C’est l’histoire d’un concert pour lequel on s’est longtemps interrogé s’il allait avoir vraiment lieu ou pas. En effet, la fermeture administrative de l’Espace B est toujours en cours et nécessite de trouver des alternatives pour la tenue des concerts. L’issue, tardive, fut fort heureusement favorable à Still Corners. C’est donc le Point Ephémère qui a pris le relais et permis au groupe américano-britannique de donner son premier concert à Paris depuis cinq ans.
Sold out, la salle n'est pas encore pleine mais déjà bien remplie lorsque le quatuor
Des Roses démarre son concert. Entre dream pop et shoegaze, les français nous gratifient pendant une quarantaine de minutes d’une bonne prestation. Entre mélodies hypnotique, voix féminine éthérée conjugué au timbre sombre du chanteur guitariste, son parfois noisy voire planant, Des Roses sont probablement fans de Slowdive et The Jesus And Mary Chain. Le public en tout cas a semblé apprécier.
Une demi-heure plus tard, juste après
Metropolis de Kratfwerk (précédé par deux passages consécutifs de l’épouvantable
Sadness de Kristal Ghandi !), le trio
Still Corners arrive sur scène. Tessa Murray élégante avec sa longue jupe noire, Greg Hugues très classe dans un l’ensemble costume cravate, et pour cette tournée un batteur tout de noir vêtu, chapeau vissé sur la tête, entament leur concert avec
Blue Lagoon dans un éclairage rouge sang. Le son est très punchy, la batterie lourde, les guitares très en avant, on peine parfois à entendre les passages électroniques émanant du clavier de Tessa. Cependant cela ne gâche en rien le concert et celui-ci est de très bonne facture.
Fireflies est toujours aussi dreamy et les images diffusées derrière la scène pendant la prestation du groupe lui donnent un côté encore plus magique.
Lost Boys et sa mélodie mélancolique dansante ravit l’audience, surtout lorsque Greg nous gratifie d’un solo électrique intense et de toute beauté. Ce sera pourtant le seul retour vers
Dead Blue durant ce concert. La salle est pleine, il fait déjà très chaud. Tessa salue enfin le public en français et dédie la prochaine chanson,
Dreamlands, à deux personnes dans la salle. La version est superbe, la mélodie envoûtante.
Arrive ensuite la première des deux reprises de la soirée. Celle de Richard & Linda Thompson est langoureuse et sensuelle. La voix de l’anglaise est magnifiquement posée. Un autre solo électrique de feu délivré par Greg enflamme à nouveau le point éphémère. Force est de constaté que le son de Still Corners s’est sacrément étoffé au fil des années.
Don’t Fall In Love et
Cuckoo, chansons du début de leur discographie, sont toutes les deux revisitées et modernisées. Tessa vocalise sur cette dernière, main levée telle une grande prêtresse.
Le dernier album n’est pas en reste durant ce concert.
The Message et ses guitares comme sorties du
Wicked Game de Chris Isaak ajoutent une couche supplémentaire de rêve, subtilement mélancolique, mais ne sombrant jamais vers les ténèbres.
Endless Summer, autre classique extrait de
Creatures Of An Hour, leur premier album, enchante forcément l'audience. La setlist est très équilibrée et traverse l’ensemble de la discographie du groupe. Still Corners nous honorent en fin de concert du très beau
Horses At Night, single sorti uniquement en digital avant
The Trip, final du set principal, qui constituera probablement un des tous meilleurs moments de ce concert, avec une version merveilleusement hypnotisante au final noisy de toute beauté.
Un bref passage par les loges, puis Still Corners reviennent rapidement sur scène pour deux titres en rappel. L’étonnant
Wish, face b du 45 tours
Don’t Fall In Love, acoustique et délicat, avant l’audacieuse reprise de The Horrors :
Still life. Une fois encore très électrique, la chanson conclut de la plus belle des manières un concert vraiment très réussi, avant une seconde date en France le lendemain, à Amiens. Espérons que le groupe aura la bonne idée de revenir nous rendre visite très bientôt. Les cinq dernières années ont été vraiment très longues sans concerts de Still Corners.