Dimanche après-midi orageux à Paris, Still Corners jouent à nouveau à guichets fermés, le Café de la Danse est plein comme un œuf, l'atmosphère lourde, et il fait chaud. Cette ambiance de tempête estivale va bien à la soirée.
Le belge
Portland et sa guitare font l'ouverture. Il a laissé son groupe à la maison mais a pris son harmonica tour de cou pour faire une reprise de Bob Dylan. Ce petit détour par les États-Unis contribue à nous mettre dans l'ambiance de Still Corners. Pour apprécier, il faut aimer les complaintes folk, et le chanteur fait son possible pour être agréable avec le public, déployant de gros efforts pour s'exprimer en français. On le verra s'éclipser avec son matériel quand les lumières s'éteignent à nouveau pour le set de
Still Corners.

Un batteur les accompagne, il monte d'abord sur scène avec Greg Hughes, tous les deux très élégants dans leurs costumes cravates. Ils entament le très planant
Strange Pleasures de l'album
éponyme tout juste réédité l'année dernière pour ses dix ans. Une vidéo attire l'attention alors qu'ils jouent l'intro, et ce n'est que plus tard que je remarque Tessa Murray se détacher de l'ombre pour s'avancer vers son clavier au devant de la scène.
Secret World, extrait de leur dernier album, est très chaleureusement accueilli par le public. Même si ce n'est pas le genre de concert où celui-ci pogote, on entend quand même quelques cris. Comme en version studio, les parties de synthés jouées, ici par un séquenceur, sont malheureusement beaucoup plus fortes que la guitare qui elle est jouée live. Dans un duo voix-guitare c'est très dommage qu'on entende si peu cet instrument. Les vidéos sont également un peu anecdotiques, je préférerais un show dépouillé de tous ses éléments artificiels, leurs chansons sont suffisamment captivantes et riches pour ça.
Petit à petit la guitare se fait davantage entendre : sur
Crystal Blue, les arpèges sont plus clairs et le set monte en puissance. Tessa nous dit à quel point le groupe est heureux d'être là. C'est leur seule date en France, ce que le groupe regrette après avoir passé tant de temps en Provence pour l'enregistrement de
Dream Talk. L'anglaise fait un petit point météo pour pratiquer son français un peu approximatif : “aujourd'hui il a fait soleil et un peu de pleuvoir”. Le bruit de la pluie ouvre justement
The Message, la guitare est bien là et ajoute un riff réussi par rapport à la version de l'album.

Malheureusement la guitare se noie à nouveau dans le mix de
Today Is The day. Le groupe joue très bien, même s'il est un peu pris dans un carcan entre les séquenceurs et les vidéos qui forcent la précision et empêchent les improvisations. Sur
The Dream, le groupe se libère, Greg joue une version longue de l'intro et fait dialoguer sa guitare avec la batterie pendant que Tessa distribue quelques roses dans le public. Ce morceau, qui est un de mes préférés du dernier album, est également un des points culminants du set.
Le concert se termine comme il a commencé par un extrait de
Strange Pleasures, ici
The Trip, accueilli avec enthousiasme par le public, même si nous sommes prévenus qu'il s'agit du dernier titre. Le morceau est brillamment exécuté, et nous fait planer, Tessa demande au public de lever les mains en l'air, d'imaginer que nous volons au-dessus de Paris, de voir les oiseaux dormir dans les arbres... et de finir sur « everything is alright, everything is alright, everything is alright... ». Si elle le pense, que je le pense, alors tout va vraiment bien ! Un peu comme une séance de méditation collective, le morceau fonctionne à merveille. C'est tellement réussi que j'aurais presque envie que le concert se termine sans rappel. Mais ce serait dommage...
Le public en redemande et chante le classique « wow wow ho ho ». Tessa adore, elle revient et demande à Greg de filmer le moment avant qu'il ne reprenne sa guitare pour
The Ship et que le groupe ne mette définitivement les voiles.