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Gruff Rhys

Paris, Le Hasard Ludique - 23 mars 2022

Live-report par Laetitia Mavrel

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Le retour de Gruff Rhys, rocker gallois le plus cool toutes époques confondues, se fait à Paris au Hasard Ludique, lieu de brassage culturel du nord parisien au cadre décalé car basé le long des anciennes voies ferrées de ce que fut la gare de l'avenue de Saint-Ouen sur l'ancienne ligne de la petite couronne qui disparut dans les années 30 (du siècle passé !).

Suite à cette petite parenthèse historique sans l'aide de Lorànt Deutsch, nous retrouvons Gruff Rhys venu enfin nous présenter son dernier album Seeking New Gods sorti il y a presque un an maintenant, ce dernier ayant fait les frais des multiples variants et leurs conséquences. Ainsi, l'univers poétique et onirique du disque créé autour du mythe du Mont Peaktu, cime mystérieuse d'Asie, prend tout son sens dans ce cadre tout aussi atypique qu'offre le Hasard Ludique. Ce sont environ 200 privilégiés qui se pressent au pied de la scène qui accueille autour de Gruff Rhys trois musiciens dont le batteur américain déjanté Kliph Scurlock, que l'on avait croisé lors de la petite tournée intimiste pour Pang! en 2019.


Les présents sont pour l'essentiel des fans de longue date des aventures en solo du leader des Super Furry Animals qui, tout en continuant de nous faire espérer à un comeback de la formation (n'ayant jamais officiellement pris fin), nous offre de façon régulière des disques aux inspirations qui ne connaissent ni cadres, ni limites. Et c'est fidèle à son image de baroudeur lunaire que la setlist des plus généreuse (vingt-trois morceaux pour deux heures de concert) viendra se balader dans la quasi-intégralité de la discographie.

Tout de blanc vêtu, avec un sweat-shirt affichant des chatons dignes des pires memes sur Internet, rasé de frais et la casquette moche abandonnée pour l'occasion, Gruff Rhys nous délivre en coeur de set l'intégralité de Seeking New Gods, dans l'exact ordre du tracklisting, afin de nous faire rattraper ce temps perdu du fait du virus. Avide de repartir sur les routes suite aux confinements, ses concerts ont pour mot d'ordre la générosité et la camaraderie partagée avec le public, mais toujours de façon très réservée, le musicien étant un timide compulsif malgré son charisme scénique.

Autour de la pop aérienne de Seeking New Gods, Holiest Of The Holy Men ou Distant Snowy Peaks se décline un échantillonnage assez représentatif du petit monde de Gruff Rhys avec les morceaux les plus rythmiques de Babelsberg comme Take That Call et Frontier Man, les petites sucreries toutes en orchestration avec Lonesome Words et Candylion d'après l'album éponyme et les incartades en version originale issues de Pang!, album expérimental alliant le charme brut de la nature et de l'accent gallois aux rythmes plus exotiques proposés par le musicien zulu Muzzi.
Des morceaux plus anciens tirés de Hotel Shampoo et American Interior reviennent pour notre plus grand plaisir, ne laissant ainsi personne sur sa faim selon le disque vers lequel se tourne sa préférence.


C'est une durée de concert digne d'une aréna que nous offre Gruff Rhys, saupoudrant le tout des messages sur pancartes devenus maintenant indispensables à toutes ses prestations. Injonctions en direction du public, nous sommes ainsi invités à applaudir (« APPLAUSE »), à nous exprimer de façon plus affirmée (« LOUDER »), nous sommes également remerciés à plusieurs reprises en anglais comme en français et s'en suivent quelques messages dont la signification est laissée à la libre interprétation de chacun (« APE SHIT », « WILD ABANDON » ou ce qui est devenu le slogan de Gruff, « RESIST PHONY ENCORES »).
Un défilé de loufoquerie douce, saupoudrée de la gentillesse de Gruff Rhys qui partage avec ses musiciens pas mal de moments de rigolades du fait du caractère explosif de Kliph Scurlock, échappé de son garage pour donner tout le piment nécessaire aux compositions orchestrales qui définissent tout en le rendant inclassable le répertoire du gallois.

Les deux heures de concert passent réellement en un claquement de doigt et on ne peut que se réjouir de la grande productivité de Rhys, qui nous présentera deux nouvelles compositions : le bien nommé People Are Pissed au piano malicieux et la mystérieuse New Song qui, on le devine, n'a pas encore de titre.
C'est un retour plus que réussi auquel nous assistons avec délice et amitié envers Gruff Rhys, qui touche autant qu'il convainc du fait de son don à nous transporter musicalement partout sauf là où on s'y attend.
setlist
    Frontier Man
    Candylion
    Pang!
    Lonesome Words
    People Are Pissed
    Mausoleum Of My Former Self
    Can't Carry On
    Loan Your Loneliness
    Seeking New Gods
    Hiking In Lightning
    Holiest Of The Holy Men
    The Keep
    Everlastng Joy
    Distant Snowy Peaks
    New Song
    Shark Ridden Waters
    Take That Call
    Negative Vibes
    American Interior
    Sensations In The Dark
    Bae Bae Bae
    Gyrru Gyrru Gyrru
    If We Were Words (We Would Rhyme)
photos du concert
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