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Hayden Thorpe

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 16 octobre 2021

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Deux ans après Diviner, Hayden Thorpe revient avec un nouvel album solo, Moondust For My Diamond. Un disque d'une grande beauté, élégant et subtil. Rencontre avec le délicieux Hayden.

Diviner il y a deux ans, Aerial Songs l'an dernier, puis ce nouvel album maintenant. Tu es prolifique ces dernières années...

Oui, sans doute. Je suis de plus en plus dépendant de la musique. J'y découvre de plus en plus de possibilités. J'ai toujours aimé les challenges. Ma carrière n'a pas été explosive, elle n'a pas démarré sur les chapeaux de roue. J'ai dû payer mes loyers. J'ai la chance d'en vouloir encore.

Est-ce que produire autant était un moyen de couper définitivement les ponts avec ta période dans Wild Beasts ?

En partie, oui. Chez Wild Beasts, tout était collaboratif. J'ai dû tout réinventer. Il y avait besoin d'un sang nouveau. J'ai davantage de possibilités d'explorer les choses en tant qu'artiste solo. Un groupe, c'est un peu comme une famille ou une relation amoureuse.

Es-tu aujourd'hui dans un autre état d'esprit qu'à l'époque de Diviner ?

Oui. Diviner, puisque c'était mon premier disque en solo, représentait un peu un saut dans le vide. J'étais dans une période triste à l'époque et la tristesse est créative. Des changements dans ma vie m'avaient rendu triste mais c'était une belle tristesse.

Tu as composé le nouvel album dans le Lake District...

J'ai grandi là-bas. Je suis retourné y vivre. Ce faisant, je me suis reconnecté aux éléments. J'ai oublié la ville. Je suis retourné là-bas par accident. Je crée mieux dans une forêt que dans un immeuble. Le Lake District est une région d'art. Manchester, Londres, Paris, Berlin ont une poésie mais je me sens mieux loin des villes. Je vis dans la maison où j'ai grandi et y crée ma musique.

Tout a été composé au Lake District ?

Non certaines choses l'ont été à Londres, Leeds et Los Angeles.

Est-ce que les morceaux de l'album sont connectés d'une manière ou d'une autre avec la nature propre au Lake District ?

L'Univers a toujours raison. C'est comme une prière. Comme un langage magique. Il faut accepter les choses que tu ne peux pas changer. C'est la tragédie de notre civilisation que d'oublier la nature.

C'est cette conscience de la nature qui fait que les vinyles du disque et l'artwork sont réalisés uniquement avec des produits recyclés ?

Exactement. Cette terre est déjà trop pleine d'éléments. Je ne dois pas en rajouter. La musique peut changer les choses. C'est un phénomène naturel, une vibration. Ce sont les fréquences de notre intelligence. On doit se souvenir de cela. La musique est la chose la plus importante dans la vie de plein de gens.

Cette connexion avec les éléments dont tu parles a-t-elle un aspect religieux ?

Je n'ai pas de religion mais je crois à la croyance. Nous devons raconter une histoire. Nous sommes à une période très intéressante avec la science. Je veux faire une musique spirituelle. Nous vivons une période très intéressante car contradictoire.

La pochette est très belle entre nature et science.

Merci de ressentir cela. C'est un ami qui l'a réalisée. Il a réalisé quelque chose pour le Freud Museum. Il a analysé Freud. Il y a une fonction entre la psychologie et la science. La pochette représente cela.

Tu es impliqué dans « Wavepaths », un projet intégrant la musique dans la thérapie psychédélique...

Oui et cela m'a beaucoup aidé pour concevoir ce disque...

Je trouve que tu chantes de mieux en mieux avec les années...

C'est très gentil. Je trouve que tu as raison. Avec les années j'ai plus en plus confiance dans ma voix.

Comment as-tu choisi Nathan Jenkins pour la production ?

J'ai écouté les choses qu'il avait produites et ai beaucoup aimées. Il a amené un haut niveau de précision à ce disque. Il bosse beaucoup. Il a changé ma façon de travailler, de chanter. Il est presque scientifique dans sa façon de procéder.

Tu as donné deux concerts pour présenter le disque en ce mois d'octobre...

Oui, l'un à Kendal, l'autre à Londres. Je viendrai jouer à Paris en mars prochain.

Tu viens y jouer avant, en novembre avec Jon Hopkins (ndlr : le concert a depuis été repoussé à septembre 2022)...

Oui. C'est un plaisir. C'est un ami. Il m'inspire énormément.