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Fontaines D.C.

Londres, Brixton Academy - 23 novembre 2020

Live-report par Lena Inti

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Il y a dix mois, Fontaines D.C. jouaient un de leurs derniers concerts avec un public (non masqué), à la Brixton Academy, une des salles mythiques de Londres. Cette fois-ci, c'est en réalité virtuelle via le navigateur web MelodyVR que nous avons pu profiter d'une performance riche de nos cinq dublinois.

MelodyVR est à l'origine une application mobile permettant de choisir les caméras (et donc l'angle de visionnage) de la scène et des musiciens... lorsqu'elle fonctionne. De notre côté, après un essai raté en amont du concert, nous avons privilégié le navigateur web sur l'ordinateur, relié à la télévision par un câble HDMI. Avec la souris, il était donc possible d'avoir une vue à 360°, à notre guise, de la scène et des cinq artistes, en même temps que les angles de caméra changeaient régulièrement de manière automatique afin de profiter de différentes vues.

Après un décompte semblant interminable (accompagnée d'une excitation proche de celle vécue avant un concert dans la période pré-COVID-19) puis un « écran d'attente », l'image apparaît peu après 21h30 avec la formation déjà sur scène, entonnant immédiatement les premières notes éthérées de A Lucid Dream, tiré de leur dernier disque.
Le chanteur Grian Chatten opère quelques modulations dans son chant par rapport à la version de l'album, renouvelant ainsi la beauté de ce petit bijou de A Hero's Death (sorti le 31 juillet).

S'ensuit alors Televised Mind, toujours extrait du nouvel album, la basse rudement efficace de Conor Deegan III, et ses guitares psychédéliques (Conor Curley et Carlos O'Connell), qui résonnent dans l'immensité vide de la Brixton Academy. La nonchalante Chequeless Reckless permet un retour plaisant à leur « ancien » album Dogrel (tout juste sorti en 2019, et qui nous paraît pourtant si lointain désormais !) avant d'enchaîner sur l'entraînante Television Screens, qui fait office de clin d'oeil amusant au vu du contexte.

Les premières notes de guitare de Love Is The Main Thing retentissent alors, comparables à une averse, bientôt rejointes par les percussions du batteur Tom Coll, imitant une personne frappant à la porte d'une fête à laquelle elle n'a pas été conviée. I Don't Belong prend la suite, accompagné en arrière-plan, sur les écrans géants, de grandes vagues bleu foncé semblant se refermer sur le groupe. Celui-ci enchaîne alors avec les deux sublimes balades You Said et Oh Such A Spring, qui continuent de ralentir le rythme du set dans une sorte de douce éclaircie.

Soudain, la météo se fait capricieuse et les cinq énergumènes nous envoient alors un Hurricane Laughter tempétueux et sauvage, qui marquera alors la deuxième moitié du set, tout en énergie, puisque après l'ouragan vient la sombre et puissante Living In America, sur fond orangé d'images de routes désertiques américaines, suivie de quatre classiques de Dogrel : Too Real, Sha Sha Sha, Big et Liberty Belle. La tension et l'énergie ne retomberont pas avec la chanson éponyme du nouvel album, A Hero's Death, pendant laquelle Tom Coll se mettra à rire aux éclats. L'avantage de MelodyVR est que l'on peut chercher la source de ces sourires : le guitariste Carlos O'Connell qui s'amuse à grimper les amplis pour s'y asseoir et prendre la pose.

Boys In The Better Land, plus accélérée que jamais, sera légèrement renouvelée avec des variations dans les riffs de guitare, avant que Grian Chatten ne prenne enfin la parole après une heure de concert, pour remercier entre autres les (télé)spectateurs qui ont acheté un billet pour ce soir.
La performance (parfaitement maîtrisée, et accompagnée de belles images et graphismes d'arrière-plan) aura donc été marquée par une moitié de chansons de chaque album, dont la première partie était étonnamment plutôt calme, avec une atmosphère étrange où cinq musiciens statiques chantent et jouent devant... personne de visible. La seconde partie aura vu les irlandais s'agiter nettement plus, notamment avec Carlos jouant de la guitare plié en deux comme à son habitude, et avec un Grian qui tire sur son t-shirt ou secoue nerveusement le pied de microphone qui n'a rien demandé, quand il ne fait pas les cent pas comme un lion en cage.

Le show se terminera finalement sur I Was Not Born dont les paroles prennent plus que jamais tout leur sens en ce contexte : oui, il est possible de jouer et d'assister à des concerts malgré le confinement. Et, non : « Je ne suis pas né(e) pour obéir à des ordres » !
setlist
    A Lucid Dream
    Televised Mind
    Chequeless Reckless
    Television Screens
    Love Is The Main Thing
    I Don't Belong
    You Said
    Oh Such A Spring
    Hurricane Laughter
    Living In America
    Too Real
    Sha Sha Sha
    Big
    Liberty Belle
    A Hero's Death
    Boys In The Better Land
    I Was Not Born
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