Après deux reports consécutifs pour des raisons qu'il n'est désormais plus nécessaires d'énoncer, Dry Cleaning avaient finalement rendez-vous avec le public parisien dans la salle de la Maroquinerie ce dimanche 1er mai pour le premier concert dans la capitale de leur carrière. L'occasion pour eux de présenter sur scène leur premier album paru l'année passée,
New Long Leg, après un accueil critique des plus enthousiastes.

Avant que les choses sérieuses ne débutent, c'est à l'irlandaise
Maria Somerville que revient d'ouvrir la soirée aux alentours de 20h10. Dans une relative pénombre que seuls quelques éclairages à contre-jour viennent perturber, laissant ainsi la musicienne opérer dans un certain anonymat, c'est à une performance plus qu'à un concert à proprement parler que le public déjà nombreux assiste. Installée au centre de la scène, avec pour seuls outils sa guitare et une table accueillant diverses pédales d'effets et un sampleur, la musicienne captive autant qu'elle déstabilise avec des titres noyés dans les échos et la réverb et des textes pour ainsi dire inintelligibles. Entre drone, ambient et folk noise, la musique de Maria Somerville, souvent répétitive et hypnotique, est des plus difficiles d'accès, et il faudra attendre la fin de ce set de quarante minutes et l'utilisation plus rythmée de sa boîte à rythmes pour la voir toucher le plus grand nombre.
Trente minute plus tard, c'est une salle bondée et à guichets fermés que
Dry Cleaning font leur apparition face à un public désormais impatient. S'ils se font faits un nom ces douze derniers mois, c'est avant tout de par les qualités de leur premier disque, car longtemps dans l'incapacité d'arpenter les routes du fait des contraintes sanitaires aux quatre coins de la planète, mais aujourd'hui le quatuor s'apprête à dévoiler une facette différente mais non moins jouissive de son univers. Il ne faut que quelques minutes, le temps d'un
Leafy rondement mené, pour relever la dualité se dégageant de la formation anglaise. Amplifiant plus encore l'atmosphère post-punk se dégageant de nombreux, les trois musiciens, Lewis Maynard, Tom Dowse et Nick Buxton, sont survoltés et se démènent immédiatement comme de beaux diables, tandis que Florence Shaw, stoïque et presque passive dans sa longue robe noire au centre de la scène, récite ses textes sans sourciller ni exprimer la moindre émotion. La formule peut étonner, mais l'alchimie se dégageant de cette étonnante formule est évidente tant les musiciens parviennent à transcender en live leurs enregistrements studio.

Hyperactif, le guitariste Tom Dowse multiplie tout au long du set les poses et grimaces, tandis que le Lewis Maynard donne le ton avec des lignes de basses omniprésentes, marque de fabrique de la formation. Centré sur les titres extraits de
New Long Leg, le début du concert fait forte impression, notamment durant un
Strong Feelings très relevé et à l'issue duquel des applaudissements nourris sont adressés au groupe, ravi de l'accueil, à l'image d'une Florence Shaw s'autorisant quelques sourires. Plus nerveuses, les interprétations des titres gagnent aussi en puissance, alors que le groupe n'hésite pas ponctuellement à étirer plusieurs d'entre eux, notamment
More Big Birds et l'excellent premier single publié en 2019,
Magic Of Meghan, groovy à souhait. Exception faite du dispensable
Traditional Fish au tempo plus lent, la prestation ne comporte aucun temps mort et voit même le rythme continuer de s'accélérer en fin de set avec le jubilatoire
Scratchcard Lanyard acclamé par une salle sous le charme en marge du rappel. Un rappel voyant le groupe revenir pour un dernier titre,
Conversation, extrait de l'EP
Sweet Princess et allongé durant plusieurs minutes d'un final débridé et très prenant.
Un concert de haute-volée de la part d'un groupe dont on attend désormais avec une certaine impatience le second album.