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Lost Under Heaven

Paris, Maroquinerie - 2 juin 2016

Live-report par Clémentine Barraban

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WU LYF possédait cette aura fabuleuse qui suscitait une fascination sans bornes. Un son unique, une voix incarnant l'expression sauvage d'une incontrôlable rage de vivre, les propulse vers les sommets de la scène post-rock en un rien de temps, juste assez pour y forger leur empreinte, avant de subitement partir en fumée. Quelque mois seulement après un passage très remarqué au renommé festival Coachella en Californie, le chanteur et leader, Ellery James Robert, annonce son départ dans une lettre publique, avant de dévoiler ce qui sera leur tout dernier titre, Triumph. De leur côté, les membres du groupe se sont lancés dans divers projets : Los Porcos, Ménage à Trois, et Francis Lung, en solo. Ellery, quant à lui, était resté dans l'ombre (à l'exception d'une furtive apparition sous le pseudonyme Kerou's Lament), jusqu'à LUH.

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Le projet (dont l'acronyme signifie Lost Under Heaven ou Love Unites Humanity suivant les versions) est fruit de la romance du chanteur à la voix éraillée et d'Ebony Hoorn, une jeune chanteuse et artiste plasticienne danoise. A l'occasion d'une interview, ce dernier raconte : « LUH., c'est un projet pour les amoureux. Ce que j'avais perdu, c'est-à-dire l'instinct et le réel besoin de faire de la musique, je l'ai retrouvé en voulant chanter l'amour. » Sortis début 2016, les premiers morceaux de LUH. distribués sur la toile révèlent un univers sensiblement moins obscur, plus exalté, augurant un illustre retour à la scène pour celui qui avait donné corps et voix à l'imaginaire de WU LYF.

Lors de leur précédent passage parisien à la Boule Noire, le duo LUH. était seul sur scène, accompagné simplement de pistes audio préenregistrées. Cette fois-ci, dans l'antre moite de la Maroquinerie, un batteur et un guitariste-claviériste prennent place devant des étendards de tissus blancs, reprenant les paroles galvanisantes du morceau Beneath The Concrete : « Trying to live life that means something more ». I&I introduit la rencontre des voix d'Ellery et d'Ebony avec une ballade puissante, chantée comme un hymne d'amour et d'espoir. Un certain malaise plane pourtant. Les conditions sonores ne semblent pas parfaites, les échanges avec le public sont timides et maladroits. Venu avec la vocation d'unir, le duo devra d'abord (ré)apprivoiser.

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Unites atteint l'objectif, sublimant l'animalité langoureuse d'Ellery James Roberts et teinte de rock fédérateur un concert déjà électrisant, tandis que Beneath The Concrete pose des bases hip-hop électroniques sous la diction brute mais juste du chanteur. Malgré une complicité palpable, les deux voix semblent constamment à la recherche de leur harmonie. La ballade Future Blues libère enfin Ebony Hoorn de son joug de back-up vocal, qui mène le titre de sa voix grave et d'une sensualité envoûtante.
$ORO réinstalle les fondations du rock dans sa plus pure expression, où les guitares impérieuses glissent et s'éternisent sur les accords jusqu'à saturation et où la batterie martèle un public déchaîné et trempé de sueur. First Eye To The New Sky se fait final en apothéose puis s'étiole en decrescendo. Pas de rappel. Le duo anglais quitte la scène laissant planer sur la Maroquinerie un sentiment d'intensité furtive, d'énergie libérée sans maîtrise, façon catharsis.

Si le Lucifer de WU LYF habite encore LUH., c'est dans la dualité, entre force primitive et passion suave. Délicat équilibre encore à trouver en live.
setlist
    I&I
    Unites
    Beneath The Concrete
    Future Blues
    $ORO
    Lament
    Loyalty
    Lost Under Heaven
    First Eye To The New Sky
photos du concert
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