toutes deux aux cheveux blonds vifs à la coupe au bol et vêtues ce soir-là de robes à paillettes étincelantes.
Elles sont tout autant mises en avant sur scène mais laissent davantage place aux trois musiciens qui les accompagnent, le groupe jouant beaucoup sur les percussions et les coupures de rythmes. Au cours du show, quasiment chacun d'eux va toucher aux percussions, notamment les deux chanteuses/claviéristes munies de leurs baguettes et de leur grelot commun.
Débridée et énergique, la musique de Lucius laisse ainsi place à tous les musiciens présents sur la scène, délivrant des chœurs et rythmes qui ne laissent aucun autre choix que se déhancher sur la demi-heure que dure le show.
Composée de quelques titres plus posés, tels que
Don't Just Sit There et
Go Home, la setlist met principalement en avant l'énergie, notamment via le rock délirant du
Gossip-esque
Nothing Ordinary, la rythmique presque reggae de
Genevieve et, surtout, l'imparable single
Turn It Around qui met le feu sur près de trois minutes.
Lucius est la bonne surprise de la soirée. Déjà folle sur leur
debut album,
Wildewoman, paru en octobre dernier, c'est pourtant réellement en live que leur musique est à vivre ou découvrir.

Moins surprenante mais tout aussi convaincante, dans un genre différent, est la performance de
Timber Timbre en troisième partie de soirée. Les éclairages se font plus intimistes, l'ambiance plus vaporeuse, tandis que la salle est maintenant entièrement emplie, amassée devant la scène.
Bien que n'étant pas vraiment le groupe approprié pour jouer dans une salle comme La Flèche d'Or, surtout un vendredi soir à 23h, la musique reste relativement respectée et le show délivre les émotions que procure la formation de Brooklin, Ontario.
La première chose qui frappe d'emblée est la voix caverneuse de Taylor Kirk, chanteur et guitariste du groupe. Dès les premières secondes de
Grand Canyon, elle s'empare de la salle et donne des frissons comme peu de voix peuvent le faire.
Timber Timbre vont jouer une bonne partie de
Hot Dreams, paru il y a une semaine, déjà culte pour tout fan de folk ambiante, alternant avec une poignée des meilleurs titres tirés de
Timber Timbre et
Creep On Creepin' On, dont
Until The Night Is Over,
Black Water ainsi qu'un
Lonesome Hunter dans une version rock saisissante.
L'intensité qui se dégage de certains titres prend toute son ampleur en live, accentuée par les effets de voix et de guitare et la synergie entre les musiciens sur scène.
Magic Arrow donne ainsi envie de les suivre dans leur riff rock qui monte crescendo à la
Souljacker Part I (
Eels), tandis que, parmi les nouvelles compositions,
This Low Commotion,
The New Tomorrow ou encore
Run From Me prennent joliment aux tripes.
Sur plus d'une heure, Timber Timbre parviennent ainsi clairement à retranscrire sur scène leur son si caractéristique depuis leurs débuts, revenant d'ailleurs en rappel sur
Trouble Comes Knocking issu de l'album éponyme avant de terminer sur
Woman de
Creep On Creepin' On et son rythme militaire percutant.
Une fois encore, le label [PIAS] Recordings a fourni une soirée que tout fan de musique se devait de ne pas manquer. L'affiche, complète depuis plusieurs semaines, montre que les [PIAS] Nites se font une belle renommée, les artistes proposés n'étant également sûrement pas étranger à cela – la preuve, la présence sur les prochaines dates d'artistes tels que Liz Green, Woman's Hour ainsi qu'Angel Olsen !