Ce soir, la salle est malheureusement loin d'être pleine lorsque Hayden Thorpe entame son set. Il se présente devant un public qui semble être venu uniquement pour Jon Hopkins car, si l'accueil n'est pas glacial, on ne peut pas dire que ce soit la folie non plus.
Hayden Thorpe n'en a cure entamant les hostilités seul à la guitare pour un très bon
The Universe Is Always Right tiré de son dernier album
Moondust For My Diamond sorti l'an dernier. Le musicien passe d'un titre à l'autre de la guitare au piano, du piano à la guitare, mais reste seul sur scène tout au long de son set ce qui offre un show intime et dépouillé. Morceau après morceau, Hayden Thorpe conquiert le public qui s'intéresse de plus en plus à sa musique au fur et à mesure que le show avance. Avec le superbe
Love Crimes extrait de son premier album solo, il se met définitivement la salle dans la poche. L'anglais nous raconte entre deux interprétations des anecdotes fort drôles et semble particulièrement heureux d'être sur scène.
Diviner, joué au piano, est l'un des plus beaux moments de ce set qui voit Hayden Thorpe plonger dans sa carrière passée avec un morceau des Wild Beasts son ancien groupe, l'élégant
Palace. Il nous laisse avec un
Metafeeling pop et aérien. Un excellent concert pour bien débuter la soirée.
Il est assez rare de voir un artiste ne jouer aucun morceau de son dernier album lors d'un concert. C'est pourtant ce que va faire
Jon Hopkins ce soir puisque
Music For Psychedelic Therapy se voit laissé de coté. Peut-être le musicien considère-t-il ce disque comme à part, car sur celui-ci l'anglais allait vers des territoires ambient nouveaux pour lui. Le show du soir puise en majeure partie dans les deux albums précédents : ces
Immunity et
Singularity devenus au fil des ans des classiques.

Jon Hopkins débute par des titres au piano,
Scene Suspended et
Small Memory. C'est très beau, fort émotionnellement, profond et délicat. Cela s'accorde de plus évidemment magnifiquement avec le cadre de la Salle Pleyel. On poursuit dans cette approche piano avec
Breathe This Air ou un
Cosm majestueux.
Cette première partie de concert s'avère bien plus proche d'un concert de musique classique que d'électro mais Jon Hopkins dévie de cette trajectoire avec l'électronica du cultissime
Emerald Rush qui donne des frissons à la salle. Le musicien alterne ensuite titres au piano « classique » et morceaux électroniques. Le passage de l'un à l'autre peut parfois déstabiliser, comme si l'on passait d'un instant à l'autre de la salle Gaveau à la Haçienda mais cela s'avère au final d'une grande beauté.
Il nous laisse sur un
Abandon Window magique, beau à pleurer avec des parties de piano somptueuses. Un morceau que l'on peut légitiment considérer comme une possible définition de la pureté. Il n'est pas besoin de dire que la salle baigne dans l'extase. Le musicien revient pour un déferlement électro avec
Open Eye Signal,
Luminous Beings et
Recovery qui transforme le lieu en un immense night-club.
Jon Hopkins, derrière un ordinateur, s'avère tout aussi doué et inventif que derrière un piano. Du grand art pour un grand show.