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Mount Kimbie
George Riley

Paris, Cigale - 30 avril 2024

Live-report par Franck Narquin

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Mardi 30 avril, en cette veille de jour férié, les belles affiches ne manquent pas. Real Madrid – Bayern de Munich en demi-finale de Champions League de Football d'un côté, George Riley – Mount Kimbie en concert à la Cigale à Paris de l'autre. Inutile de le préciser, il n'y avait pas match ! Comment passer à côté de la confrontation de ces deux formations légendaires qui, après avoir marqué les années 90 de leurs empruntes indélébiles, sont toujours au sommet trente-cinq ans plus tard, réussissant à faire cohabiter grands anciens et jeunes espoirs. Le match de gala du soir, celui qu'il nous était impossible de rater, opposait deux labels mythiques, à savoir Ninja Tune, représenté par George Riley, étoile montante du néo-R&B électronique et future star en puissance, et Warp, qui fêtait le grand retour de Mount Kimbie sur une scène française. La salle affichait bien évidement complet mais le public de Mount Kimbie étant principalement composé de trentenaires CSP+ branchouilles en sweat APC et bonnet Carhartt (alors que la mode est désormais au béret Kangol, même si peu le portent avec autant de classe que Samuel Jackson dans Jackie Brown), on pourra se déplacer sans trop de problèmes tout au long de la soirée. En effet, au cours de la première partie, le bar sera pris d'assaut et lors du concert de Mount Kimbie, le fond de la salle bien tranquille restera plus chargé que les premiers rangs. Quitte à prendre une babysitter pour la soirée autant se mettre une mine mais on ne va non plus risquer un coup de coude dans un pogo, il y a réunion avec l'annonceur demain matin à dix heures à l'agence.


George Riley a sûrement prévu de voir le match de foot car elle entame son set à vingt-heures précises, soit exactement l'horaire indiqué sur le billet. Sacrés anglais, il n'y a qu'eux pour débuter un concert à l'heure ! Conséquence logique, on rate le premier morceau. Comme il y a des priorités dans la vie, on se prend une petite bière, conséquence logique, on rate le deuxième morceau. Mais à partir de ce moment, on se trouvera notre habituelle petite place parfaite de la Cigale (derrière la barrière des coursives, juste à côté des escaliers donnant sur la fosse, emplacement offrant une visibilité parfaite à quelques mètres du groupe tout en laissant la possibilité de se ravitailler au bar ou de descendre dans l'arène si l'envie pogoter nous prend subitement) et on n'en bougera plus, médusés par les deux belles prestations de la soirée. On avait vu George Riley il y a six mois en première partie de Yaeji, et bien que seule sur scène avec son ordinateur et devant un public encore peu nombreux, elle nous avait déjà séduit. Ce soir elle se produit de nouveau en solo mais elle a enfin délégué la partie technique ce qui lui permet de ne se consacrer qu'au chant et d'être encore plus au contact du public.

Arborant une tenue de madone ultra-sexy et proposant une setlist plus accrocheuse que lors de sa précédente prestation, George ne met pas longtemps à capter l'attention de la salle. Sa voix de diva soul nous touche en plein cœur et les beats saccadés de ses morceaux électrisent nos jambes. Sa bombe SEX, composée avec Hudson Mohawke (autre artiste Warp auquel Charli XCX rend hommage sur son dernier single Club Classics, jubilatoire banger expérimental) fait monter d'un coup la température avant qu'elle ne donne le coup de grâce en reprenant Diamonds de Rihanna dans une version drum'n'bass de toute beauté. La progression de l'artiste en quelques mois est impressionnante, on avait vu en novembre une débutante prometteuse offrant une prestation contrastée tandis que ce soir nous avons assisté à un set bien plus rodé et emballant porté par une chanteuse qui sait désormais tenir la scène et la salle de bout en bout. A ce rythme, on imagine déjà ce que pourrait donner son show accompagné d'un DJ et de musiciens. On l'a déjà dit et on le répète, retenez bien son nom, car George Riley « is gonna be big » !


