C'est l'été. Pire que cela, c'est l'été à Paris, sous la pluie et avec la moitié des transports publics en travaux pour cause de remise en état des infrastructures en vue des Jeux Olympiques à venir. Qui nous sauvera alors de ces soirées en tête à tête avec les réseaux sociaux ou autres plateformes de streaming vidéo dans lesquelles nous noyons notre ennui ? Oui, il y a les livres, mais je ne vous vois pas nombreux courir les bibliothèques municipales (ouille, elles sont fermées aussi). C'est alors qu'en bon parisien ou banlieusard de permanence au bureau nous nous précipitons vers l'oasis que représente le Supersonic à Bastille en ces temps de disette live.
Nos amis de la rue Biscornet ne font pas relâche et continuent vaillamment à nous offrir des concerts rock durant toutes les grandes vacances, et pas des moindres avec toujours à l'affiche ce mélange tellement atypique de groupes venant d'ici et d'ailleurs. Pour ce tout début du mois d'août nous retrouvons deux groupes anglais, The Howlers et The Family Rain, qui nous proposent une soirée à l'abri des averses et de la trente-huitième rediffusion de la série des Angélique sur la TNT.

Nous assistons ce soir en exclusivité à la première date parisienne de
The Howlers. Trio londonien nourri de rock garage ambiance début des années 2000, il est composé d'Adam au chant et à la guitare, Guus à la basse et Tom à la batterie. Forts de deux EPs sortis en 2021 et 2022, The Howlers se décrivent eux même comme des « rockeurs du désert » mais en provenance de l'est londonien. Ces trois jeunes musiciens qui se sont rencontrés durant leurs études et qui ont fait leur classe dans de nombreux pubs ont depuis tissé des liens solides avec leurs compatriotes de Black Honey (dont Tom aborde un très beau tee-shirt ce soir) et se gorgent d'influences allant de The Black Keys ou, plus près d'eux, à Arctic Monkeys. On ressent en effet une grande empreinte de cette scène qui s'ancre dans les racines plutôt Northern Soul et les guitares ainsi que l'énergie déployée s'éloignent des carcans post-punk un peu juvéniles qui prévalent.
On note ce soir chez The Howlers une concentration exemplaire, il s'agit ici d'une toute première venue à Paris et face à un club honorablement rempli pour un début août, ces derniers mettront quelques chansons avant de se dérider complètement. Petit à petit, les sourires gagnent les visages et on sent que la confiance prend le pas sur une certaine timidité. Les titres gagnent alors de plus en plus en puissance et nous découvrons les très bons
Nothing To Lose,
Further Down The Line et leur prochain single à paraitre le 17 août prochain,
El Dorado. Hyper pro tout en s'amusant pleinement, le groupe remercie chaleureusement les présents et nous assure qu'il reviendra de par chez nous rapidement, dans l'attente on l'espère d'un premier album d'ici la fin de l'année.

C'est au moment où la pluie revient que le club se remplit un peu plus, juste le temps pour
The Family Rain de prendre place sur scène. Nous vous avons narré début juin notre première rencontre avec William, Tim et Ollie Walter au Very Good Trip Festival dans le Béarn. C'était alors dans des conditions idylliques (le soleil, souvenez-vous) et dans un château que nous avions découvert ce groupe issu de Bath qui revenait plus qu'en forme après quelques années de repos. Le trio a pour mémoire sorti un premier disque,
Under The Volcano, en 2014, lequel les avait alors propulsés sur les grandes scènes britanniques à une vitesse fulgurante.
Deux EPs ont suivi, mais une pause méritée du fait d'un peu trop de surmenage et une pandémie mondiale ont fait que les frères Walter ont pris leur temps avant de se présenter à nouveau devant leur public. Grand bien leur en a fait car le trio semble avoir atteint aujourd'hui le summum du charisme scénique. Ce sont trois musiciens très expressifs qui se dévoilent à nous, très stylés également ce qui fait toujours plaisir à voir, et surtout proches du public, que ce dernier soit déjà conquis (une bonne poignée de fans sont présents ce soir) ou composé de mélomanes curieux.
Les singles les plus connus de The Family Rain sont joués, tels
Don't Wait Your Time On Me,
Every So Often,
Gasoline en mode un peu plus bluesy et l'excellent
Don't Trust Me ... I'm A Genius en guise de final. Entre temps, le dernier single paru fin juin,
Machete Western, et son electro rock pétillant confirme le niveau du groupe, et ce va et vient dans leur répertoire entre blues rock et son plus moderne, toujours basé sur les basses et guitares fiévreuses de William et Ollie, séduit très largement l'auditoire.
William, l'un des jumeaux du groupe (l'autre étant Tim à la batterie, la coupe de cheveux aidant à les discerner, ce ne sont pas de vrais jumeaux pour rien), se pose en leader au chant et sait très bien attirer les foules à lui. Elégamment vêtu de noir comme de ses lunettes de soleil, toujours au plus près du public, le traversant en cours de concert, ce dernier fait presque à lui seul le show. Alors que les premiers clubbeurs déambulent pour la Summer Disco Night qui enchaîne, William invite alors qui le souhaite à venir les saluer après le concert, et c'est en effet une petite queue formée de fans munis pour certains d'exemplaires de leurs précédents EPs qui se forme pour le plus grand plaisir des trois anglais, venus en toute simplicité honorer le Supersonic une seconde fois depuis l'an passé.
On sort alors de la salle de la Bastille avec des devoirs à faire pour rattraper notre retard sur la discographie naissante de The Howlers et avec comme mission de trouver avant qu'il ne soit trop tard les quelques œuvres en disque de The Family Rain en espérant également qu'un second LP vienne rapidement grossir nos collections, nous les adeptes des formats physiques qui prennent toujours autant de place sur nos étagères et que l'on dépoussiérera un de ces soirs avant de retrouver le Supersonic pour d'autres aventures rock estivales.