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Peaness
Car Boot Sale

Paris, Supersonic - 13 octobre 2023

Live-report par Adonis Didier

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Savez-vous ce que signifie la mi-octobre ? Que la saison du pumpkin spice latte est ouverte, mais surtout qu'il devient de plus en plus dangereux de sortir trempé d'un concert lorsqu'il fait douze degrés dehors. Ainsi, c'est sans café aux épices de citrouille mais avec le nez bien bouché que l'on arrive au Supersonic pour un vendredi soir où on ne va clairement pas faire la night jusqu'à cinq heures pour une fois !


Un vendredi soir qui débute par la découverte de Car Boot Sale, cinq londoniens aux multiples influences et au nom balançant entre brocante et casse auto, autant vous dire qu'après CARSICK trois jours plutôt, je m'attends à tomber comme de par hasard sur Johnnie Carwash dans une quelconque première partie de la semaine prochaine. De multiples influences pour Car Boot Sale donc, mais des influences pas spécialement digérées, qui verront le groupe entamer son concert avec deux chansons orientées post-punk très convenu, puis transitionner via le pont chamanique et doucement drogué de No Sleep vers un funk funky et pas du tout punky, un funk drivé par l'énergie de Jacques, chanteur à la voix de Lenny Kravitz et à l'air déjà un peu ailleurs, mais on y reviendra ! Le quintet enchaîne par Miss It, nouvel extrait de leur EP éponyme sorti en août, dans un style très porté sur le soul-rock 70's rappelant des gallois bien appréciés par ici, j'ai nommé CVC.
Les chansons de la coolitude s'enchaînent alors qu'on roule en 504 sur les départementales du Loir-et-Cher, de la coke plein les portières et Free dans le poste radio, jusqu'à ce que Headhouse ne déclenche une semi-ovation inattendue. Certains ont visiblement révisé les quelques chansons déjà disponibles du groupe avant de venir, et ça tombe bien, parce que Jacques va visiblement tenter sans concertation avec le groupe de lancer seul le public à reprendre « Ain't got a lot of love », pour une fin de chanson voyant notre chanteur rasta tripper sur scène devant ses quatre musiciens morts de rire. Two Stones conclut par du rock psyché un concert à la direction changeante, que l'on qualifiera de bon moment de partage sans prétention de la part d'un groupe dont on attendra tout de même un plan de carrière autre que celui d'être un sous-CVC ou un sous-Courting. Enfin, profitons du moment présent, ils n'en sont qu'à leur premier EP, et l'histoire nous a déjà prouvé qu'on pouvait être surpris !


Une petite demi-heure d'attente en se disant avec les collègues qu'on espère de bonnes choses en rugby (spoiler, l'espoir ne fait pas tout), et enfin le moment vient, celui pour lequel on a supporté de remettre le nez dehors malgré le temps pourri et le Doliprane avalé avant de partir : Peaness. Trio féminin de Chester jouant sur le segment de la « pop-rock douceur », quatuor ce soir car agrémenté d'une claviériste et choriste supplémentaire, déjà croisé en première partie de Maxïmo Park en fin d'année dernière, et venu pour la première fois en tête d'affiche à Paris présenter son premier album World Full Of Worry.
Un monde plein d'inquiétudes dont nous n'aurons pas à nous soucier ce soir tant le charme de la musique et de la joie communicative de Peaness font effet sur le public du Supersonic. Les adorables chansons aux thèmes plus ou moins graves s'enchaînent, ça parle de quitter son taff' pour faire de la musique, de rester toute la journée au lit, dans un registre musical proche de Ratboys ou de The Beths, aux pointes d'influences signées Vampire Weekend. Avis aux amateurs, si de la guimauve trempée dans du chocolat chaud pouvait écrire de la musique, elle écrirait comme Peaness, en notes de sucre aux arômes de cacao traçant un sourire cristallin, barbouillé et fumant, sur nos visages frigorifiés par les soucis du quotidien.
Peaness et leurs vies de popstars, avec lever à quatre heures du mat' à Chester pour un show à 22h30 à Paris, puis un second le lendemain après nuit chez l'habitant à Issy-les-Moulineaux, nom faisant office de torture à prononcer pour tout non-francophone (québécois inclus), mais qui semble tout de même ravir les quatre protagonistes dévouées à notre bonheur, dont la bassiste et chanteuse Jess Branney qui se targuera d'un petit « c'est mieux de jouer hors du UK, le UK c'est de la daube, le UK c'est la merde ». Une traduction bien moins fleurie que la musique de Peaness, dont le chant n'est d'ailleurs pas tenu que par Jess, mais par à peu près toute la bande, tant la batteuse Rachel Williams et la guitariste Carleia Balbenta participent au lead, aux chœurs, aux contrechants, et à l'harmonie de joie et de fraîcheur qui se dégage des regards et des sourires lancés le plus spontanément du monde par les trois musiciennes.

Le meilleur du nouvel album est déroulé pour le plus grand bonheur de notre âme d'enfant, What's The Use?, How I'm Feeling, l'adorable riff de irl, et enfin Kaizen, avant un final comprenant le bout de tube Oh George ainsi que Skin Surfing. Quarante-cinq minutes passées à la vitesse de l'été en compagnie de Peaness, sans conteste le groupe de pop le plus mignon et joyeux d'Angleterre, une pop faite de simplicité, de naturel, et des mille et un tatouages de Jess Branney. Et si, comme votre chroniqueur préféré, vous aviez loupé ce premier album de Peaness sorti l'an dernier, foncez le mettre en boucle en prévision des rigueurs sentimentales de l'hiver, en attendant bien évidemment le prochain !
setlist
    Non disponible
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