Après une courte pause d'à peine un quart d'heure, Mount Kimbie arrivent sur scène. Le duo d'origine, composé de Kai Campos et Dom Maker, s'est transformé en quatuor suite à l'intégration en tant que membres à part entière de leurs musiciens de scène, Marc Pell (batterie) et Andrea Balency-Béarn (chant et claviers) et même en quintet pour cette tournée avec un cinquième membre en la personne de la suédoise Tyra du groupe junodef à la basse. Première bonne nouvelle, contrairement à leur prestation quinze jours plus tôt au YOYO dans le cadre de l'émission d'ARTE Concert, Echoes with Jehnny Beth, le son est quasiment parfait. On vous l'accorde c'est toujours préférable mais pour certains groupes comme Mount Kimbie c'est absolument indispensable car Kai et Dom sont plus des orfèvres sonores que des entertainers ou des bêtes de scène. D'ailleurs ils n'hésitent pas à laisser la place centrale sur le devant de la scène et la charge de dire quelques mots au public à la française Andrea Balency-Béarn, particulièrement heureuse de jouer à domicile.

La setlist du concert est équitablement répartie entre Love What Survives (sept titres) et The Sunset Violent (six titres) et seulement deux morceaux, mais non des moindres, pour les deux premiers albums. Le groupe attaque en douceur avec Four Years And One Day, qui fait office de tour de chauffe tant pour les musiciens que pour le public. On craint tout à coup le concert en demi-teinte devant le peu d'entrain des deux côtés de la scène mais dès le deuxième morceau, You Look Certain (I'm Not So Sure), la mayonnaise prend, de larges sourires apparaissent sur les visages des musiciens et des cris de bonheurs émanent du public. Après une première partie de concert consacrée à Love What Survives, leur album phare, Mount Kimbie reviennent à leurs débuts post-dubstep avec Before I Move Off, issu de l'album Crooks & Lovers, qui fera exploser l'applaudimètre.


The Sunset Violent n'étant sorti que depuis un mois, les morceaux de l'album joués ce soir suscitent un peu moins l'adhésion du public que leurs anciens titres, ainsi les singles Dumb Guitar et Shipwreck, quoique bien exécutés échouent à s'imposer comme des moments forts du concert. Il faudra attendre Blue Train Lines, sans King Krule malgré les « Archy, Archy Archy » éructés par nos sympathiques voisins du soir Enzo et Anna, et Fishbrain pour que la fosse se mette enfin à sérieusement remuer. En attendant le rappel, on essaie de préparer psychologiquement nos deux nouveaux amis qui croient encore dur comme fer à la venue du Zoo Kid (le premier nom de scène de King Krule). Il restait bien une dernière chance grâce à Empty And Silent, mais là encore point d'Archy Marshall. Pour que toute leur discographie (hors MK 3.5: Die Cuts | City Planning) soit bien représentée, Mount Kimbie clôtureront en beauté leur concert avec Made To Stray de l'album Cold Spring Fault Les Youth.

A 22h20, nous sommes déjà dehors avec la satisfaction d'avoir assisté à une excellente prestation de Mount Kimbie, tout en sachant que lorsque King Krule se joint à eux il apporte la prestance et le jeu de scène qui leur fait défaut, mais aussi avec la légère frustration de se dire qu'après tant d'attente et avec un tel catalogue, ils auraient pu nous jouer quelques morceaux de plus. Mais ne faisons pas la fine bouche car le match Ninja Tune – Warp a bien tenu toutes ses promesses et affiché un niveau digne de la Champions League.
setlist
    George Riley
    Non disponible

    Mount Kimbie
    Four Years and One Day
    You Look Certain (I'm Not So Sure)
    Audition
    Marilyn
    Before I Move Off
    SP12 Beat
    A Figure In The Surf
    Dumb Guitar
    Shipwreck
    Yukka Tree
    Delta
    Blue Train Lines
    Fishbrain
    ---
    Empty And Silent
    Made To Stray
photos du concert
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