Anglais de naissance, Français de cœur, Européen par conviction, Peter Doherty, qui à quarante ans affiche plus de vingt années de carrière au compteur, abolit encore un peu plus les frontières, les étendards et les nationalismes pour une Internationale du rock au nom évocateur.
L'enfant terrible du rock est de retour avec un nouveau backing band sous le nom de Peter Doherty And The Puta Madres. Orchestré par Dan Cox (Thurston Moore, Florence and the Machine) et produit par Jay Stanley, leur premier album éponyme sorti en avril est défendu ce soir par Peter Doherty, Katia de Vidas (sa nouvelle compagne), Jack Jones, Miki Beavis, Miggles et Rafa sur la scène du Bataclan à Paris.

Entré sur une scène du Bataclan sold out avec son chien (vite sorti par la sécurité), Peter Doherty affiche une fois de plus cette allure impeccable, ce charisme de dandy intemporel dans un costume cravate et chemise blanche surmontée de bretelles comme pour mieux cacher cette caboche de bad boy qui, avec ou sans stupéfiants, avec ou sans alcool, reste une icône pour tous les poètes rebelles. Particulièrement quand on porte une Gibson en bandoulière...
Les paradis artificiels de Baudelaire semblent avoir laissé place aux style, un brin moins immoral d'Oscar Wilde. A l'instar du Portrait de Dorian Gray, Pete Doherty surfe sur les décennies et le rock avec les traits et la nonchalance d'un post-adolescent.
Constamment sur le fil de la rupture, difficile de dire si c'est un début de grippe ou autre chose qui cloisonne un peu la voix et l'énergie de Peter Doherty sur les premiers titres. Mal à l'aise, parfois et visiblement fatigué, les musiciens ont du mal à suivre les fréquentes improvisations et hésitations de Peter, sous le regard paternel et bienveillant d'un Jack Jones survolté tentant d'enflammer le public. Peu convaincu par les titres de l'album de Peter Doherty And The Puta Madres, ce dernier est venu chercher, avant tout des redites des Libertines ou des Babyshambles.

Il faut dire que sur les quatorze titres de la setlist du soir, cinq seulement sont issus de l'album Pete Doherty And The Puta Madres. Des titres où la mélancolie prédomine comme sur le très beau
Paradise Is Under Your Nose (aux accents de Richard Ashcroft) ou
The Steam et son univers de western espagnol.
Comme en 2016, sur la même scène, c'est sur
Fuck Forever et
Albion fermant le ban que le public parisien s'éveille enfin et rend hommage, comme il se doit, au last of the english poet.