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God Is An Astronaut

Paris, Flèche d'Or - 19 septembre 2014

Live-report par Mélissa Blanche

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C'est bien connu, nous sommes dans l'ère de « l'après ». L'ère post-moderne, post-industrielle, post-chrétienne, post-soviétique, post-nationale, post-punk... et aujourd'hui « post-rock ». C'est la « Fin de l'histoire », la fin des religions, la fin du monde et voilà maintenant que certains groupes viendraient après la fin du rock. C'est pour voir l'une de ces formations post-rock – j'ai nommé God Is An Astronaut, alias GIAA – que nous sommes à la Flèche d'Or en ce vendredi 19 septembre.

Pour comprendre ce qu'est le post-rock, promenons-nous d'abord parmi tous les t-shirts arborés par les membres de la foule. Bilan de nos observations : un éclectisme donnant déjà une bien intéressante image de ce que recouvrir la musique de God Is An Astronaut. De la famille du hard-rock (Iron Maiden, Queens Of The Stone Age, Foo Fighters...) à celle du classic rock (The Rolling Stones) en passant par le rock expérimental et psychédélique (Can), jusqu'aux frontières de l'électro (65daysofstatic). Le post-rock serait-il l'enfant de toutes ces tendances musicales ?

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Avant de répondre à cette question, quelques mots sur la première partie : il s'agit du groupe suédois Moonlit Sailor, un support act bien choisi car tout à fait dans la veine de God Is An Astronaut. Les musiciens font la joie du public. Il faut dire ces quatre-là inspirent tout de suite de la sympathie, à se courber le dos en balançant leurs têtes chevelues au rythme de la musique tel un groupe de lycéens jouant dans un garage. La musique est purement instrumentale, à la fois hard et planante, dans cette même dualité qui fera la recette de la tête d'affiche. Les quatre Suédois nous donnent un aperçu de la politesse scandinave en annonçant à de nombreuses reprises les headliners de la soirée, en chantant leurs louanges et en remerciant les producteurs du concert.

Viennent enfin les quatre Irlandais de God Is An Astronaut. Le concert de ce soir possède une aura toute particulière car il est le seul rescapé de leur tournée française qui devait également compter deux shows à Lyon et à Nantes. Le batteur actuel, Stephen Hanley, étant immobilisé à cause d'une infection à la jambe, Paris n'aurait pas non plus échappé à l'annulation si le tout premier batteur de la formation, Lloyd Hanney, n'était venu à la rescousse ce soir, pour le plus grand bonheur des fans. La soirée se place donc sous le signe des retrouvailles. Lloyd est acclamé par la foule comme au retour du Messie, tandis que les autres musiciens l'invitent à dire quelques mots et le félicitent pour le rendu des nouveaux morceaux qu'il joue pour la toute première fois devant nous.

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Là encore, la musique se fait très majoritairement instrumentale, sur fond de riffs déchainés et de mélodies atmosphériques. Il est vrai qu'avec un nom pareil, la veine atmosphérique prend tout son sens. Nous voilà confrontés à un choix : fermer les yeux et se laisser emporter par cette ambiance « astronomique » et contemplative ou sauter en l'air en remuant nos tignasses sous l'effet des gros riffs furieux. Car, par moments, la musique sait aussi se faire très heavy, comme durant l'intro de Calistoga durant laquelle on ne sait plus trop sur quel pied danser.

A l'instar de leurs prédécesseurs suédois, nos quatre Irlandais ont eux aussi une légère tendance à s'abimer la colonne vertébrale. Et ils sont bien plus chevelus encore. Les deux jumeaux fondateurs, Torsten et Niels Kinsella, restent très discrets tandis que Jamie Dean, à la guitare et au synthé, entreprend de faire bouger la foule. Il est déterminé, il ne lâche rien. De toute évidence, il s'est fixé un objectif : il faudra qu'on saute, qu'on pogote, qu'on lève les bras, qu'on tape dans nos mains... ou ce concert sera un échec. Dans les premiers rangs, on accepte assez volontiers de se livrer à ce genre d'exercices tandis que, dans cette fournaise qu'est la Flèche d'Or, le reste de la foule préfère retenir le côté atmosphérique que le côté rock du cocktail. Afin de convaincre ces réticents, Jamie Dean n'hésite pas à se lancer dans la foule par deux fois pour attiser les pogos balbutiants.

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Les concerts de God Is An Astronaut sont réputés pour être de véritables shows visuels accompagnés de projections vidéo et d'effets de lumière millimétrés. Ce soir, cependant, le concert déroge à la règle : pas de vidéo et une proposition visuelle très simple ; une atmosphère sombre entrecoupée d'éclairages bleu ou rose qui créent un univers aux tendances psychédéliques.

Finalement, Jamie Dean a atteint son objectif et le quatuor se montre très heureux de l'accueil qui lui a été réservé. Ce sont Forever Lost et Suicide Star, tous deux issus de l'album All Is Violent, All Is Bright qui auront le plus suscité l'adhésion du public. Pour finir, le groupe décide de faire une photo avec les spectateurs et termine son set avec Route 666. Conclusion de la soirée : le rock est loin d'être fini.