Hayden Thorpe

Constat : l'époque n'est plus aux groupes à guitares. Gibson a frôlé la faillite et les ventes de six-cordes ont chuté de près d'un tiers en l'espace de quelques années. La guitare électrique a perdu de son aura et disparaît progressivement des arrangements des productions musicales pop contemporaines. Les laptops et les pads poussent peu à peu les instruments en bois vers la tombe. RIP (jusqu'à la prochaine fois ?).

Ainsi va le monde de la musique en cette année 2019. Et Hayden Thorpe, ancien chanteur et guitariste de Wild Beasts, suit ce même chemin. Exit, le rock'n'roll, les rythmiques tendues et la distorsion. Welcome, les ballades électro au piano. Restent ce timbre de voix si particulier et un certain goût pour les envolées lyriques. Avec Diviner, son premier album solo, il s'inspire plus de Sam Smith que des Talking Heads. Ce goût pour les chansons fragile avec cette voix haut perchée rappellera également les acrobaties vocales androgynes d'un certain Anthony And The Johnsons.

Même s'il ne faut jamais juger un album solo à l'aune des réussites passées d'un groupe, pas sûr que l'on y gagne au change... On regrette rapidement l'inventivité rythmique qui étaient la marque de fabrique des bêtes sauvages. Sur cet album atmosphérique aux légers accents 1980ies, on se dit que quelques morceaux uptempo auraient été bienvenue pour pimenter un peu le voyage.

Car ces ballades réalisées avec savoir-faire et cette voix qui nous enveloppe peinent à captiver totalement. Parmi les réussites, la chanson titre Diviner et Straight Lines sont sans doute les plus immédiates du lot. Stop Motion évoque le Tears For Fears de Mad World. L'instrumental Spherical Mind invoque plus loin Sigur Rós tandis que le swing élégant de Love Crimes séduit.

En marquant une rupture totale avec le style musical avec lequel il était jusqu'ici associé, Hayden Thorpe prend un risque artistique avec Diviner. Cependant, celui-ci se révèle davantage comme un album de transition d'un artiste cherchant encore à former pleinement une nouvelle vision artistique. On salue donc l'audace tout en regrettant l'absence de riffs ou de mélodies immédiates de ces dix titres. Ainsi qu'un parti-pris downtempo cinématographique pour fin de nuit qui lassera sans doute certains.