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Rosie Lowe

Paris, Silencio - 15 mars 2019

Live-report par Louise Beliaeff

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Luxe, calme et volupté vendredi 15 mars. Sous le bitume parisien, au fond d'un couloir sombre capitonné, nous attendons Rosie Lowe, cocktails ou Martini blanc à la main. La chanteuse a gardé le lieu secret jusqu'aux dernières heures. Pour pouvoir la voir, les Parisiens ont dû lui envoyer un mail et attendre impatiemment une invitation. Quand le Saint Graal tombe, tous nos autres plans n'ont plus d'intérêt, Rosie Lowe joue son deuxième album encore inconnu au Silencio ce soir, le club très sélect de David Lynch. Priorité absolue.

Mais avant de nous en délecter, nous découvrons Acide Adore, groupe français proposant une musique pop rock acidulée. Le public, assis sur les canapés de velours ou debout au fond de la salle est attentif mais reste timide. Acide Adore déroule un set mélancolique plutôt agréable mais légèrement en décalage avec l'ambiance lounge et l'exigence du club. La soirée ne décolle pas encore.

Aux alentours de 23 heures, Rosie Lowe entre sur scène, pareille à une apparition avec son visage fin et ses très longues mains, ses cheveux lâchés et son cache-coeur en soie. Les quatre musiciens qui l'accompagnent, tous de noir vêtus, montent sur scène avec discrétion. Le public se rapproche, les verres de Martini se posent sur les tables basses. Rosie Lowe commence par une introduction lente, Lifeline, le temps d'installer une atmosphère chic et vaporeuse, comme l'était celle de son premier album, Control. Elle enchaîne ensuite avec Birdsong, single sorti en janvier dernier issu de son deuxième album Yu, qui lui ne verra le jour qu'en mai. Le morceau est entraînant, Rosie Lowe ondule sur scène avec grâce et allure. Le concert avance et l'artiste britannique dévoile des titres inédits que l'on aime déjà : Mango, Itily, Pharoah.

La batteuse, le bassiste, le guitariste et le claviériste se font discrets, leur jeu impeccablement rodé soutient avec élégance la voix de Rosie Lowe. Chacun trouve sa place sans en faire trop ni trop peu. Souvent, la chanteuse se retourne pour danser et leur adresse un grand sourire franc, complice et empli de sympathie. Elle a beau être incroyablement élégante, raffinée et sensuelle, l'artiste n'est ni snob ni pédante. Oui, elle joue dans un club ultra privé, branché et luxueux, oui, sa musique épouse cet imaginaire précieux et séduisant, mais Rosie Lowe reste simple, sincère.

Vient ensuite un morceau issu son premier album : Woman, une de ses plus belles chansons qui démarre en douceur et s'anime peu à peu. « 'Cause I'm a proud woman / I must be proud, woman / And I am strong woman / I must be strong, woman ». Les invités triés sur le volet sont aux anges. Elle continue et dévoile la suite de son prochain LP. Plus jazzy et soul qu'à ses début, ses nouvelles compositions électro jouent sur la déconstruction du rythme. Chaque silence a son importance, chaque silence introduit subtilement une note, un souffle, une frappe de batterie. Rosie Lowe joue avec les contre-temps, les accidents, les surprises. Sa musique n'est pas linéaire mais finement ciselée.

Pour le morceau Shoulder, elle explique qu'il s'agit de la première chanson d'amour positive qu'elle écrit. Elle regarde dans le public intensément, puis désigne un homme en souriant, « pour lui mettre la honte ». Rosie Lowe n'est pas venue seule à Paris. Elle remercie son chéri, sa bande de potes, cinq six personnes dansant devant elle, sa maman, visiblement très émue. La chanteuse va même jusqu'à souhaiter un joyeux anniversaire en chanson à l'un de ses amis, et toute la salle l'accompagne. Tout d'un coup, nous ne sommes plus seulement dans un lieu parisien huppé mais aussi au coeur d'un petit concert familial, chaleureux et intimiste. La qualité du show n'est pas moindre pour autant, Rosie Lowe termine son set avec la même grâce et la même précision. Et pour clôturer cette exquise soirée, elle interprète The Light, single sorti en novembre dernier que le public fredonne déjà.

Elle s'échappe en douce par la porte du fond, laisse à ses musiciens le soin de terminer le concert. Voilà un charmant teasing de Yu dont la sortie est prévue pour le 10 mai prochain. Ce deuxième bijou s'annonce aussi somptueux que le premier.
setlist
    Lifeline
    Birdsong
    Mango
    Itily
    Pharoah
    Woman
    Body//Blood
    Royalty
    Shoulder
    Little Bird
    The Way
    Apologise
    The Light
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