Hotel Lux

Retour à Petit Bain à Paris pour accueillir en cette froide soirée d'hiver Hotel Lux, sextet brûlant en provenance de Portsmouth qui nous a, il y a seulement quelques semaines, totalement conquis avec son excellent premier album Hands Across The Creek. Hotel Lux se situent dans la fière lignée des groupes à la verve acide mais toujours sous couvert d'une grosse couche d'humour (noir), le phrasé déclamé en bandoulière et les riffs de guitares cinglants assénés sur une cadence oscillant entre ska et garage punk. Rajoutons à cela l'ultime ingrédient pour les hisser au niveau des groupes cultes car passés sous le radar de 80% du reste de la population tels The Fall : la fringue d'un autre temps et soigneusement non accordée.

Hotel Lux reviennent dans notre contrée pour une mini tournée marathon les menant entre Belgique, Hollande, Allemagne et France avec plusieurs dates dont le passage parisien obligatoire qui les voit transiter de l'Olympique Café à Petit Bain et sa péniche rock, qui aura connu ce soir moults remous du fait de l'ambiance électrisante. Avec cette fois ci un album entier à défendre, et une chroniqueuse ravie de pouvoir rattraper son retard car étant totalement passée outre à l'époque de leur premier EP, Hotel Lux prennent possession de la salle instantanément et sont ravis de découvrir qu'un nombre non négligeable de spectateurs ont assisté à leurs débuts il y a de cela maintenant trois ans, quelques jours avant la mise sous cloche du monde.


Dans la grande tradition des groupes qui ne misent absolument rien sur leur physique, depuis lors armé d'une moustache qui obtient un honorable 6/10 dans notre grille consacrée à la pilosité et au rock, Lewis Duffin aborde le public avec une réelle nonchalance qui lui apporte pas mal de points de charisme sans qu'il l'ait vraiment demandé. Ici, avec les titres les plus caustiques de Hands Across The Creek tels Points Of View, The National Team et l'hilarant Strut, et malgré le caractère majoritairement non anglophone d'une bonne partie des spectateurs, l'esprit malicieux du répertoire de Hotel Lux réussit néanmoins à imprégner le public car on se doute aisément que les textes ne sont pas de ceux qui permettent de compter fleurettes dans les cafés ou transposables pour un quelconque spot publicitaire à la télévision. La hype ne semble ainsi pas encore à la portée de Hotel Lux, réjouissons-nous !

A l'image de l'album qui oscille entre différentes atmosphères, on retrouve parsemés le long du set les titres plus calmes où l'acoustique prend le pas, notamment sur le très vaporeux Morning After Mourning et Easy Being Lazy qui démontrent qu'Hotel Lux disposent déjà d'un large champs des possibles, ne se bornant pas à seulement déclencher la machine à pogoter. Au-delà d'un maniement très fin de l'ironie et du sarcasme, Hotel Lux est un groupe à mélodies, qui sait transmettre quelques émotions plus apaisées.


C'est néanmoins avec la ferme attention de contribuer à faire tanguer la péniche que se suivent à un rythme effrénés les morceaux les plus pêchus : Old Timer, Common Sense et l'excellent Eastbound And Down, sans oublier un des premiers fait d'armes des anglais avec le très acéré The Last Hangman qui permettent au public de réaliser qu'il est en présence d'un groupe au très fort potentiel. Sans une once de prétention, avec ce bagou typiquement anglais en mode je-m'en-foutiste sur scène, Lewis Duffin et sa bande, s'ils continuent dans cette lignée, nous promettent encore pas mal de tangage.

En résonance avec les conclusions d'un autre de nos experts : je confirme, Portsmouth Strikes Again !